Encore une fois, le Tanit d’or est revenu à la Tunisie en cette édition 2019 des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), décerné au long-métrage de fiction “Noura Rêve” de la réalisatrice Hinde Boujemaa.

“Pour la maîtrise de sa mise en scène et de son scénario, le grand jury international a décerné le Tanit d’or pour le film “Noura Rêve”, a annoncé le membre du jury, l’acteur algérien Hassan Kachach.

La particularité de cette nouvelle distinction est qu’elle vient couronner l’œuvre d’une réalisatrice et une fiction largement portée par la remarquable Hind Sabry. L’actrice installée en Egypte a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans “Noura Rêve“.

La Tunisie est ainsi primée aux JCC pour la seconde année consécutive par le grand prix du festival, décerné à la meilleure oeuvre dans la catégorie longs-métrage de fiction. Le Tanit d’or des JCC 2018 avait été décerné à “Fatwa” film de Mahmoud Ben Mahmoud dont la distinction a été contestée par certains professionnels du 7e Art en Tunisie.

Le Palmarès de la compétition officielle de cette 30ème édition des JCC, session Nejib Ayed, a été annoncé samedi soir, au cours d’une cérémonie tenue au théâtre de l’opéra à la cité de la culture à Tunis. Un prix spécial du festival a été symboliquement attribué pour l’équipe des JCC 2019, remis aux mains de la benjamine du staff Cyrine Jeridi.

Le Tanit d’or a été remis à la réalisatrice, par les mains du ministre des Affaires Culturelles, Mohamed Zine Elabidine.

Le ministre a parlé d’une production cinématographique en évolution qui s’est distinguée dans les diverses manifestations internationales. A la lumière de cette évolution, il a annoncé que le budget alloué au cinéma “sera doublé en 2020, passant de 4 millions à 8 millions de dinars. ”

Après la cérémonie, l’équipe du film primé a tenu un point de presse à la Cinémathèque tunisienne. La réalisatrice a exprimé sa fierté d’avoir remporté un prix assez important grâce notamment au soutien de toutes les femmes qu’elle connaissait. Elle a dans ce sens remercié notamment Dora Bouchoucha mais aussi Nejib Belkhadhi et le comédien “Lotfi Abdelli pour sa générosité et son grand sérieux sur le tournage”.

Boujemaa a parlé d’un film réalisé après près de deux ans de tournage, “une période qui m’a permis de vivre une expérience humaine faite de contact avec les gens”, dit-elle.

Côté scénario, la réalisatrice a défendu le recours à un certain vocabulaire grossier dans son film, du fait de “son usage commun et assez fréquent dans la société et la famille tunisienne”. Elle fait le lien entre cet usage et l’identité tunisienne d’un film, disant que “ne pas exploiter ce genre de vocabulaire impliquerait un cinéma qui n’est pas tunisien”.

Pour Hend Sabry, le prix de la meilleure interprétation féminine est assez important du fait qu’il lui est attribué d’un festival qui l’a révélé au cinéma, “25 ans auparavant dans le film ‘Le Silence des Palais’”. L’actrice demeure nostalgique à ses débuts dans “ce festival unique”. Depuis, elle estime avoir été souvent présente aux JCC, “La Saison des Hommes ” (99), “Poupées d’Argile ” (2003) et “Fleur d’Alep” (2015).

La sortie nationale de “Noura Rêve” est prévue le 27 novembre courant dans diverses salles de la république, dont 10 dans la Capitale, pour près de 200 projections programmées. Peu avant cette date, la sortie française est prévue pour le 13 novembre et le 22 janvier 2020 en Belgique, en attendant de fixer une date pour la sortie Espagnole.

Dans la compétition officielle, la Tunisie remporte un total de trois Tanits d’or décernés à deux fictions et un documentaire, “Noura Rêve” de Hinde Boujemaa, “True Story” d’Amine Lakhnech et “All Come from Dust” de Younes Ben Slimen. Un Tanit d’argent et un Tanit de bronze sont respectivement attribués à la fiction “Charter” de Sabry Bouzid et au documentaire “L’Absence” de Fatma Riahi.

Une distinction qui n’est pas sans surprise pour “Un fils” de Mehdi M.Barsaoui qui a eu une Mention spéciale du jury. Le public a été assez nombreux présent, cette semaine, à la première arabe et africaine du film en plus de l’avis favorable de la critique depuis sa première mondiale à la Mostra de Venise le qualifiait plutôt pour l’un des Tanits de la compétition.