Deux hauts responsables se sont récemment prononcés sur les perspectives de la haute saison touristique 2020. L’un est originaire d’un pays d’accueil du sud de la Méditerranée, alors que l’autre vient d’un pays émetteur du nord de la Méditerranée. Leurs points de vue sont diamétralement opposés. 

Il s’agit, respectivement, de Khaled Fakhfakh, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) et du ministre allemand du Développement, Gerd Müller. Autant le premier s’est montré “pessimiste” en prévoyant une saison catastrophique, autant le second a manifesté de l’optimisme en déclarant que des touristes allemands pourraient passer leurs vacances dans les pays d’Afrique du Nord, dont la Tunisie.

Deux discours et deux cultures 

A défaut d’imagination et sans se référer à des sources fiables dont les TO opérators occidentaux, Khaled Fakhfakh, qui était invité par la chaîne de télévision privée Ettessaa, a affirmé que «les quatre marchés classiques du tourisme tunisien, en l’occurrence, l’Europe de l’Ouest, la Russie et l’Algérie seront défaillants par l’effet du Covid-19».

Il a été plus loin dans son pessimisme en minimisant un éventuel apport du tourisme intérieur lequel, au cas il se manifesterait, ne représenterait que 10% du marché global (chiffre de 2019).

Pour le ministre allemand du Développement, Gerd Müller, «des vacances en Afrique du Nord (Tunisie, Maroc, Egypte…) peuvent être envisagées cette année, à la seule condition de s’assurer du respect de règles d’hygiène». Cette condition n’est pas du reste nouvelle. Elle a toujours été exigée par les TO et les touristes allemands. 

Avec cette déclaration optimiste, le ministre allemand apporte de l’eau au moulin des responsables des TO allemands qui ne veulent pas baisser les bras devant le coronavirus. Parmi ces responsables, figurent les prises de positions du président de l’Association de voyage DRV, Norbert Fiebig. Ce dernier a notamment critiqué des déclarations des politiciens selon lesquelles “les vacances d’été devraient être annulées ou que cela n’était possible qu’en Allemagne”.

Le pessimisme du président de la FTH n’est pas partagé par tout le monde 

Heureusement, contrairement au discours sinistrose du président de la FTH, le ministre du Tourisme, Mohamed Ali Toumi, tient un discours plus positif, et plus responsable. 

Intervenant récemment, sur la chaîne ElHiwar Ettounsi, Ali Toumi avait surtout indiqué qu’au sein de son département, des groupes de travail suivent de près l’évolution des marchés pour identifier la moindre niche qui pourrait relancer le secteur. 

Selon lui, le Covid-19 constitue une précieuse opportunité pour engager une sérieuse réflexion sur la pérennité et la soutenabilité économique du secteur. « Il n’est pas normal que ce secteur soit toujours menacé par la moindre crise. Il faut réfléchir sur les moyens de renforcer sa capacité de résilience », a-t-il-dit.

Il y a lieu de signaler que depuis la fermeture, le 18 mars 2020 de toutes les frontières, les recettes touristiques -après avoir connu un trend haussier depuis 2017- ont amorcé un trend baissier. Ainsi, selon les statistiques de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les recettes touristiques cumulées ont atteint, le 10 avril 2020, 963 millions de dinars (MDT) contre plus d’un milliard de dinars une année auparavant. 

Pour mémoire, l’année 2019 a été une année record avec l’entrée de plus de 9 millions de touristes et la réalisation de recettes de plus de 5,6 milliards de dinars.