Une fois le plan de mise à niveau du système portuaire national établi, la question est de savoir comment le rebâtir. Selon quel Business Model ? Et avec quel Business plan ?

Il s’agit bien de doter le pays d’un système national portuaire de qualité et qui soit efficace. Nous voudrions rappeler à ce niveau que le nouveau modèle économique tant recherché dépend dans une large mesure du business model qui sera adopté.

Une configuration efficace

Nous connaissions les carences du SPN et chacun a sa petite idée des causes de sa sous-performance. Les chefs d’entreprise se plaignent du laxisme du personnel opérationnel, de la sécurité et, sans le nommer mais tout en y faisant allusion, de certaines mauvaises pratiques dont la corruption à certaines étapes clés.

Le plan national de mise à niveau devrait conduire à endiguer tous les “fléaux” décriés par les chefs d’entreprise. Ce plan possède une approche intégrative. C’est-à-dire qu’il rétablira une haute connectivité de toutes les infrastructures en rapport avec la chaîne logistique. Il rétablira la productivité de la chaîne, en temps et en coûts, et généralisera les bonnes pratiques qui sont en usage dans les ports internationaux les plus réputés.

On songerait même à doter le tout d’un observatoire de compétitivité. D’ailleurs, à cet égard, les experts rappellent que la RFA (République fédérale d’Allemagne) a rebaptisé son ministère des Transports en ministère de la Mobilité durable. Le ton est donné.

Nous regrettons qu’à cette cinquième édition du Tunis Economic Forum, la CTN (Compagnie tunisienne de navigation) fût absente. Car la configuration du pavillon national est une mesure de taille pour propulser notre secteur exportateur. La performance du secteur textile est venue, en partie, de l’acquisition par la CTN d’une flotte de rouliers. Cela fait que nos confectionneurs pouvaient aisément opérer en flux tendu.

Rappelons toutefois que des mesures de soulagement peuvent être prises pour des améliorations instantanées. Le plan de développement des exportations (PDE) était parvenu, grâce à des mesures de rationalisation, à redresser, de manière significative, la capacité de traitement du trafic sans investissements supplémentaires.

Ce que je crois

Il règne un état de confusion dans nos ports dont l’origine ne remonte pas à l’absence de maintenance physique des équipements. La situation est bien plus gênante. Feu Slim Chaker du temps où il était ministre des Finances dans le gouvernement de Habib Essid, disait que 80 % des importations informelles sont opérées à partir du port de Radès. Il y aurait comme une dilution de l’autorité dans l’ensemble des ports, et c’est particulièrement visible, selon les observateurs au port de Radès.

Une partie de ce port fonctionnerait en port France, dit-on. Quelle est la part de vérité ? Mystère ! Cependant, nous aimerions rappeler que le tout n’est pas d’élaborer un plan de mise à niveau du SPN. Il est de notoriété publique que l’expertise se paie.

A présent le plan est là, il faut toutefois se rappeler qu’il ne représente que la composante la plus accessible. C’est le mode de réalisation de ce plan qui est cruciale. On parle du mode de partenariat public/privé. Le cas s’y prête bien. Mais il faudrait que cela se passe en mode « open-gov » pour que l’opinion soit apaisée pour la question de transparence.

Et le plus important est que ce plan soit réalisé en préférence nationale, c’est-à-dire avec de l’expertise tunisienne. Les opérateurs nationaux doivent bénéficier de ce chantier historique afin de se prévaloir de leurs références nationales pour opérer à l’étranger.

Ce chantier pilote doit leur procurer l’expérience qui leur sera nécessaire pour se faire admettre dans le cercle des opérateurs internationaux. C’est de notre point de vue la seule voie à même de nous donner des effets en retour qui permettent d’amortir les investissements qu’il faudra consentir.

Par ailleurs, la gestion du SPN doit pareillement et pour les mêmes raisons être assurée par une expertise tunisienne. A ces conditions, le redéploiement de nos opérateurs à l’international aurait toutes ses chances.

A.A