Au commencement, un film documentaire, «El kef-siccaveneria» du réalisateur Walid Tayaa. Ce film, paru en 2015, met en exergue les atouts de la région du Kef, en mettant en valeur ses plus beaux paysages et sites sous fond d’une fiction réaliste et universelle.

«El Kef» propose une nouvelle formule non traditionnelle pour faire connaître une région. Le héros du film, qui, au début, cherchait un moyen pour immigrer clandestinement, joue le rôle d’un guide touristique qui parcourt la région et nous entraîne avec lui dans un voyage inédit.

Ce film a inspiré plusieurs militants de la société civile de la région pour mettre au point de véritables stratégies développementales «faisables cette foi-ci». C’est le cas de l’Association culture et développement (ACD) de la région du Kef qui vient de lancer un projet ambitieux dénommé “Siccavenéria“, ancien nom romain de la ville du Kef, dénommée également “le camp de Vénus“, déesse de la beauté et de l’amour.

Le projet englobe de nombreux axes qui vont du marketing territorial à la labellisation de la région du Kef, en passant par la promotion du patrimoine culturel matériel et immatériel et la digitalisation de toutes ces actions.

El Kef, Land of love and art

Selon ses fondateurs, le projet Siccaveneria s’appuie sur de nombreuses activités telles que :

La mise en place d’un label régional ‘Siccaveneria Land of love and Art’: le but étant de renforcer la coordination entre les maillons de la chaîne de valeur constituée par les différents acteurs économiques de la région (opérateurs culturels, artisans, hôteliers, agriculteurs…). Cette opération pourrait, à terme, influer sur le développement de l’économie locale des secteurs clés de la région du Kef et de l’offre de tourisme écologique et culturel de la région.

La promotion des sites historiques emblématiques de la région du Kef: le site de la Table de Jugurtha a été, particulièrement, mis en avant dans le cadre de la promotion de l’attractivité de la région du Kef et de son patrimoine.

La labellisation des produits locaux et de terroir «Siccaveneria Delight/Relax» : ce volet aura pour objectif la labellisation et l’accompagnement des producteurs locaux en leur offrant des solutions/formations pour un système plus efficient de distribution, de conditionnement et de communication autour de leurs produits.

La promotion et la valorisation du patrimoine des expressions artistiques du Kef et le renforcement de la pluralité de sa mémoire artistique: ce volet se décline en deux axes. Un premier portant sur la formation et l’accompagnement des professionnels du secteur culturel dans les différents événements de la région du Kef. Le deuxième sur l’élaboration de résidences artistiques favorisant à la fois le cachet authentique de la musique du Kef ainsi que le métissage artistique multi-genres. Le produit des résidences fera office de spectacles au sein de la cinquième édition du festival « Sicca Jazz » du 19 au 23 mars 2019.

La digitalisation de toutes ces actions: toutes ces activités vont être digitalisées dans un site web «Siccaveneria.com» de promotion et de marketing de la région du Kef développant l’image touristique, la notoriété et l’attractivité du territoire.

Le phosphate de Sra Ouertane pour impulser l’emploi et l’exportation

Au plan économique, les Keffois ne rêvent que de l’ouverture du gisement de phosphate de Sra Ouertane dans la localité d’El Ksour. Ce gisement, dont le coût est estimé à plus de 3 milliards de dollars qui a fait beaucoup de bruits fin des années 70, a été très vite abandonné pour «non rentabilité». Le gisement contiendrait près de 10 milliards de tonnes de minerais phosphatés de teneur moyenne 14% P2O5, prévoit l’extraction de 4 millions de tonnes de phosphate marchand par an, la transformation de 1 million de tonnes P2O5/an sous forme d’acide phosphorique et engrais, et surtout l’implantation des infrastructures requises (voie ferrée, site portuaire, adduction d’eau, alimentation électrique, décharge de phosphogypse, utilités et stockages…).

Où en est-ce projet ?

Une bonne nouvelle concernant ce projet a été annoncée, le 5 décembre 2018, par Abdellatif Hamam, PDG de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG). Il a révélé que l’ouverture des plis de l’appel d’offres international lancé pour l’exploitation de ce gisement démarrera prochainement.

Lors d’une visite effectuée la semaine dernière au gouvernorat du Kef, le PDG de la CPG a indiqué qu’une seule offre internationale (chinoise) a été enregistrée.

Cette information fournie par Hamam est une excellente nouvelle en ce sens où le phosphate et dérivés constitueont, jusqu’à la fin de ce siècle, des produits stratégiques. C’est du moins ce que pense Kais Dali, expert en phosphate et ancien PDG de la CPG.

Il nous semble important de rappeler à ceux qui préparent le cahier de charges pour l’octroi de cette concession d’exiger du concessionnaire de faire l’économie des erreurs commises dans le bassin minier de Gafsa. Il s’agit surtout d’opter dès le départ pour la technologie sèche et non pour la technologie humide qui nécessite d’importantes quantités d’eau pour le lavage de phosphate et de bannir le transport polluant à ciel ouvert.

Cela pour dire que tout est à prévoir en amont lors de l’octroi de la concession laquelle doit être impérativement lors de l’exploitation respectueuse de l’environnement.

Suivra : Siliana : La région a tous les atouts pour décolle

 

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