Etrange destin que celui des présidents tunisiens qui se sont relayés au Palais de Carthage. Ils ont eu pour point commun d’y avoir accédé très grands et d’en être sortis très petits, voire méprisés, et ce pour mauvais rendement aux relents de trahison.

C’est le cas, ces temps-ci, du président en exercice, Béji Caïd Essebsi (BCE), pourtant le seul à avoir été élu au suffrage universel.

Dans l’interview qu’il a accordée, dans la soirée du lundi 24 septembre 2018, à la chaîne privée El Hiwar Ettounsi, BCE s’est montré faible, isolé et impuissant à sortir le pays de la crise au point de se déresponsabiliser de tout et de donner l’impression qu’il attend la délivrance avec la fin de son mandat dans une année. Le spectacle est tout simplement dramatique et affligeant.

Il faut reconnaître que ces cinq prédécesseurs (Bourguiba, Ben Ali, Mohamed Ghannouchi (une nuit), Mebazaa et Marzouki) n’ont pas fait mieux. Ils n’ont jamais fourni l’effort nécessaire pour préserver l’indépendance du pays et le prémunir contre tout risque de retour de la colonisation sous quelque forme que ce soit.

Des présidents qui ont usé et abusé

Bien au contraire, tout semble indiquer qu’ils n’ont ménagé aucun effort pour fragiliser le pays, épuiser ses ressources et consacrer sa dépendance du bon vouloir de puissances étrangères.

Les facteurs qui ont prévalu durant la sinistre période 1864-1869 et qui ont amené la colonisation de la Tunisie par la France sont aujourd’hui présents.

Pour mémoire, au cours de cette période, la Tunisie a connu une grave crise due à une mauvaise gestion financière, similaire à celle qu’on connaît actuellement.

Les symptômes sont les mêmes : augmentation de la dette publique, lourds emprunts à l’étranger contractés dans des conditions catastrophiques, détournements de fonds et corruption, contrebande, évasion fiscale, déficits jumeaux, diminution du pouvoir d’achat, cherté de la vie…

Selon un récent sondage datant du 3 septembre 2018 et effectué par l’Institut de sondage One to One for Research and Polling, “près de huit Tunisiens sur dix (79%) estiment que le pays est sur la mauvaise voie, et 72% qualifient la situation économique de mauvaise ou de très mauvaise”.

La question qui se pose dès lors est de se demander comment les Tunisiens doivent dorénavant se comporter avec l’institution de la présidence et se prémunir contre ses dérapages constants et ses nuisances. Selon certains observateurs, deux solutions se profilent à l’horizon.

Réduire au maximum les prérogatives de l’institution

La première solution consisterait à poursuivre en justice les six présidents qui se succédé à la tête du pays sans résultats pérennes, et à organiser, à titre symbolique, un procès historique qui mettrait à nu les abus et les crimes qu’ils ont commis à l’endroit de la Tunisie et de son peuple, durant plus de 62 ans d’indépendance. Le but est de montrer aux Tunisiens que les mauvais présidents seront toujours rattrapés par l’histoire, même à titre posthume.

La seconde serait de mettre à profit la prochaine révision de la Constitution de 2014, non pas pour renforcer les prérogatives du président la République comme le réclament à gorge déployée la horde des arrivistes sans foi ni loi et tous les assoiffés de pouvoirs, mais de réduire au maximum les prérogatives de cette institution onéreuse (110 MDT de budget pour rien). L’objectif est d’en faire une institution symbolique comme c’est le cas en Italie, en Allemagne et ailleurs.

A bon entendeur.