Les concertations du chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, avec les représentants des partis sur la formation du prochain gouvernement se poursuivent, alors que le premier délai constitutionnel tire à sa fin (14 décembre 2019).

Les difficultés rencontrées pour former le prochain gouvernement, en concertation avec les partis politiques représentés au parlement, ne sont pas des moindres, d’après certains députés.

En effet, les différents points de vue exprimés concernant les chances du prochain gouvernement de recueillir le nombre de voix nécessaires (109 députés) laissent planer le doute sur l’issue du vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple.

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Malgré une série de rencontres avec Habib Jemli, le parti du “Courant Démocrate”, le mouvement “Echaab” et leur groupe parlementaire (bloc démocratique) n’ont toujours pas changé de position vis-à-vis des conditions de leur participation au prochain gouvernement.

A ce propos, le député de ce bloc, Zouhair Maghzaoui (Echaab), a fait savoir, mardi 3 décembre, que le groupe de “la Réforme nationale” a refusé de discuter des généralités sans évoquer le fond du sujet, soulignant dans ce sens l’importance de l’indépendance de la Banque centrale et du pouvoir judiciaire, ainsi que de la souveraineté de la décision nationale.

Il a précisé, à cet effet, que Jemli a décliné la demande du bloc démocratique relative à l’élaboration d’une “Déclaration politique” sur les grandes orientations du futur gouvernement, ce qui, selon lui, risque d’entraver la volonté du bloc à interagir positivement à cet effet et à voter pour le nouveau gouvernement. “Nous ignorons la couleur politique et les orientations du prochain gouvernement”, a affirmé Maghzaoui.

Il a fait observer que Habib Jemli lui a assuré, lors de leur rencontre, lundi, qu’il va soumettre la semaine prochaine son gouvernement au vote du parlement.

“Le vote du bloc démocratique en faveur du futur gouvernement est conditionné par la réponse qu’apportera Habib Jemli aux approches que nous lui avons présentées”, a dit Maghzaoui.

Pour sa part, le député du groupe “Tahya Tounes”, Mabrouk Korchid, estime que le chef du gouvernement désigné “s’est compliqué la tâche” et  “a perdu un temps précieux dans les concertations, surtout qu’il n’a pas défini un choix politique clair dès le début”.

Korchid lui reproche également de n’avoir traité le fond du sujet (ndlr : la formation du gouvernement) que tardivement, “au moment où des voix critiques se sont élevées de toute part”.

D’après Korchid, Jemli est dans un dilemme. “Il veut d’une part satisfaire le groupe avec lequel il désire travailler et d’autre part, approcher les parties avec lesquelles il ne compte pas travailler, pour s’assurer de leur vote”.

Korchid estime que le chef du gouvernement désigné n’a pas présenté “un programme clair” et n’a pas abordé non plus la question des portefeuilles ministériels avec Tahya Tounes.

“Il lui faut encore beaucoup de temps pour arriver à traiter de la question des portefeuilles ministériels. Dire qu’il va soumettre son gouvernement au vote du parlement la semaine prochaine est tout simplement irréaliste”, a-t-il déclaré.

Korchid a, en outre, souligné que la question du vote de confiance au futur gouvernement est encore à l’examen au sein de “Tahya Tounes”.

De son côté, le député de “Qalb Tounes” (Au cœur de la Tunisie), Hatem Mliki, a indiqué que son parti tient au choix d’un gouvernement de compétences nationales.

“Le vote de confiance en faveur du prochain gouvernement est tributaire de la réponse apportée à notre condition (gouvernement de compétences nationales)”, a fait savoir Mliki, écartant la possibilité de former le gouvernement dans le premier délai constitutionnel.

Le parlementaire du bloc de la Coalition “Al Karama”, Seifeddine Makhlouf, a déclaré à l’agence TAP que le chef du gouvernement désigné n’a pas présenté une ligne directrice claire de son gouvernement.

“La coalition ‘Al Karama’ n’est toujours pas concernée par une participation au futur gouvernement et si elle compte y prendre part, elle va changer la nature du débat à ce sujet et décidera du vote de confiance le moment venu”, a-t-il indiqué.

Contrairement aux positions de ces différents blocs parlementaires, le député du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri a estimé que le processus entamé par le chef du gouvernement désigné est “positif”. La possibilité de former le gouvernement avant l’expiration du premier délai constitutionnel reste probable, a-t-il dit.

Bhiri a fait savoir dans ce sens que Jemli n’a pas encore discuté de la question des portefeuilles ministériels avec Ennahdha qui, d’après lui, sera probablement abordée au cours de la semaine prochaine.

De son côté, le député du bloc de la “Réforme Nationale” Hsouna Nasfi a fait observer que le chef du gouvernement désigné est encore dans les délais constitutionnels impartis.

“La priorité est donnée aux programmes et non aux portefeuilles ministériels. Tout reste possible pour la formation du prochain gouvernement avant le 14 décembre”, a-t-il fait savoir.

Nasfi a ajouté que son bloc ne s’est pas encore décidé quant au vote de confiance en faveur ou contre le futur gouvernement.

Le parti Destourien Libre (PDL) qui a obtenu 17 sièges lors des dernières législatives avait exprimé à maintes reprises son refus d’accorder sa confiance au gouvernement de Jemli.

Pour sa part, le secrétaire général du parti de l’Union populaire républicaine (UPR), Lotfi Mraihi, avait indiqué à l’issue de son entrevue avec Jemli, qu’”aucune discussion sérieuse à propos du prochain gouvernement n’a été abordée” au cours de la rencontre.