Nous nous permettons de publier ce témoignage très poignant de l’ancien président français François Hollande suite à l’annonce du décès de Jacques Chirac, ce jeudi 26 septembre 2019. Même s’ils n’étaient pas de même bord politique, l’un est de droit, l’autre de gauche, ce message montre que les deux hommes s’appréciaient.

« Jacques Chirac vient de s’éteindre. Il a lutté jusqu’à ses dernières forces contre une maladie qui l’avait durement et longuement éprouvé mais qu’il avait affronté avec courage et dignité.

Jacques Chirac avait su établir un lien personnel avec les Français. Il aimait les gens qui lui rendaient en affection ce qu’il leur avait offert en sympathie.

Combattant

Jacques Chirac était un combattant. Il pouvait être tranchant. Il donnait des coups car lui-même n’avait pas été ménagé. Mais dès qu’il s’agissait de répondre à une détresse ou à une souffrance, il montrait une générosité qu’il n’avait pas besoin d’exhiber. Cette sollicitude, j’en avais été le témoin dans la relation que j’avais pu établir avec lui ces dernières années sur nos terres corréziennes.

Amour pour la France

Jacques Chirac croyait en la France. Gaulliste, il était attaché à l’indépendance nationale ; proche de George Pompidou, il avait compris le rôle de l’industrie dans l’économie. Elu rural, il défendait notre agriculture avec acharnement. Maire de Paris pendant 18 ans, il avait travaillé au rayonnement de notre capitale.

Ecolo avant l’heure 

Pendant 12 ans, il a présidé la France avec la volonté de la faire respecter partout dans le monde. Il avait, avant beaucoup d’autres, compris l’enjeu du réchauffement climatique, du développement de l’Afrique et de la Paix au Moyen-Orient. Pour cette raison, il avait refusé en 2003 d’engager notre pays dans la guerre en Irak dont nous mesurons les conséquences tragiques aujourd’hui.

Humaniste

Jacques Chirac était un humaniste. Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, il avait soutenu Simone Veil dans son combat pour la liberté de choix des femmes. Plus tard comme député, il avait voté l’abolition de la peine de mort voulue par François Mitterrand. Puis, comme Président, il avait cherché à conforter encore davantage la laïcité dans notre République.

Homme de culture

Jacques Chirac était un homme de culture. Il avait l’intelligence de ne pas en faire état, mais il avait à cœur de connaître les civilisations oubliées pour en saisir la sagesse. Le Musée des Arts Premiers qui porte son nom en est la plus belle illustration.

Européen

Jacques Chirac était un Européen. Sa conviction s’était établie au cours du temps. Au moment décisif, oubliant les impératifs tactiques, il avait fait le choix de l’Euro.

Républicain

Jacques Chirac était un républicain, il avait toujours dénoncé la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme. Il avait établi des digues. Non pour séparer mais pour nommer l’inacceptable. Il avait su prononcer des paroles fortes pour reconnaître les pages les plus sombres de notre Histoire parce qu’il était convaincu que c’était la meilleure façon de revendiquer les plus glorieuses.

Il connaissait charnellement notre pays. Il avait foulé tous les terroirs et en avait goûté tous les produits. Il célébrait tous les métiers qui font le savoir-faire français.

Il avait mis son énergie au service des grandes causes : la sécurité routière, la lutte contre le cancer et la prise en charge du handicap.

Au moment de quitter ses fonctions, il avait adressé un dernier message aux Français : «restez unis et solidaires». C’est le legs qu’il nous laisse, après toute une vie entièrement consacrée au service de notre pays.

J’adresse à Bernadette Chirac, à sa fille Claude et à toute sa famille le témoignage de mon respect et de ma sympathie. Je sais qu’aujourd’hui les Français, quelles que soient leurs convictions, viennent de perdre un ami.