Le déficit des Caisses nationales de sécurité sociale devrait s’élever à 2 milliards de dinars cette année, selon les estimations de Hassine Dimassi, ancien ministre des Finances et expert, qui s’exprimait lors de la 3ème journée de l’Agent d’Assurance tenue, mardi 29 octobre au siège de l’UTICA.

” Ce chiffre (2 milliards) qui représente l’équivalent du chiffre d’affaires (CA) des compagnies privées d’assurance, est énorme”, selon Dimassi. La situation plus que dramatique des Caisses sociales a entraîné aujourd’hui une régression de l’épargne nationale, souligne-t-il.

Jusqu’à la fin des années 1990, près de la moitié des investissements mobilisés (barrages, routes, écoles…) se faisait sur la base de l’épargne de ses compagnies publiques, en l’occurrence la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS).

“Nous assistions actuellement à une chute étonnante et préoccupante du taux d’épargne nationale. En termes de chiffres, nous sommes passés de 22% en 2010 à seulement 8,9% actuellement”, s’inquiète l’expert tunisien.

Avant la Révolution, la Tunisie épargnait 1/5 de sa richesse nationale, souligne Dimassi qui qualifie ce taux de “très satisfaisant”. Aujourd’hui, nous ne sommes même pas capables d’épargner le 1/10 de la richesse nationale, regrette-t-il.

“Nous n’avons donc plus suffisamment d’épargne nationale aujourd’hui pour financer nos projets, d’où le recours à l’endettement “, ajoute Dimassi.

D’après lui, cette question doit être la priorité absolue du prochain gouvernement, appelant les compagnies privées d’assurance à mobiliser l’épargne pour endiguer l’endettement et sauver l’économie nationale.

La situation des compagnies d’assurance privées, a-t-il dit, reste en deçà des attentes en comparaison avec les structures semblables à l’international, rappelant à ce titre que le CA des compagnies d’assurance nationales représente 0,12% de celui généré par les sociétés privées de sécurité françaises.

Et d’ajouter qu’à l’échelle mondiale, le CA du secteur est de l’ordre de 5,5 milliards de dollars, tandis que celui réalisé par les compagnies tunisiennes privées est de l’ordre de 0,7 milliard de dollars.

L’expert a, à cet égard, appelé ces établissements à mettre l’accent sur d’autres produits d’assurance dont la présence est extrêmement faible dans notre pays, comme l’assurance vie.

Pour Ezzedine Saïdane, économiste et financier, le secteur de l’assurance qui joue un rôle important dans l’économie tunisienne, reste très limité, notamment, la part
des primes d’assurance dans le PIB et l’épargne nationale.

“L’épargne reste la base essentielle du financement des investissements de base et de la création de la croissance économique”, a-t-il affirmé, ajoutant que la durée moyenne de l’épargne a énormément baissé depuis la Révolution.

“Nous avons actuellement de l’épargne à court terme qui ne peut aucunement être utilisée dans l’investissement qui nécessite généralement des placements à moyen et à long termes”, a-t-il expliqué.

Evoquant l’assurance-vie (épargne sur le long terme), il a indiqué que ce produit constitue “une ressource extrêmement importante pour la sécurisation du processus de développement économique”.

Par ailleurs, l’expert plaide pour un ancrage de la culture d’assurance et d’aller au-delà des assurances obligatoires.