Quinze (15) milliards de dinars de dettes contractées par l’Etat tunisien par an, ce qui lui impose un remboursement de 7,5 milliards de dinars en 2020. D’ici la fin de cette même année, la valeur totale de la dette sera d’environ 80 milliards de dinars, ce qui nous pousse à nous poser la question suivante : “Que léguons-nous à nos enfants et aux générations futures“.

Il est également déraisonnable que le service de la dette publique attendu pour l’année 2021 soit de l’ordre de 14 milliards de dinars, soit le double des dépenses de développement, ce qui signifie que l’État perd la capacité de jouer son rôle de développement.

La demande des biens de consommation a baissé de 21,5% et celle sur les denrées alimentaires a reculé de 7,5%, sans oublier le repli de l’épargne, ce qui signifie que le citoyen tunisien a atteint le point de revoir son comportement de consommation même dans les articles jugés nécessaires, tout en épuisant son épargne.

Ce sont là quelques indicateurs économiques cités par Hichem Mechichi, le chef du gouvernement désigné, mardi 1er septembre, lors de son discours pour avoir le vote de confiance à l’ARP.

Un bilan effrayant de la situation économique du pays et des indicateurs qui ne peuvent aucunement rassurer dans un pays où l’Etat est devenu absent ; où les actions et les décisions du président de la République n’ont rien de cohérent ou de sécurisant ; où la criminalité a atteint des seuils insupportables ; et où la crise sociale menace ce qui reste des institutions.

Niveau inquiétant du chômage… 

Hichem Mechichi a préféré éviter les fausses promesses ou du moins difficiles à tenir en s’inquiétant du repli des investissements qui s’élevaient avant 2010 à environ 24% mais qui ne dépassent pas les 13% aujourd’hui, ce qui ne permettrait pas création de l’emploi et donc développement.

Le futur CDG a attiré l’attention sur les niveaux jamais atteints du chômage des diplômés et non diplômés qui a dépassé les 15% et a mis l’accent sur le chômage des femmes qui, lui, a atteint les 22%.

Hichem Mechichi s’est dit décidé à relancer la production dans les secteurs stratégiques, notamment dans l’énergie et les mines, dans le cadre d’un plan intégré qui prend en compte la dimension stratégique et vitale de ces secteurs et la mise en œuvre d’une politique économique et sociale inclusive.

Il a déclaré considérer la réforme du système logistique et la digitalisation des services (transports et communications) comme une priorité nationale pour améliorer la coordination de la production et des exportations, faire pression sur le coût des services et améliorer la compétitivité de l’économie nationale pour faire de la Tunisie un site attractif pour les investisseurs nationaux et étrangers.

Rationalisation des dépenses de l’Etat

Il a également assuré prendre des mesures pour réduire les dépenses de l’Etat en les rationalisant, en lançant un programme global de restructuration du secteur public, en modernisant ses méthodes de travail et en tirant parti des avantages de la technologie dans ce domaine et ce sans oublier de prendre les mesures nécessaires et urgentes pour le soutien financier des entreprises publiques les plus touchées qui connaissent une baisse de leurs activités en raison de la pandémie du coronavirus.

Hichem Mechichi a insisté sur l’importance de la restauration de la confiance des investisseurs nationaux et internationaux, tout d’abord en honorant les engagements de l’Etat dans le remboursement intégral des dettes de ses fournisseurs d’ici la fin de 2021 pour sauver leurs équilibres financiers, et redonner son importance au secteur privé considérant que c’est un moteur important pour la création de richesses et d’emplois.

Le futur CDG a cité le cadre institutionnel et organisationnel, en s’engagent à procéder aux ajustements nécessaires, notamment en termes de facilité du processus d’investissement, et a assuré vouloir activer le partenariat entre les secteurs public et privé à travers le soutien de grands projets à coût élevé.

138 voix pour !

Pour la première fois depuis des années, on a assisté à des interventions calmes et sereines de la part des députés allant presque tous dans le sens de soutenir le gouvernement de Hichem Mechichi et de l’aider à dépasser le cap difficile par lequel passe le pays.

Les positions officielles des partis et des blocs parlementaires concernant le vote de confiance au gouvernement de Hichem Mechichi, on note celle d’Ennahdha et ses 54 députés, Qalb Tounes (26 députés), le bloc national Al Islah (16 députés), le Bloc national (11 députés), Tahya Tounes (9 députés), le bloc Al Mostakbal (9 députés) et 8 députés indépendants.

Au total, si la position officielle de ces partis se répercute sur le vote, alors Mechichi et son gouvernement pourraient obtenir quelque 138 voix pour.

Amel Belhadj Ali