Aujourd’hui même mercredi 30 janvier, la décision sera prise par le gouvernement d’appliquer la loi pour le prélèvement sur les salaires des enseignants qui ont fait une grève de zèle à cause de revendications bassement matérialistes et qui ont privé des centaines de milliers d’élèves de leurs droits.

Cette décision interviendrait après le coup de force du syndicat de l’enseignement secondaire conduit par le sieur Yacoubi au ministère de l’Education nationale lundi 28 janvier ! Ceci alors que dans peu de temps, une loi criminalisant les actes de violences envers le corps enseignant sera soumise au vote de l’ARP.  Un corps enseignant dont une partie a essayé de défoncer la porte non pas du ministère, mais celle du bureau du ministre. Insultes, violences, brutalités, c’est ainsi que militent les enseignants de notre Tunisie : premier pays arabe à avoir fait prévaloir la matière grise sur l’armement !

Ceux-là mêmes censés donner l’exemple du civisme, de la bonne conduite et du patriotisme, ceux auxquels des parents confiants ont confiés le soin d’éduquer leur progéniture. Des parents aujourd’hui éplorés de voir leurs enfants complètement dégoûtés de l’instruction, désenchantés. Ils sont abattus parce qu’ils ont choisi d’inscrire leurs enfants à l’école publique. C’est à culpabiliser d’avoir eu des enfants pour qu’ils soient autant maltraités et par qui ? Par ceux qui devraient en principe être leurs guides pour faire leurs premiers pas dans la découverte de la vraie vie !

Enseignement en Tunisie : la grande désillusion !

«Je suis un élève de 3éme maths et ce bras de fer dont l’élève est l’unique victime me préoccupe énormément. Contrairement à la majorité de mes camarades ce n’est pas la possibilité d’une année blanche qui me dérange le plus, mais ce qu’engendre cette situation dans l’esprit des élèves. Elle crée une génération qui porte une rancœur à l’égard de son propre pays. La Tunisie est désormais synonyme de frein à leur réussite. Aujourd’hui plus que jamais auparavant le rêve de chaque jeune est de partir et de ne jamais revenir… Et c’est malheureusement le fléau le plus grave qui aurait pu toucher notre cher pays. Cette génération qui a grandi avec la révolution et les libertés et qui aurait dû être porteuse d’espoirs et de changements, est à l’inverse dégoûtée d’une patrie qui au final ne lui a rien apportée. Le fervent patriote que je suis aspire encore à bâtir une belle Tunisie mais hélas je dois avouer que désormais les arguments me manquent pour retenir mes camarades.

Pour conclure, je pense que la perte de cette génération est le plus grand danger qui guette notre Tunisie. Alors je demande aux deux parties d’oublier un instant leurs intérêts et de réfléchir aux conséquences de leurs actes … puisque demain c’est cette même génération dégoûtée qui prendra la relève ! ». Ce témoignage émanant d’un élève désespéré dit tout !

Que nos chers enseignants aient des revendications, quoi de plus normal, c’est leur droit mais qu’ils prennent en otages les enfants de la Tunisie, ceci dépasse l’entendement !

Qu’ils exigent de meilleures conditions de travail ou d’être protégés contre les agressions perpétrées par des élèves ou leurs parents sur eux est compréhensible. Mais de là, à priver un élève de l’évaluation de son travail depuis maintenant 6 mois est impensable. Ceci n’est jamais arrivé dans aucun pays au monde y compris aux Etats-Unis où les enseignants dans les quartiers difficiles subissent au quotidien les violences des adolescents. Ils résistent pourtant ! Pourquoi ? Parce que l’enseignement est un choix et une vocation ! Et c’est là où le bât blesse !

Celui qui considère le métier d’enseignant parce que c’est seulement un gagne-pain ne peut résister à ces aléas !

Des négociations que l’on ne voulait pas réussir !

Le syndicat devait mener des négociations avec le ministère à propos des points suivants :

  • la multiplication des primes de la rentrée scolaire et des primes des examens, qu’il s’agisse de surveillance ou de correction ;
  • le cumul de la prime du travail périodique et celle des établissements prioritaires en une seule prime et son amélioration ;
  • l’harmonisation des indemnités de fonction de tous les directeurs ;
  • la généralisation du régime de retraite des instituteurs au corps enseignant du secondaire en mettant en place un mécanisme pour permettre aux professeurs qui n’ont pas l’ancienneté nécessaire de s’adonner à un travail de formation ou pédagogie ;
  • le soutien aux établissements scolaires qui souffrent de difficultés financières.

Aux points cités plus haut, le sieur Yacoubi voulait ajouter deux autres points : une prime exceptionnelle mensuelle de plus de 200 Dt et la couverture des retraites anticipés en puisant dans les deniers de l’Etat, c’est-à-dire en piochant dans la poche des contribuables ! On ne voulait pas lui obéir sur ce point, il a “levé” la séance ! Devons-nous en rire ou en pleurer ?

Si ceci n’est pas du banditisme syndical, que devons-nous l’appeler alors ? Ce Yacoubi qui n’a toléré à la tête du ministère de l’Education nationale aucun ministre à part Salem Labiadh, son compagnon d’armes, et qui ose menacer aujourd’hui d’un grand sit-in le 6 février dans le but de voler la vedette à la commémoration de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd n’a aucune limite morale, aucun sens de la responsabilité, pire : aucun sentiment patriotique !

Les enseignants qui prétendent qu’ils sont engagés dans ce combat parce que trop critiqués ou « machiavélisés » par les médias ou parce qu’ils sont victimes de violences se trompent d’ennemis ! Leurs ennemis, si ennemis il y a ne sont pas leurs élèves qui ont droit à une éducation respectable et responsable ! Le peuple tunisien doit-il payer aussi cher leur combat juste ou injuste ? Peuvent-ils dormir la nuit sachant qu’ils ont désorienté parents et élèves dans une guerre qui ne concerne ni les premiers ni les deuxièmes ? Ils oublient que leur principal ennemi est l’ignorance qu’ils sont en train de propager à grande vitesse en privant nos enfants du savoir !

Il faut dire que c’est la faiblesse des gouvernements successifs depuis 2011 qui a fait des syndicats de l’enseignement secondaire, les führers qu’ils sont aujourd’hui ! Si on ne s’était pas soumis à leurs caprices depuis 2011, la situation n’aurait pas été celle d’aujourd’hui. Jean-Pierre Chevènement  avait déclaré en 1985 : «Le corps enseignant est la plus grande armée, après l’Armée rouge». Oui mais une armée, cela défend une patrie en le payant de son sang, elle ne vide pas le sang de la patrie en massacrant sa jeunesse !

C’est ce que fait le syndicat de l’Enseignement secondaire aujourd’hui ! Jusqu’à quand ?

Amel Belhadj Ali