La mission des locataires des palais de Carthage et de La Kasbah n’a pas été facile, au vu de la dégradation de la situation économique du pays et du large écart constaté entre les objectifs fixés et ce qui a été réellement réalisé, durant les cinq dernières années.

A la veille du démarrage de la campagne électorale présidentielle, laquelle sera suivie de celle des législatives, les candidats à la présidence énoncent des promesses, qualifiées par certains experts de “creuses et d’irréalisables, surtout sur le court terme”.

Zoom sur la situation économique du pays

Le taux de croissance a atteint au cours du premier semestre 2019, 1,1%, alors que les prévisions de la loi de finances 2019, tablent sur la réalisation d’une croissance annuelle de 3,1%. Toutefois, économistes et institutions mondiales estiment impossible la réalisation d’un tel taux, d’ici la fin de l’année, surtout avec la régression de la valeur ajoutée des industries manufacturières (-0,8%) et non manufacturières (-2,6%), durant le 2ème trimestre de l’année en cours.

D’ailleurs, les estimations des experts ne surprennent pas les tunisiens qui ressentent une détérioration de la situation économique après la révolution du 17 décembre 2010-14 janvier 2011.

Nombre d’experts ont été unanimes à souligner, fin Août, lors d’une conférence-débat, organisée par l’ATUGE sur le thème “Les politiques monétaires et budgétaires et la stabilité financière de la Tunisie”, que “la situation économique demeure très difficile, compliquée même”.

L’ex-ministre de Finances, Hakim Ben Hammouda, avait indiqué à cette occasion que “la stabilisation de certains indicateurs économiques reste encore, fragile malgré la bonne tenue du dinar et la relative maîtrise de l’inflation”, évoquant notamment, les niveaux de la dette publique et des dépenses publiques, la situation des entreprises publiques et des caisses sociales, outre le faible taux de croissance enregistré au cours des deux dernières années et le recul des indicateurs industriels et de l’investissement.

Face à cette situation, Ben Hammouda a souligné qu’il est nécessaire d’assurer une grande cohérence et une coordination entre les politiques monétaires et budgétaires pour rééquilibrer le budget. Selon lui, la relance de l’investissement et la mise en place de réformes sectorielles et structurelles visant une refonte du modèle de croissance nationale, constituent des priorités.

Même l’amélioration du taux de change du dinar depuis le 1er février 2019 résulte de la stabilisation des réserves en devises, grâce aux emprunts extérieurs obtenus par la Tunisie (3,5 milliards de dinars au cours du premier semestre 2019), a fait savoir à l’agence TAP, l’expert comptable, Walid Ben Salah.

Selon les données de la Banque Centrale, le 29 août 2019, l’euro s’est échangé à 3,171 dinars et le dollar, à 2,864 dinars.

Les économistes sont unanimes à déclarer que les indicateurs de l’endettement en Tunisie sont inquiétants, d’autant plus que le taux d’endettement public demeure élevé, même s’il a marqué une baisse. Ce dernier s’est établi à 70,9%, au mois de juillet 2019, contre 76,7% en 2018.

En outre, les politiques économiques adoptées depuis la révolution n’ont pas réussi à solutionner les problèmes du chômage et de la pauvreté, deux revendications de la révolution tunisienne.

Le taux de chômage demeure élevé, malgré une légère régression, puisqu’il atteint encore 15,3% (2ème trimestre 2019), alors qu’il était à 15,4% en 2018, 15,3% en 2017 et 15,6% en 2016.

A cet égard, le Fonds monétaire international (FMI) a prévu une hausse du taux de chômage en Tunisie à 15,5%.

Par ailleurs, le taux de pauvreté dépasse les 15,2% depuis l’année 2015.

Ainsi, dans une conjoncture marquée par la poursuite de la dégradation de l’économie tunisienne, une question cruciale doit être posée: les rendez-vous électoraux (présidentielle et législatives) vont-ils permettre de faire émerger une classe politique capable de jouer son rôle dans le rétablissement de l’économie, en améliorant la situation financière et sociale de la Tunisie post-révolution?