Le niveau de violence a continué d’augmenter au cours du mois d’octobre 2020, selon le rapport de l’Observatoire social tunisien relevant du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), publié mercredi 11 novembre 2020.

Au cours de ce même mois, 87% des incidents violents avaient un aspect criminel, comme les actes de pillage, de vol, de braquage, d’agressions physiques contre des femmes et de meurtres odieux.

Selon les chercheurs en sociologie, cette recrudescence de la violence va au-delà de la cause et du mobile économique pour refléter une question plus profonde qui inclut le système sécuritaire car la criminalité selon de nombreuses lectures est également liée au climat, au contexte et aux politiques publiques par lesquels passe le pays.

L’état d’incertitude et le manque de clarté de l’avenir imposé par la situation épidémique et la propagation continue du nouveau coronavirus, le décrochage et l’échec scolaires, l’absence de contrôle familial, les déséquilibres du système éducatif et l’instabilité politique sont autant de causes et de cadres qui contribuent à la croissance et au développement de la criminalité, note le rapport.

Les experts mettent en garde contre les dangers d’exclure les classes marginalisées qui conduiraient à une augmentation du taux de violence et de criminalité, et ce en raison de la colère contre les politiques de discrimination à leur encontre.

La crise économique étouffante a accru l’état de mécontentement populaire, en particulier parmi les marginalisés et les chômeurs face à l’incapacité des gouvernements successifs à tenir leurs promesses, à créer de nouveaux emplois et à répartir équitablement le développement.

Le rapport montre que 87,3% des actes de violence ont été réalisés par des hommes contre 6,3% faites par des femmes.

Les espaces publics et les rues ont connu plus de la moitié des incidents de violence observés au cours du mois d’octobre 2020, suivis par les espaces domestiques, les établissements d’enseignement, les moyens de transport, les établissements hospitaliers de santé et les sièges administratifs.

Le gouvernorat de Sousse est à la pointe des régions qui ont connu des incidents violents au cours en octobre avec un taux de 25,8%, suivi du gouvernorat de Tunis (14,5%) du total général.

Par ailleurs, le niveau de violence a été relativement proche dans le reste des régions, comme Ben Arous, Kairouan, Médenine et Mahdia.

Les incidents de violence au cours du mois d’octobre 2020 ont été à hauteur de 45,2% collectifs et 54,8% ont pris la forme de violences individuelles.

Les femmes ont représenté 39% des victimes des violences signalées, et il en va de même pour 47,2% des hommes victimes.

Dans son ensemble, la violence est survenue sous sa forme physique et non morale.

Les organismes de la société civile et les chercheurs en sociologie et en psychologie sociale appellent à accorder plus d’importance à ces faits de violence par l’étude et le contrôle. Ils ont également mis en garde contre le danger de créer une nouvelle génération de criminalité et ont estimé que le moment était venu d’aborder la question dans le cadre d’approches scientifiques qui servent de point de départ pour décortiquer le problème et trouver des moyens de le contenir et réduire sa propagation.