Le parti qui affiche une tendance socio-libérale, “9alb Tounes” (Au cœur de la Tunisie), est en lice pour les élections législatives prévues le 6 octobre prochain, dans les 33 circonscriptions.

Il est présidé par le patron du groupe de médias et publicité Karoui & Karoui et actionnaire dans la chaîne de télévision Nessma, Nabil Karoui, qui s’est qualifié pour le second tour du scrutin, dimanche 15 septembre, au soir du premier tour de l’élection présidentielle.

Karoui avait été placé en détention le 23 août dernier sur ordre de la justice, qui le soupçonne de fraude fiscale et de blanchiment d’argent.

Depuis 2016, l’ONG anticorruption “I-Watch”, antenne locale de Transparency International, accuse Karoui d’avoir créé des sociétés dans des paradis fiscaux dans le but d’alléger le montant de leurs impôts.

Dans cette interview, le chargé du programme économique de “9alb Tounes”, Sadok Jabnoun répond aux questions de l’agence TAP et évoque les solutions que le parti propose pour pallier certaines difficultés d’ordre économique et de développement.

Quel modèle économique que votre parti propose pour réduire les disparités régionales ?

Sadok Jabnoun : Dans son programme, le parti “9alb Tounes” présente un nouveau concept de la “décentralisation régionale”. Il propose à cet effet la création d’une banque postale pour financer les projets à caractère prioritaire dont ceux relatifs au développement régional.

Notre parti prévoit aussi d’accélérer les projets d’infrastructure pour désenclaver les régions intérieures à travers la mise en place de mécanismes de “budget social”.

Ce mécanisme permet d’intervenir en urgence dans les régions aux besoins de développement urgents. Le budget social est ainsi consacré aux interventions sociales de l’Etat dans les domaines de la santé, l’éducation, le logement social, l’alimentation et l’adduction en eau.

Il sera (le budget) mobilisé à travers la restructuration du régime de subventions et à travers les financements étrangers.

Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?

Nous plaidons en faveur d’un traité national de lutte contre la pauvreté qui inclut la santé, le logement social et un programme visant la réinsertion des décrocheurs scolaires à travers le renforcement du système de formation.

Les ressources que nous allons mobiliser pour lutter contre la pauvreté proviendront du budget social. Cela permettra de réduire le taux de pauvreté et le nombre des pauvres en Tunisie, estimé actuellement à 1,7 millions de personnes.

Quelles propositions avez-vous pour résoudre le problème d’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle ?

L’endettement est devenu un vrai risque pour la pérennité de l’économie tunisienne. Dans ce contexte, nous proposons une restructuration de la dette publique à travers la création d’une agence spécialisée d’audit de l’endettement public et la promotion de l’investissement et le partenariat public-privé.

La réduction de l’endettement se fait à travers l’investissement, seule alternative pour changer la situation, réaliser la croissance et partant promouvoir les recettes fiscales de l’Etat.

En ce qui concerne le commerce parallèle, le parti croit qu’il faut appliquer la loi contre les contrebandiers et les impliqués dans le commerce des produits interdits, mais il est aussi convaincu qu’il faut restructurer la fiscalité. Ceci pourrait se faire à travers la réduction des impôts et l”élargissement de la base imposable et le recouvrement des créances irrécouvrables, ce qui permettra de regagner la confiance des investisseurs.

Il est impératif d’absorber le commerce parallèle à travers des facilités au niveau des régimes de change et d’impôt. Il s’agit entre autres d’instaurer un nouveau code des changes dans lequel il faut inscrire le droit d’épargne en devises.

Que proposez-vous pour réduire l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen?

Notre parti compte mettre en place une stratégie intégrée de lutte contre l’inflation et la cherté de la vie, notamment, à travers le contrôle des circuits de distribution et la création de marchés de gros et des points de vente du producteur au consommateur et ce, dans le cadre de l’économie solidaire.

Quelles sont vos propositions pour résoudre le problème de l’approvisionnement en eau et relever les défis environnementaux croissants ?

La crise de l’eau est au cœur de notre programme socio-économique. Nous estimons que l’intégration des nouvelles technologies de pointe dans la mobilisation des ressources en eau et la modernisation du réseau de distribution vétuste causant des pertes d’eau d’environ 30% sont nécessaires afin de résoudre cette problématique.

Il est question aussi de construire des barrages pour mobiliser plus de ressources, de dessaler l’eau de mer et les eaux saumâtres, de valoriser les eaux usées et de miser sur les nouvelles techniques d’irrigation afin de rationaliser la consommation en eau.

Sur un autre volet, 9alb Tounes prévoit la mise en place d’un plan intégré visant à lutter contre la pollution marine et à promouvoir le recyclage des déchets.

Nous œuvrons à appliquer les conventions et accords internationaux en matière d’environnement signés par la Tunisie dont ceux conclus lors de la COP 21.