L’événement géostratégique sera constitué, cette semaine, par la visite d’Etat qu’effectue en Tunisie (le 31 janvier et 1er février 2018) le président français, Emmanuel Macron. Une dizaine d’accords de coopération dont un inhérent à la sécurité seront conclus à cette occasion. 

Zoom sur la dimension géostratégique de cette visite.

Pour ne pas l’oublier, cette visite intervient après l’incident malheureux du classement, il y a deux mois, de la Tunisie sur la liste des paradis fiscaux.

Abstraction faite de cet incident, du reste dépassé après le retrait provisoire de la Tunisie de cette liste, les observateurs avertis des relations tuniso-françaises placent beaucoup d’espoir dans ce rendez-vous pour dégager une feuille de route sur un partenariat stratégique qui transcende la lassante coopération bilatérale pour un projet porteur de complicité multiforme à l’international, particulièrement en Méditerranée et en Afrique.

Dans cette perspective, trois facteurs militent en faveur de cette future association stratégique.

Exploiter à bon escient le retour de la France sur la scène internationale

Le premier a trait à la nouvelle vision qu’a Emmanuel Macron de la France. S’exprimant, il y a cinq jours, devant le Forum économique mondial de Davos, Macron avait annoncé que “la France est de retour” (France is back).

Le président français devait toutefois nuancer ce retour en tenant à l’inscrire dans un prisme européen.

La Tunisie, qui assure plus de 30% de ses échanges extérieurs avec la France et 80% avec l’Europe, est parfaitement concernée par cette nouvelle vision de la France. Les Tunisiens ont tout intérêt à mettre à profit la visite du chef de l’Etat français pour exprimer leur adhésion à cette vision.

La Francophonie, un gisement porteur pour les Tunisiens

Le deuxième facteur a été évoqué, lundi 29 janvier 2018 à Tunis, par Jacques Attali, ancien conseiller de l’ancien président français, François Mitterrand.

Invité pour animer une conférence sur le thème “Evolution de l’économie mondiale et la place de la Tunisie”, Jacques Attali a recommandé aux Tunisiens de s’investir dans la Francophonie et d’imposer sa présence sur les marchés francophones sur les plans culturels et socio-économiques.

En amont de cette éventuelle conquête des marchés francophones, les Tunisiens peuvent demander à la France et au chef d’Etat français de mettre la main dans la poche ou du moins de convertir une nouvelle partie de la dette tunisienne auprès de la France, pour financer, par le canal de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), un nouveau programme stratégique visant à créer, dans les grandes villes de Tunisie, des établissement scolaires intégrés rassemblant un lycée, un collège, une école primaire, une école maternelle ainsi que des espaces spécifiques (espaces sportifs, restauration, CDI, salle polyvalente…).

Au regard du bas niveau de notre enseignement, un tel programme ne fera que du bien pour les Tunisiens qui se font des soucis énormes pour inculquer à leurs enfants la meilleure éducation qui soit.

Le retour de cet investissement sera également bénéfique pour l’Etat tunisien. Car les jeunes formés dans ces établissements seront de futurs coopérants et entrepreneurs dans les pays francophones, avec en prime de précieuses rentrées de devises.

Espérons que le remuant ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, qui avait déclaré à un certain moment qu’il cherchait des terrains partout en Tunisie pour construire des établissements scolaires, se démènera, lors de cette visite, pour le rappeler aux autorités tunisiennes et françaises et faire quelque chose dans ce sens.

Industries propres: solliciter l’aide de la France

Le troisième facteur consiste en l’engagement manifeste de la France tout autant que la Tunisie dans l’économie verte, du moins en principe. Les Tunisiens peuvent solliciter l’assistance technique de la France pour se spécialiser dans les industries propres: industrialisation de tout ce qui touche aux énergies vertes (éoliennes, panneaux solaires…), écotourisme, tourisme culturel, tourisme de découverte, montage de vélos, industrialisation de pédalos et de planches à voile…