“Les pays africains peuvent accroître leurs recettes publiques de 12% à 20% du PIB en adoptant un cadre d’action visant à renforcer la mobilisation des recettes dans cinq domaines clés”.

C’est en tout ce qui ressort d’un rapport économique sur l’Afrique 2019 ayant pour thème “la politique budgétaire au service du financement du développement durable”, présenté samedi 23 mars à l’occasion de la tenue 52ème session de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), du 20 au 26 mars 2019, à Marrakech (Maroc).

Une bonne politique budgétaire

Il s’agit, selon le directeur de la division macroéconomique et gouvernance à la CEA, Adam Elhiraika, d’avoir une bonne politique budgétaire, de revoir et mettre à jour la politique fiscale, d’élargir et d’approfondir l’assiette fiscale, d’améliorer l’administration fiscale, de lutter contre l’évasion fiscale, de renforcer le recouvrement des recettes non fiscales et d’améliorer la gouvernance des ressources naturelles afin de lutter contre la fraude fiscale.

Le rapport phare de la Commission économique pour l’année 2019 indique qu’en vue d’accélérer la croissance durable et inclusive, l’Afrique a besoin d’accroître sa productivité en augmentant l’investissement pour atteindre environ 30% à 35% du PIB et accroître les recettes publiques pour financer les dépenses à la faveur de la réalisation des objectifs du développement durable (ODD).

72 milliards de dollars par an en moyenne

L’amélioration de la gouvernance fiscale par la lutte contre la corruption et le renforcement du principe de responsabilité pourrait réduire l’inefficacité et mobiliser jusqu’à 72 milliards de dollars par an en moyenne, soit environ un tiers des 230 milliards de dollars qui manquent pour atteindre les ODD et réaliser les aspirations de l’agenda 2063 en Afrique.

Le rapport rappelle que l’Afrique souffre de la faiblesse de sa capacité fiscale, soit environ 20% du PIB, en raison de carences liées à la politique fiscale et au recouvrement des impôts.

Les recettes non fiscales sont une source de revenus sous exploitée dans la majorité des pays africains

D’après le rapport, les recettes non fiscales sont une source de revenus sous exploitée dans la majorité des pays africains, ne représentant que 2,6% du PIB et que plus de la moitié des pays africains (55%) collectent des recettes non fiscales d’un montant en deçà des possibilités en raison du manque de cohérence générale et de transparence, de l’absence de coordination entre les autorités centrales et de la faible volonté politique et de l’‘insuffisance des infrastructures.

Adam Elhiraika précisera qu’en vue d’augmenter le recouvrement des recettes, il est nécessaire de renforcer l’infrastructure de collecte des recettes qui permettront de créer des institutions plus transparentes.

La lutte contre les flux financiers illicites pourrait accroître les recettes fiscales d’au moins de 2,7% du PIB

Pour réduire et stopper les flux financiers illicites, les pays africains doivent mieux comprendre le secteur des ressources naturelles et le fonctionnement des flux financiers illicites au niveau national ce qui leur permettra de négocier de meilleurs contrats avec les entreprises multinationales et de résister à la tentation des cadeaux fiscaux.

Les recettes fiscales ont augmenté d’environ 170 millions de dollars après l’adoption entre 2017 et 2018 par les pays africains d’outils adaptés pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.

Les recettes fiscales pourrait accroître de 2,7% du PIB si les pays africains luttent contre l’érosion de l’assiette fiscale et au transfert des bénéfices par les multinationales.

Au sujet de la politique de la dette, le rapport a conclu que les pays africains ont besoin de mettre en place des stratégies pour améliorer la gestion de la dette, de renforcer le cadre budgétaire par un meilleur recouvrement des recettes et d’adapter une approche à plus long terme des emprunts et de restructuration de la composition de la dette.

Les gouvernements africains sont appelés, également, à rééquilibrer leur cadre de politique générale afin de maintenir des flux stables de recettes et de dépenses à l’appui des politiques visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD).

Il est à noter que la dette publique totale de l’Afrique est passée de 40,1% du PIB en 2011 à 59,1% en 2017.