Dans son rapport annuel relatif à l’année 2018, Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a insisté sur la gravité des déséquilibres macroéconomiques.

Certes, la croissance évolue : 2,5% contre 1,9% en 2017 et 1% en 2016. Mais elle reste timide. La progression de l’activité économique a été, en effet, bridée par une évolution mitigée des différents secteurs productifs de l’économie.

Cette croissance qui demeure molle ne permet toujours pas de répondre aux aspirations des tunisiens en termes d’emploi. Elle ne permet pas aussi de rétablir les déséquilibres macroéconomiques préoccupants. Il s’agit ici des conditions nécessaires pour renouer avec une croissance saine, durable et plus inclusive.

Malgré sa faiblesse, l’activité économique de 2018 a été, néanmoins, de meilleure qualité. Elle a été tirée par l’avancée de certains secteurs productifs : le secteur agricole a affiché une performance exceptionnelle grâce à l’oléiculture tandis que le secteur touristique a confirmé sa convalescence.

En revanche, d’autres secteurs n’ont pas bien évolué. Il s’agit, surtout, du secteur industriel qui s’est fortement ressenti de l’atonie des activités extractives influençant, non seulement la dynamique de croissance, mais aussi la position extérieure et l’équilibre budgétaire.

Du côté de la demande, l’analyse des composantes du produit intérieur brut (PIB) montre une évolution lente de toutes les rubriques.

A titre d’exemple, l’investissement, véritable moteur de croissance et de création de richesse, demeure à un niveau limité avec un taux de 18,5% du PIB en 2018 pour un taux d’épargne de 9%.

Ces deux indicateurs sont à comparer à ceux réalisés en 2010, soit 24,6% et 21,4%, respectivement. Par rapport aux niveaux réalisés en région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), ces taux montrent que la Tunisie accuse un retard aussi bien en termes d’épargne qu’en termes d’investissement. En effet, en 2018, la région MENA a réalisé un taux d’investissement et un taux d’épargne de l’ordre de 30%.

D’un autre côté, les déséquilibres macroéconomiques sont de plus en plus inquiétants surtout en ce qui concerne les paiements extérieurs. Le déficit courant a enregistré un nouveau record de 11,1% du PIB à la fin de l’année 2018.

L’évolution favorable des recettes touristiques et des revenus de travail n’a pas pu atténuer la portée du creusement du déficit commercial. Ce dernier continue à se maintenir à des niveaux préoccupants.

En l’absence d’un investissement fort et d’une compétitivité élevée, la dégradation continue du secteur extérieur devient structurelle et revêt donc un caractère durable.

(source: BCT rapport annuel 2018).