Le 2ème rendez-vous national du concours des produits du terroir entame le cycle des épreuves de sélection. Les lauréats seront médaillés le 28 juin. Quel régal pour les “becs fins“ ?

Les organisateurs du concours national des produits du terroir ont tenu une conférence de presse, vendredi 14 courant. Il faut rappeler que nous sommes à la veille de la série d’épreuves décisives, notamment celle de dégustation. Cette dernière se tiendra les 18, 19 et 20 juin. Ensuite les délibérations désigneront les lauréats qui seront médaillés lors d’une cérémonie, qui sera rehaussée par le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, le 28 juin.

Enfin, les 29 et 30 juin se tiendra le marché des produits du terroir, à la Cité des sciences et sera ouvert au public.

Les organisateurs se félicitent du succès du concept lequel tient sa deuxième édition dans une fièvre professionnelle. La démarche suivie par les organisateurs est réfléchie et méthodique.

L’implémentation du concept suisse

C’est la Suisse, au demeurant grand pays agricole, qui a initié le concept du Salon des produits du terroir. Le Maroc lui a emboîté le pas. Ce pays en est à sa quatrième édition. La Tunisie a fini par suivre. Et ça marche. Il faut reconnaître que l’attelage des partenaires qui compose le comité d’organisation a été ciblé selon le critère de compatibilité.

L’ONUDI encadre l’opération au plan technique. L’ambassade de Suisse, à travers le programme PAMPAT (Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir), apporte le financement. Outre qu’elle encadre l’opération sur terrain.

En deux ans de travail, un catalogue des produits du terroir a été mis au point. Y figurent l’huile d’olive et la harissa, sans surprise, mais il comprend la bssissa, la salade méchouia, ainsi que les fromages !

La compétition a été ouverte à toutes les catégories d’exploitants agricoles. Du simple exploitant personne physique jusqu’à la coopérative ou la société de développement agricole, en faisant une place toute grande à la femme rurale. A juste titre, on peut y voir un plan d’émancipation du secteur.

Ajouter à cela que le jury, de par sa composition, assure une certaine rigueur. On y trouve des membres venus du tourisme, de l’agriculture, de l’agro-industrie, sans oublier la gastronomie ainsi que de la culture.

La culture du branding

Le coup d’éclat est venu de ce que les médaillés du premier concours, au nombre de 76, ont enregistré une augmentation de 50% de leur chiffre d’affaires, selon une enquête APIA (Agence de promotion des investissements agricoles).

Au commencement, on s’est préoccupé de l’amont productif. Il fallait découvrir le produit et le producteur. Ensuite, identifier le produit comme tel. Cela paraît aller de soi pour l’harissa ou l’huile d’olive, mais il fallait faire un effort pour les vinaigres ou les eaux florales.

Outre cela, le comité d’organisation a balisé également l’aval commercial. Cela a commencé par le packaging. Un partenariat avec l’Ecole supérieure d’infographie a débouché sur des modèles d’emballage de grande originalité.

Par ailleurs, le label PAMPAT s’est révélé apaisant pour le consommateur et même pour les distributeurs. Carrefour a accepté de réserver un linéaire distinct pour cette niche. Pareil pour les épiceries fines. Cela pourrait ouvrir la voie à l’export, demain.

Les pistes à privilégier à l’avenir

Le produit du terroir, à l’instar du produit bio, est une voie noble de l’agro-business. Elle appelle davantage d’accompagnement, notamment en matière de financement et de conseil. Un effort particulier est en train d’être fait pour la promotion du Salon. Les organisateurs annoncent l’arrivée de 7 délégations étrangères (notamment africaines et européennes) pour assister au Salon. Une participation au Festival de la diplomatie culinaire à Fès est déjà programmée. Une autre au SIAL à Paris. Diverses autres manifestations sont prévues.

La Chambre nationale des femmes chefs d’Entreprise (CNFCE), pour sa part, épaule l’événement en organisant une journée à Zaghouan. L’ambassade de suisse convie les ambassadeurs pour une dégustation à Tunis.

Toutes ces manifestations constituent une récompense pour le travail accompli par les organisateurs. Cependant, à comparer les démarches marocaine et tunisienne, on pense que ce Salon ouvre des pistes nombreuses pour sa propre expansion.

En effet, le Maroc s’est servi du Salon pour appuyer le classement de sa cuisine au 4ème rang mondial. En termes d’image, cela a été payant en retour.

La cuisine tunisienne en matière de diversité et de raffinement nous semble parfaitement éligible à un tel classement. Quelques produits ont été labellisés telle l’harissa. L’huile d’olive a gagné, de haute lutte, sa consécration internationale L’orange maltaise bénéficie d’une notoriété respectable. Les vins de Tunisie sont primés aux vinalies les plus sévères au monde. Tout donne à croire qu’on est paré pour tenter de classer notre cuisine dans le patrimoine mondial.

Ali Abdessalam