L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit, à partir des mois d’avril et de mai, des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire à l’échelle mondiale à cause de la pandémie COVID-19.

Covid-19: impact sur l’alimentation et l’agriculture

“La gestion des crises sanitaires qui ont eu lieu dans le passé nous a aussi appris qu’elles peuvent avoir de graves répercussions sur la sécurité alimentaire, surtout parmi les communautés vulnérables”, prévient la FAO.

Répondant à une question relative à l’impact de la pandémie du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture onusienne, précise que, pour l’instant, les perturbations sont minimes car les approvisionnements en produits alimentaires ont été adéquats et les marchés sont restés stables.

“Le niveau des stocks mondiaux de céréales est encore bon et les prévisions sur les récoltes du blé et les principales cultures sont positives pour 2020”, indique-t-elle.

Bien qu’un fléchissement de la production alimentaire pour les denrées de grande valeur (par exemple les fruits et les légumes) ait probablement déjà eu lieu, il n’est pas encore perceptible car il est attribué aux mesures d’endiguement et aux perturbations de la filière.

Risque de crise alimentaire qui nécessite l’adoption par les décideurs politiques de mesures adéquates

La FAO a évoqué le risque d’une crise alimentaire imminente si des mesures ne sont pas prises rapidement pour protéger les plus vulnérables, préserver les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales et atténuer les effets de la pandémie sur l’ensemble du système alimentaire.

“La fermeture des frontières, les mesures de quarantaine et les perturbations des marchés, des chaînes d’approvisionnement et des échanges commerciaux, pourraient restreindre l’accès des populations à des ressources alimentaires suffisantes, diverses et nutritives, en particulier dans les pays durement touchés par le virus ou déjà touchés par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire”, souligne encore la FAO, précisant toutefois qu’au niveau mondial, il y a assez de nourriture pour tout le monde.

“Les décideurs politiques du monde entier doivent veiller à ne pas répéter les erreurs commises lors de la crise alimentaire de 2007-2008 et à ne pas transformer cette crise sanitaire en une crise alimentaire tout à fait évitable”, estime l’organisation onusienne.

Éventuel changement des habitudes de consommation

“Nous nous attendons à voir un changement dans les habitudes d’achat et de consommation des produits alimentaires vu la baisse de fréquentation des restaurants, l’augmentation des achats en ligne (comme en Chine) et l’augmentation des repas consommés à la maison, outre une éventuelle une chute majeure disproportionnée de la consommation de viande (à cause de la peur, sans fondement scientifique, que les animaux puissent être des vecteurs du virus) et d’autres produits à valeur plus élevée comme les fruits et les légumes”, affirme la FAO.

Baisse de la production à cause des restrictions des déplacements

Les mesures destinées à garantir des conditions sanitaires acceptables dans les usines des produits alimentaires pourraient, quant à elles, entraîner un ralentissement de la production, souligne l’organisation, rappelant que la filière alimentaire est un réseau complexe qui inclut les producteurs, les intrants agricoles, les transports, les usines de traitement, les livraisons, etc.

Les restrictions imposées au transport des marchandises et les mesures de confinement vont probablement empêcher les agriculteurs de se rendre sur les marchés et, par conséquent, affaiblir leur capacité de production et freiner la vente de leurs produits, outre la pénurie de travailleurs qui peut perturber la production et le traitement des denrées alimentaires, notamment pour les cultures qui nécessitent une main-d’œuvre importante.

Toutefois, la FAO a noté qu’aucune flambée des prix n’est attendue pour les aliments de base pour lesquels il existe une offre et des stocks et dont la production est à fort coefficient de capital, mais il est probable qu’elle touche les produits à valeur élevée, surtout la viande à consommer à court terme et les denrées périssables.