Une question fondamentale : pourquoi Ennahdha a-t-il choisi Habib Jemli pour diriger son prochain gouvernement? Et s’il s’agissait d’un simple “faire-valoir” ?

Il n’est pas besoin d’être un expert ou un fin analyste politique pour savoir que Rached Ghannouchi et son parti ont jeté leur dévolu sur un inconnu –au figuré comme au propre-, en la personne de Habib Jemli. Cela dit au passage, on l’a présenté comme un “indépendant”, on va vite le vérifier en composant “son” gouvernement qu’il veut “très restreint”.

En clair, un candidat qui ne passera probablement pas le vote de confiance à l’Assemblée. C’est de toute évidence un “faux“ candidat qu’Ennahdha a présenté à l’opinion nationale.

Mais alors pourquoi avoir choisi un candidat dont il a fallu aux médias de fouiner dans leurs archives pour retrouver les traces de son existence? Pourquoi avoir choisi un profil sans expérience? Tout simplement, à notre avis, parce qu’Ennahdha est obligé de présenter un candidat comme le stipule la Constitution, tout en sachant qu’il n’obtiendra pas le vote de confiance des députés, sans une alliance-concessions avec Qalb Tounes.

Déjà, Courant démocrate, sans doute aujourd’hui le parti le plus en phase avec ce qui se passe dans le pays, par la voix de son secrétaire général, Ghazi Chaouachi, assure qu’il “ne participera pas à un gouvernement jetable”. Ça s’annonce compliqué pour Ennahdha.

Mais encore ? Et parce que, compte tenu de son “trend baissier“ en termes d’électorat depuis les élections de la Constituante, tout porte à croire que le parti ne voudrait pas endosser la responsabilité de gouverner un pays en pleine déconfiture économique et sociale.

Toutefois, le parti de Ghannouchi peut compter sur un allié de circonstance “trop intéressé“: Qalb Tounes, lequel a des desseins non politiques et non économiques. En effet, comme ce fut pour la présidence du Parlement, ce candidat d’Ennahdha –qui n’en est vraiment pas un- risque donc de ne pas obtenir le vote de confiance des députés pour son gouvernement.

Maintenant, jusqu’où cette alliance contre-nature pourrait aller, interrogeons-nous?

Concernant Rached Ghannouchi, on se demande bien si sa stratégie n’est pas vouée à un fiasco avant l’heure pour son avenir politique. Car, on l’a senti en déphasage avec les lignes de son parti, Ennahdha : présentation d’un candidat à l’élection présidentielle contre l’avis de certains (disent certains bruits) ; se présenter lui-même aux législatives de 2019 ; puis alliance avec un parti qu’il qualifiait il y a quelques semaines de «corrompu»… Tout ceci pourrait être fatal au président du parti islamiste tunisien.

D’ailleurs les prémices sont déjà là : la création des partis comme Al-Karama et consorts… Et ça c’est inquiétant pour l’ensemble du peuple tunisien !

Maarouf!