A quelques jours de la tenue de la 15ème édition du Salon méditerranéen du bâtiment (MEDIBAT), qui aura lieu du 6 au 9 mars 2019, Ridha Fourati, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax, nous a accordé l’interview exclusive ci-dessous.

M. Fourati évoque bien logiquement les préparatifs de cette édition, mais répond à nos questions concernant la stratégie africaine de la Chambre, et surtout de sa nouvelle orientation vers les marchés anglophones du continent africain.

WMC : Pour la 15e édition du MEDIBAT, prévue du 6 au 9 mars 2019, quels sont les ministres tunisiens attendus ?

Ridha Fourati : Pour le moment, nous avons eu la confirmation du ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, M. Nouredine Selmi, qui présidera l’ouverture officielle du Salon, et du secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la Diplomatie économique, M. Hatem Ferjani qui présidera le Forum économique.

Mais espérons que d’autres ministres viendront, surtout pour cette 15e édition où beaucoup de délégations étrangères sont attendues, notamment africaines, arabes, européennes et asiatiques.

Concernant les réservations des stands, qu’en est-il à moins d’un mois de la tenue de la manifestation ?

Comme vous le savez, dès la clôture d’une session de MEDBAT, nos équipes entament immédiatement la préparation de la suivante.

Donc, pour répondre à votre question, au jour d’aujourd’hui, tous les espaces d’exposition sont vendus, avec 2 pavillons étrangers pour la Chine et la République Tchèque. La quasi-totalité des stands ont été réservés, un mois et demi avant l’événement, par un grand nombre d’exposants tunisiens et étrangers, qui continuent à accorder un intérêt particulier à MEDIBAT.

Au fil des années, MEDIBAT est devenu le Salon des Africains et pour les Africains. Quelle sera cette année la présence de nos amis d’Afrique subsaharienne ?

Permettez-moi de revenir sur la stratégie de la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax vis-à-vis des pays africains. Que ce soit à travers MEDIBAT ou d’autres actions, ici à la CCIS nous avons une vraie politique africaine, si je puis m’exprimer ainsi.

Nous avons toujours organisé des actions de promotion du savoir-faire et de l’expertise des hommes d’affaires tunisiens sur le continent, que ce soit à travers des missions d’affaires, des colloques, ou des rencontres avec nos frères africains ici à Sfax.

C’est pour vous dire que nous n’avons pas attendu la révolution de 2011 pour nous rencontrer compte tenu du fait que l’Afrique est notre marché naturel.

Et ce n’est pas un hasard que le Salon est organisé sous le signe «L’Afrique au cœur de MEDIBAT».

Dans cette nouvelle session, nous avons prévu deux journées-pays consacrées au Togo et à la RD Congo.

Mais nous entendons souvent certains dire que grâce à eux, la Tunisie est mieux perçue en Afrique et par les Africains.

Oui, c’est possible, mais vous savez, dans le monde des affaires, ce qui compte ce sont les actes concrets et non les discours. Et dans ce cas, nos réalisations en Afrique parlent pour nous.

Loin de moi l’intention d’engager une polémique sur qui fait mieux pour l’économie tunisienne, mais regardez le nombre de missions de prospection que la CCIS a organisées en Afrique. Combien d’industriels tunisiens ont décroché de contrats de vente ou de partenariat en Afrique ? C’est cela qui compte, et c’est ça qu’on voit.

Je voudrais ajouter que la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax a signé des accords de partenariat avec ses homologues dans plusieurs pays du continent. Et c’est encore une preuve de confiance placée en la CCI de Sfax.

D’ailleurs, la Journée de la RD Congo sera l’occasion pour l’annonce officielle de la création de la Chambre Mixte Tuniso-Congolaise, qui vise à faciliter la tâche des institutions et entreprises des deux pays en vue de promouvoir les échanges et le partenariat économique entre les deux parties.Enfin, bon an mal an, 4-5 ministres africains visitent les différentes sessions du Salon MEDIBAT, pris en charge par nos propres moyens.

