Les politologues et analystes qui se sont penchés sur la mondialisation du djihad et sur les rares pays qui sont parvenus à combattre avec efficacité les mouvements qui le représentent, en l’occurrence, Al-Qaïda, Daech, Bako Harem, citent en bonne place le Maroc.  De par les résultats positifs obtenus, l’expertise développée par ce pays en matière de gestion du milieu religieux est, de plus en plus, retenue comme la solution la mieux indiquée pour se prémunir contre cette idéologie violente.

Chronique d’une success story.

Au commencement, le choc généré par les cinq attentats-suicides terroristes qui ont eu lieu, le 16 mai 2003, à Casablanca. Ils ont été perpétrés par une dizaine de terroristes originaires du bidonville Sidi Moumen, faisant au total 41 victimes et une centaine de blessés.

Ces attentats visaient des lieux soigneusement sélectionnés par les terroristes : un hôtel et un restaurant accueillant des clients étrangers, le bâtiment de l’Alliance israélite, le cimetière juif de la ville, ainsi que le consulat de Belgique.

Depuis, une stratégie de restructuration du milieu religieux au Maroc a été mise au point dans l’objectif de faire face à la montée de l’extrémisme religieux.

Au plan théorique et conceptuel, cette stratégie a commencé par la mise en avant de la marocanité de l’Islam, voire de la spécificité de l’islam marocain. Un islam qui se démarque par son attachement à la commanderie unique des croyants, par son appartenance au régime malékite modéré et par son ouverture en matière de culte.

Ses fondamentaux sont basés sur le dogme «Achaarite», doctrine théologique sunnite qui définit la foi selon une acception assez large: le rite malékite place les finalités de la chariaa en premier lieu par rapport aux fondements juridiques et la voie «soufie junaydite», censée gommer la rigidité d’une approche strictement légaliste de l’islam.

L’orientation idéologique

Le souci de circonscrire la sphère religieuse s’est traduit par la création d’institutions chargées de communiquer sur la spécificité de l’islam marocain.

A la tête de ces institutions, on trouve le souverain lui-même qui, en sa qualité de «commandeur des croyants», est considéré comme la plus haute autorité religieuse du pays.

Il est talonné par le ministère des Habous et des affaires islamiques. Ce département a pour mission d’assurer l’encadrement religieux dans les mosquées, la formation et l’enseignement et la construction de mosquées.

Vient ensuite le Conseil supérieur des oulémas, la seule institution autorisée à émettre des fatwas.

A la base, il y a les conseils locaux des oulémas. Le Roi nomme directement les conseils qui accréditent et forment les 50.000 imams du Royaume qui gèrent les mosquées.

Selon des statistiques officielles, le Maroc compte 50.000 mosquées, 110.000 cadres religieux, plus de 45.000 imams et 5.337 instructeurs, dont plus d’un millier de femmes.

Le quadrillage

Ces institutions ont pour mission de mettre au point les règles formelles et informelles, procédures, modes de penser, d’action et de fonctionnement.

La diffusion de ces règles est à la charge des acteurs étatiques qui jouent souvent le rôle de médiateurs dans la diffusion de l’islam marocain.

Ces acteurs sont formés au sein de l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams. Cette institution a pour mission de dispenser une formation polyvalente couvrant les sciences de la Chariaa, les sciences humaines et l’enseignement des langues vivantes.

La formation continue est obligatoire pour les imams en service. Ces derniers doivent obligatoirement suivre une formation continue de six heures par mois au cours de laquelle ils révisent les notions de l’islam malékite.

Au plan de la logistique, un guide de l’Imam, du sermonnaire et du prédicateur a été mis au point par les soins du ministère de tutelle afin de sauvegarder l’unité du dogme, du rite et des mœurs. Le but étant de contrôler les discours véhiculés dans les lieux du culte.

Et pour mieux communiquer et consolider cet esprit nouveau, l’Etat a misé sur la puissance des technologies de l’information et de communication (TIC).

A cette fin, il a créé, en 2004, Radio Mohammed VI du Saint Coran Mohammed VI, destinées à diffuser les orientations du Royaume dans le domaine religieux.

Le Royaume a créé aussi, au cours des 15 dernières années, des dizaines de sites officiels et de nombreuses revues spécialisées.

Suivra…