Le secteur de l’huile d’olive fait face à deux défis majeurs en termes d’exportation: renforcer le positionnement de la Tunisie sur les marchés classiques (Italie, Espagne, France et Allemagne, notamment) et les autres marchés européens porteurs, et garantir, par ailleurs, un accès efficient aux marchés émergents, tels que les Etats-Unis d’Amérique, l’Inde, le Japon et la Russie.

C’est ce qu’a déclaré le chef de Cabinet du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Boubaker Karray.

Les exportations de l’huile d’olive tunisienne vers le marché européen s’accroissent avec des difficultés, notamment l’Italie et l’Espagne, suivis de la France, un marché qu’on a perdu mais qui se reprend aujourd’hui, a-t-il avancé.

C’était lors d’un séminaire “L’Huile d’Olive : enjeux et défis” organisé, mardi 19 mars, par la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie, la Chambre de commerce tuniso-belgo-luxembourgeoise et la Chambre de commerce tuniso-espagnole.

Selon lui, la Tunisie a commencé à occuper une part sur les marchés émergents à savoir les Etats-Unis, le Canada et la Russie…

Il rappellera que durant des années, le souci majeur était d’augmenter la production pour pouvoir dégager le maximum de quantités destinées à l’exportation et satisfaire une demande croissante de l’Union européenne, soulignant la nécessité d’adopter une approche marketing/orientation client et une approché marché, car la concurrence est devenue très lourde en termes de prix/coût et aussi qualité.

Le marché mondial est demandeur…

Le premier enjeu, a-t-il dit, est celui du marché. En effet, le marché de l’huile d’olive n’est pas encore saturé, vu que la consommation de l’huile d’olive ne représente qu’à peine 3% de la consommation mondiale des huiles alimentaires, rassure-t-il.

Au bout de 10 ans, le prix va augmenter car la demande des marchés émergents, dont l’inde, la Chine et le Japon, va s’accroître, et cette non saturation nécessite une bonne lecture des marchés, a-t-il appuyé.

Il a mis l’accent, dans ce cadre, sur l’absence d’une lecture assez fine de ces marchés, à savoir l’élaboration de fiches marchés (accès physique et financier, les normes et tout ce qui est tarifaire et non tarifaire) à mettre à la disposition des opérateurs et des professionnels.

Nécessité d’améliorer la production et la productivité

Au sujet de la production et de la productivité, le responsable a rappelé que l’olivier est alternant (une bonne production sur deux ou trois années), et que cette alternance ne cesse d’affecter les potentialités futures d’exportation.

Il a insisté, dans ce contexte, sur la nécessité d’améliorer la production et la productivité, rappelant que la Tunisie dispose de 1,9 million d’hectares d’oliviers, soit presque le tiers des terres labourables, une superficie qui ne peut pas être extensible, selon le responsable.

Et de faire remarquer que le choix qui reste est de développer les efforts en termes d’amélioration de la productivité, sachant que la productivité actuelle est de 500 kilogrammes par hectare, un chiffre qui reste faible.

Encore un effort pour l’utilisation des nouvelles techniques de production de l’huile d’olive

Pour sa part, le coordinateur général de la Chambre de commerce tuniso-belgo-luxembourgeoise (CCTBL), Karim Feriani, a souligné que les nouvelles techniques de production de l’huile d’olive qui ont montré leurs preuves dans le monde sont encore peu répandues en Tunisie (environ 10 ou 15 mille hectares aux Cap Bon, Kairouan, Ben Arous…).

Aujourd’hui, sur les 170 mille hectares d’oliviers qui ont été plantés, en 2017, dans le monde, 85% sont des cultures super-intensives.

Il s’agit de techniques qui permettent d’adapter les vergers aux machines et non les machines aux vergers. En Tunisie, a-t-il expliqué, les oliviers sont confrontés au manque de production mais le super-intensif y remédie, parce que le niveau de rendement est beaucoup plus élevé et peut être multiplié par 8 pour passer de 500 Kg d’huile en moyenne par hectare à 4 tonnes d’huile par hectare.

Cette culture intensive, a-t-il ajouté, permet d’entrer en production au bout de trois ans au lieu de 10 ou 15 ans dans la culture traditionnelle et favorise une meilleure qualité car tout est mécanisé.

A ce titre, il a noté le manque de main-d’œuvre au cours des années caractérisées par une bonne production.

Il a fait savoir que ces nouvelles techniques respectent plus les sols et l’environnement. Certaines techniques permettent d’enterrer le goutte à goutte (technique d’irrigation), ce qui permet d’éviter le désherbage, d’où la réduction de l’utilisation des traitements.