« Paris renonce au dépôt auprès du Trésor français de la moitié des réserves de change de la Banque centrale de la zone et se retire de ses instances de gouvernance », lit-on à l’entame d’un article du quotidien français Le Monde.

Il s’agit, pour ceux qui l’ignorent, des 8 pays d’Afrique de l’Ouest qui ont en commun l’usage du franc CFA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.). Le journal explique que «la France a entériné officiellement, mercredi 20 mai 2020, la fin du franc CFA, qui devrait dorénavant s’appeler l’éco, mais sans renoncer pour autant à son engagement financier en Afrique, à un moment où le continent est frappé par la crise du coronavirus».

D’ailleurs, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française a essayé de rassurer les pays concernés (lors d’une audition, mercredi après-midi, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale) : «le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone. Les engagements sont tenus et nous sommes au rendez-vous», a-t-il affirmé lors d’une audition, mercredi après-midi, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Pour la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye (d’origine sénégalaise), qui s’exprimait après l’approbation par le conseil des ministres d’un projet de loi qui donne le feu vert à la transformation du franc CFA, «cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire».

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Toujours selon Le Monde, ledit projet de loi apporte la ratification en droit français de la transformation de cette monnaie, qui a toujours ou souvent été considérée par certains comme «colonialiste» et perçue par Emmanuel Macron «comme l’un des vestiges de la Françafrique».

Peu importe, dorénavant, la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), suite à cet accord, «ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français, obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du franc CFA».

Cela dit, Paris promet de «… continuer de jouer son rôle de garant pour cette monnaie qui maintiendra également une parité fixe avec l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA). Ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour ».

Cette nouvelle donne sera sans doute surveillée de près par nombre d’experts de l’économie, mais aussi les politiciens qui plaident pour une indépendance totale de l’Afrique vis-à-vis de la France.