Fitch Ratings vient de confirmer la note défaut émetteur en devise étrangère à long terme de la Tunisie à B+ avec perspective négative.

Fitch Ratings explique cette notation par l’importance de la dette publique extérieure, l’environnement politique difficile et une croissance économique timide, en dépit d’indicateurs de gouvernance solides, de structure économique diversifiée et un soutien continu des créanciers publics.

La perspective négative reflète les pressions actuelles sur les liquidités extérieures, la faiblesse des marges de manœuvre extérieures et budgétaires et l’incertitude quant à la poursuite des réformes, en particulier dans le contexte des prochaines élections générales.

Fitch dans sa note souligne que “les besoins élevés de financement extérieur de la Tunisie présentent des risques de liquidité considérables et pourraient conduire à un ajustement brutal dû à une dépréciation désordonnée et à une contraction de la demande. Fitch estime que les besoins de financement externe moyens atteindront 17% du PIB par an en 2019-2021, ce qui reflète un important déficit du compte courant (CAD) représentant en moyenne 10% du PIB et des échéances croissantes de la dette publique extérieure. Les entrées nettes d’IDE atteindront en moyenne 2,5% du PIB, ce qui signifie que l’essentiel des besoins de financement extérieur devra être couvert par des emprunts. Les besoins de financement extérieur souverain seront probablement satisfaits tant que le gouvernement conservera la confiance des créanciers en continuant à progresser dans les réformes”.

La dette extérieure nette passera de 70,5% du PIB en 2018 à 91,4% en 2021, soit un niveau nettement supérieur à la médiane actuelle de «B» de 28%.

Au sujet de l’évolution du cours du Dinar tunisien, Fitch s’attend à une nouvelle dépréciation importante de la monnaie au cours des deux prochaines années. La transition vers un régime de change plus flexible à partir d’août 2018, avec une baisse du dinar de 17% par rapport au dollar américain en 2018, a contribué à réduire la surévaluation de la monnaie. Cela a porté la dépréciation cumulative du taux de change effectif réel à 14% en deux ans, après que celui-ci soit resté globalement stable au cours des cinq années précédentes, malgré les chocs importants subis par l’économie tunisienne. Toutefois, un important différentiel d’inflation avec les principaux partenaires commerciaux pourrait encore amplifier la surévaluation du dinar.

Sur le plan politique, Fitch estime que la fragmentation croissante du paysage politique fait peser des risques de paralysie politique après les élections législatives d’octobre. Le système électoral proportionnel de la Tunisie signifie qu’aucun parti n’est susceptible d’obtenir une majorité absolue à la législature. Le parti islamiste Ennahda, qui a formé la coalition au pouvoir avec le parti libéral Nidaa Tounes, devrait à nouveau devenir une force majeure au parlement.