L’Afrique demeure le continent dont le taux d’échange intra-communautaire est le plus bas au monde, selon les intervenants à une conférence tenue, mardi, à Tunis, en marge du premier forum “FITA 2018” sur “le financement de l’investissement et le commerce en Afrique” (6-7 février 2018). “Le volume d’échanges interafricain représente 15% du volume global des échanges internationaux contre 63% pour l’Europe, 52% pour l’Amérique et 50% pour l’Asie, a indiqué Moustapha Sow, directeur au sein de la société SF Capital (Banque d’affaires) au Sénégal”.

D’après ses dires, le continent africain, qui fait face à des défis considérables, est aussi le continent le plus divisé en matière d’intégration économique. D’où son plaidoyer pour des convergences entre les diverses régions du continent, appelant le secteur public à travailler étroitement avec les institutions financières opérant dans le continent africain pour promouvoir le volume des échanges et garantir une meilleure intégration africaine.

“Le montant des capitaux investis en dehors de l’Afrique s’élève à 50 milliards de dollars, soit un montant qui pourrait répondre aux besoins de financement des infrastructures dans ce continent”, a-t-il fait remarquer, appelant les autorités publiques à mettre en place des politiques rigoureuses pour combattre la corruption et maintenir les richesses de l’Afrique”.

Le directeur général de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi, qui intervenait à ce débat, a évoqué, lui, les obstacles de financement des projets dans le continent africain. “Les études ont montré que les besoins de financements de projets en Afrique sont évalués à 120 milliards de dollars. Les taux d’intérêt dépassent 10% dans 1/3 des pays d’Afrique avec des garanties très exigeantes”, a-t-il dit, évoquant des disparités dans les taux d’intégration au sein du continent (le taux d’intégration le plus faible se trouve en Afrique du Nord, ou les échanges entre les pays atteignent à peine 5% contre un taux de 7% en Afrique de l’Est).

Le volume des échanges interafricains, qui demeure très faible par rapport au potentiel du continent, doit être augmenté à travers la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel pour assurer une véritable dynamique continentale, estime le ministre tunisien de l’Investissement, du Développement et de la Coopération internationale, Zied Laâdhari. “Il faut que les Africains, eux-mêmes, croient en les potentialités de développement de l’Afrique”, a-t-il indiqué, appelant à promouvoir le continent africain à travers une démarche de “marketing continental” et à développer les infrastructures et l’interconnexion africaine.

Tous les intervenants se rejoignent sur le faire que garantir un meilleur accès au marché africain exige l’accélération des réformes administratives en matière de réglementation de change, le lancement de structures d’accompagnement des entreprises en phase de démarrage des projets et un surcroît d’efforts pour faire mieux connaître aux hommes d’affaires les programmes de financement des établissements bancaires.