(La délégation des hommes d’affaires koweïtiens reçus au palais de Carthage)

Les responsables tunisiens veulent-ils se faire désirer des investisseurs étrangers? A les voir tarder à répondre aux sollicitations et propositions venues d’ailleurs, on est fondé à se poser cette question. L’histoire des Koweïtiens avec la Tunisie au cours des deux dernières années est là pour alimenter doutes et interrogations sur les motivations des autorités tunisiennes en charge de l’investissement.

Déjà investisseur important en Tunisie, notamment par le biais et grâce au CTKD (Consortium tuniso-koweïtien de développement), créé en 1976 –en association avec le gouvernement et le secteur privé tunisiens- qui vient d’être rebaptisé Ekuity Capital, le Koweït est revenu à la charge à plusieurs reprises au cours des dix dernières années afin d’augmenter son engagement en Tunisie.

La dernière tentative remonte à fin 2017. En novembre de cette année-là, un groupe d’hommes d’affaires koweïtiens opérant dans divers secteurs (financier, bancaire, industriel, commercial et TIC) est venu en Tunisie pour faire part de sa volonté d’y investir.

Si elle a été reçue par Youssef Chahed, chef du gouvernement, c’est surtout avec le président Béji Caïd Essebsi qu’elle a discuté. Car cette énième tentative koweïtienne de donner une nouvelle impulsion aux investissements koweïtiens en Tunisie a été déclenchée à l’initiative de Cheickh Sabah al-Ahma al-Jabir al-Sabah et en étroite collaboration avec le chef de l’Etat tunisien. Et ce n’est guère étonnant puisque les deux hommes se connaissent et entretiennent des rapports très étroits depuis qu’ils étaient ministres des Affaires étrangères de leurs pays respectifs.

Donc, c’est tout naturellement au président tunisien, BCE, en premier que les treize hommes d’affaires koweïtiens ont soumis, en novembre 2017, l’idée de créer un Conseil tuniso-koweïtien des affaires (CTKA).

Lire aussi: Des projets économiques et culturels seront bientôt réalisés en Tunisie par le conseil d’affaires tuniso-koweïtien

Validée par le locataire du Palais de Carthage, l’idée a été rapidement concrétisée. Le CTKA a vu le jour cinq mois plus tard, en avril 2018. Il est co-présidé par l’homme d’affaires tunisien, Fathi Hachicha (président), et le Koweïtien Fahd Al Moajjal (co-président).

Malheureusement, en près d’une année d’existence de cet organisme créé pour développer les investissements, rien n’a été fait. D’après nos sources, la partie koweïtienne, qui veut développer sa présence en Tunisie, a demandé au gouvernement tunisien de lui présenter cinq projets –deux privés et trois en Partenariat Public Privé (PPP) à financer. Elle attend toujours. Et ne s’est pas contentée d’attendre.

Lire aussi: Un crédit de 40 MDT du Koweït en faveur de services hospitaliers en Tunisie

Fahd Al Moajjal, co-président du Conseil d’affaires tuniso-koweïtien, est revenu fin juin 2018 en Tunisie pour essayer de faire accélérer les choses et a rencontré à cet effet le président Béji Caïd Essebsi, en compagnie de Fathi Hachicha. Même si c’est avec un peu de retard, cette rencontre semble avoir porté ses fruits : le 1er Forum tuniso-koweïtien d’investissement, organisé par le CTKA, se tiendra le 17 avril 2019 au Koweït.

Le ministre du Commerce tunisien, Omar Béhi, se rendra à la mi-avril 2019 au Koweït pour prendre part à ce premier événement.

Espérons que ce ne sera pas une –nouvelle- rencontre sans lendemain et que la partie tunisienne fera le nécessaire pour en assurer la réussite et, en particulier, la concrétisation des idées de projets déjà discutées et celles qui le seront au Koweït.

M.M.