Vivant la pire épisode de leur histoire, les compagnies aériennes prévoient de subir une perte de 60 milliards de dollars entre avril et juin 2020. Mais l’enjeu est de pouvoir survivre jusqu’à la prochaine période de rentrées de liquidité, soit la prochaine​ saison estivale 2021.

Avec la paralysie que subissent les compagnies aériennes, le transport aérien se met en réanimation pour une période allant jusqu’au mois de juin 2020 pour les plus optimistes, … à la fin de cette année pour ceux qui le sont moins. Une période difficile pour​ les transporteurs au cours de laquelle les trésoreries vont s’évaporer en raison de l’absence totale de recettes d’un côté, et du maintien, de l’autre, d’un certain nombre de dépenses, même si celles-ci sont fortement allégées par l’arrêt des vols et les mesures​ prises par les différents gouvernements.

Si les plus fragiles ne passent pas cette période sans un soutien de l’Etat, le défi pour la majorité des compagnies ne sera pas de tenir le temps du “sommeil”, mais de tenir encore un​ an.​ Même celles qui résisteront ne seront pas sorties d’affaire pour autant. La sortie de crise serait compliquée avec une reprise longue et difficile. Bien que l’amélioration de la situation sanitaire permette de reprendre l’activité cet été, la demande touristique sera probablement absente cet été.

Outre la crainte du virus qui pourrait persister, voyager après la période difficile du confinement serait freiné par la baisse du pouvoir d’achat, et d’une manière générale au sentiment d’insécurité économique dans un monde en récession, probable fermeture de l’espace Schengen

Il faudra également du temps pour voir les déplacements professionnels repartir. Les entreprises vont en effet réduire les dépenses.

Ainsi, après la saison estivale, les compagnies qui auront survécu à la mise en sommeil du transport aérien vont très vite se projeter dans la saison hiver. Synonyme de basse saison, de consommation de la liquidité, et le plus souvent de pertes financières, cette​ période est historiquement compliquée sur le plan financier.

Les compagnies aériennes devront donc attendre la reprise pour la saison estivale 2021 pour recommencer à encaisser des rentrées de liquidité significatives.

C’est dans cette optique que les compagnies aériennes doivent demander des soutiens publics, sous forme d’aides directes, de prêts directs, de garanties des Etats pour l’obtention de crédits, car aucune compagnie ne pourra tenir jusque-là sans liquidités nouvelles.

Les aides octroyées aux compagnies américaines, à Singapore Airlines ou à Emirates, ont pour objectif de non seulement traverser la crise mais aussi de préparer l’après-crise.

Celles qui ne pourront pas compter sur le soutien étatique risquent de disparaître ou, dans le meilleur des cas, être reprises par une autre compagnie. Et encore, pas dans l’immédiat car aujourd’hui, toutes les compagnies aériennes sont focalisées​ sur leurs problèmes… à moins qu’on compte sur soi-même.

Les solutions existent, certes elles ne sont pas faciles mais elles sont réalisables. A chaque compagnie, il existe une recette, la réussite de la recette dépend de nous rien que de nous.

Chiheb Ben Ahmed