Ils ont osé convoquer une conférence internationale sur la crise libyenne mais sans la Tunisie. Comment les Allemands ont pu commettre un tel impair ?

Beaucoup de Tunisiens sont dans le “brouillard“ face à cette situation qu’ils croyaient impossible : une conférence de paix sur la Libye sans la participation de la Tunisie. Les Tunisiens sont d’autant plus choqués que les Allemands se sont beaucoup investis en Tunisie depuis 2011, parce qu’ils savent la valeur de la démocratie, en tout cas croyions-nous ici en Tunisie. Or, si la démocratie dans notre pays demeure “balbutiante“, “chancelante“, c’est juste parce la Libye n’est pas en paix.

En fait, prendre l’initiative d’organiser une rencontre internationale pour tenter de faire régner la paix en Libye, c’est en soi une bonne chose, d’autant plus que l’Allemagne peut être considérée comme pays “neutre“ au conflit. Cependant, vouloir la faire sans le pays qui pâtit le plus de cette situation, en l’occurrence la Tunisie, voilà qui est incompréhensible.

Que nos “amis“ allemands nous expliquent les tenants et les aboutissants de leur décision d’exclure la Tunisie de cette conférence ! Est-ce parce que le nouveau président tunisien a reçu le chef de la diplomatie allemande sans son homologue tunisien, ayant donc perçu en cela un parti pris de la part de Kaïs Saïed ? Parce que Kais Saied a reçu une partie des protagonistes du conflit libyen? La Tunisie n’a-t-elle plus rien à proposer concernant le dossier libyen ? Pourquoi l’ONU a-t-elle accepté un tel forfait ? Est-ce parce que la Tunisie ne pèse plus sur l’échiquier régional ? Bref, qu’est-ce qui explique l’exclusion de la Tunisie de la conférence de Berlin ?

Nous avons encore en mémoire la Conférence de Berlin de 1884 convoquée par un autre chancelier allemand, Otto von Bismarck, même si les enjeux (apparents) d’alors ne sont pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Et s’il s’agissait ni plus ni moins que de la partition de la Libye, vaste territoire de 1,760 km2 avec une population de seulement 6,375 millions d’habitants, très riche en ressources pétrolières et gazières notamment ? Cette hypothèse est envisagée par plusieurs spécialistes de la question libyenne.

Aujourd’hui, ils désenchantent ces médias et hommes politiques tunisiens qui affirmaient haut et fort que “l’Allemagne est en train de supplanter la France en Tunisie, économiquement et politiquement“. Il n’en est rien. Les Français n’auraient peut-être pas osé envisager une telle situation.

Maintenant que le mal est fait –car tout porte à croire que même si la Tunisie est repêchée, ce sera pour la forme-, que nous reste-t-il à faire ou envisager ? Franchement, pas grand-chose, sauf prier pour que le conflit ne s’envenime pas surtout l’annonce avec l’envoi des troupes militaires turques en Libye.

Pauvre Tunisie!

TB