Le FTDES (Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux) recommande au Parlement de donner un mandat au gouvernement afin de fixer des priorités de négociation et de déterminer ce que la Tunisie veut obtenir, à travers l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne (UE).

Le FTDES a souligné, dans un communiqué, publié, mardi, que le contexte national conjugué au caractère asymétrique des relations internationales de manière générale et l’absence de coordination entre pays du sud (maghrébins en particulier), atténuent considérablement le pouvoir de négociation de la Tunisie, les pays du Sud ne faisant pas front commun. La Tunisie se présente comme le seul pays démocratique du monde arabe, engager des négociations qui engagent son avenir sans mandat parlementaire n’est pas crédible.

Et de poursuivre, dans ce contexte, qu’à partir de ce mandat, le comité du FTDES, réuni récemment recommande d’élaborer un mémorandum fixant précisément des objectifs à l’équipe de négociations, comme ce fut le cas lors des négociations précédentes.

Les recommandations du comité, soulignent, par ailleurs, “que le contexte national et international est défavorable à la négociation de l’ALECA. L’économie tunisienne est très fragile, l’Etat est presque en cessation de paiement avec une dette et un déficit extérieur qui s’envolent. De plus, au niveau international, il n’est plus unanimement admis que le libéralisme et le libre-échange soient des solutions au développement économique en soi et l’on assiste à un certain retour du protectionnisme”.

Le comité refuse l’ALECA dans sa forme actuelle. “D’abord, il présente des dangers pour l’économie de la Tunisie, notamment les secteurs des services et de l’agriculture. Dans ce dernier, les conséquences pourraient être catastrophiques, ruinant les petits exploitants qui constituent la majorité des agriculteurs tunisiens et provoquant un fort exode rural”, lit-on dans le communiqué.

Le comité a également critiqué l’absence de la question de la mobilité dans le projet d’ALECA, affirmant que le partenariat ne saurait être égalitaire si la circulation des personnes n’est pas assurée. Enfin, le comité a fait valoir que le traité bafoue le droit des peuples à l’autodétermination, car le l’ALECA est présenté par l’Union Européenne comme une offre qu’il n’est pas possible de refuser.

Il a alerté sur le fait que l’ALECA est en réalité déjà en train d’être mis en œuvre, à travers les réformes en cours ou déjà effectuées comme la loi sur l’Investissement, la signature de l’Open Sky ou la libéralisation de certains services comme les services financiers ou l’éducation, déjà en partie libéralisés.

Le comité dénonce, en outre, l’évaluation en cours sur l’Accord d’Association de 1995. “En effet si l’initiative est louable et est une demande de la société civile de longue date, cette évaluation a été sous-traitée à la Banque Mondiale et la position néolibérale de la Banque Mondiale et son biais en faveur du libre-échange sont bien connus”, affirme le communiqué.