Pourtant, même le gouvernement semble prêter l’oreille davantage à ceux qui crient plus fort qu’à ceux qui travaillent réellement.

C’est votre jugement et c’est votre avis. En ce qui nous concerne, en tant que Chambre de commerce, nous travaillons pour le bien de nos adhérents, en particulier, et pour l’économie nationale, en générale.

Bien évidemment, à chaque fois que nous organisons une manifestation économique, commerciale ou sur l’investissement, nous invitons comme il doit les autorités centrales. Parfois ils viennent, parfois non, mais peut-être pour des raisons de calendrier.

Justement, combien de ministres africains seront présents lors de cette 15e édition du Salon MEDIBAT ?

Ceux qui ont confirmé jusqu’à maintenant leur participation au Salon, sont le ministre d’Etat de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement du Gabon, M. Régis Immongault, qui sera accompagné par une importante délégation.

La liste des invités compte d’autres personnalités importantes :  le Conseiller principal au cabinet du Premier ministre Nigérien, M. Zarami Abbakiari ; le directeur de cabinet du ministre de l’Equipement du Niger, M. Abdel Gousmane, qui sera à la tête d’une délégation ; le secrétaire général du ministère de l’Habitat et du Développement urbain du Cameroun, M. Hamadou Sardaouna ; le directeur du secteur privé de Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Mme Khady Evelyne Denise NDIAYE ; le vice-président de la Fédération des architectes francophones d’Afrique (FAFA), le Burkinabé M. Ouamnoaga Alain Gilbert KOALA. Et bien d’autres. 

Et du côté de la Tunisie ?

Côté tunisien, le Salon sera rehaussé comme je l’ai précédemment mentionné, par la présence d’au moins deux membres du gouvernement : le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire et le secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères chargé de la Diplomatie économique.

D’autres hauts responsables représentant de nombreux organismes officiels, professionnels et économiques prendront part aux différents forums et manifestations parallèles, à savoir le Forum scientifique, le Forum économique, le Forum de l’entrepreneuriat, le Village de l’innovation et les journées-pays.

Toujours sur l’Afrique, comment ça se passe du côté de la partie anglophone voire lusophone ?

Excellente question. Je dois admettre que, jusqu’à une date récente, nos actions étaient concentrées sur les pays francophones d’Afrique. Cependant, la CCIS a entamé la diversification vers les pays anglophones.

D’ailleurs, vous remarquerez que pour la présente édition, il y aura deux délégations du Kenya et du Nigeria, deux pays anglophones, le premier se situant en Afrique de l’Est, le second en Afrique de l’Ouest. Ce qui montre que nous nous intéressons à tous les pays. Toujours, compte tenu de nos moyens limités, on ne peut faire tout à la fois. On procède par étape.

Parlez-nous un peu de la première expérience de MEDIBAT en dehors de la Tunisie, en l’occurrence AFRIBAT. Est-ce qu’il y aura une deuxième édition en 2020 ?

Certainement. La capitale togolaise, Lomé, abritera prochainement la deuxième édition d’AFRIBAT qui est en quelque sorte une version africaine de MEDIBAT. Lors de la Journée du Togo, l’on présentera la deuxième édition du Salon africain du bâtiment (AFRIBAT) que la CCIS et la CCI du Togo co-organiseront à Lomé. La première édition de ce Salon qui avait été organisée au Cameroun au mois de mai dernier, était une réussite dans son ensemble, ce qui a encouragé quelques pays du continent africain à formuler le vœu d’abriter la deuxième édition. C’est pour vous dire que notre choix pour l’Afrique n’est pas fortuit, il est irréversible. 

Quel message voudriez-vous adresser aux hommes d’affaires tunisiens, africains et autres à l’occasion de cette 15e édition du Salon MEDIBAT et au-delà ?

Les hommes d’affaires et MEDIBAT se connaissent bien, c’est une longue histoire d’amour. Je suis persuadé qu’ils apporteront, de nouveau, leurs pierres à l’édifice. MEDIBAT les attend avec impatience.

Propos recueillis par Tallal BAHOURY