Le vent du changement qui souffle sur la France, par la volonté de son nouveau président, va également impacter les relations tuniso-françaises, assure l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor. La couleur sera annoncée lors de sa prochaine visite en Tunisie (31 janvier-1er février 2018).

En raison du passé, du présent et de l’avenir des relations tuniso-françaises, la visite en Tunisie d’un président français n’est jamais un événement anodin. Celle qu’Emmanuel Macron s’apprête à y effectuer (31 janvier-1er février 2017), huit mois après son élection, devrait être encore plus marquante que celles de tous ses prédécesseurs. Car, la «transformation en profondeur» actée par le 8ème président sous la Cinquième République affecte tous les domaines, y compris la politique étrangère. Donc, les relations tuniso-françaises.

De retour en Tunisie, quinze mois après une visite en novembre 2016, alors qu’il n’était pas encore candidat, le nouveau, jeune et déconcertant président français devrait faire ressentir durant les deux jours qu’il va passer en Tunisie ce souffle de fraîcheur et de renouveau, dans le discours et la méthode, qu’on a pu toucher du doigt lors de sa récente tournée africaine.

En tout cas, Olivier Poivre d’Arvor n’a pas de doute à ce sujet. En recevant, dans la soirée du mardi 9 janvier 2018, un groupe de journalistes tunisiens et français pour présenter ses vœux pour la nouvelle année, l’ambassadeur de France a déclaré que “ce nouveau président veut construire une nouvelle relation. Il veut une co-construction. Celle-ci va bien sûr commencer par le discours. Car dans une relation où il y a «un historique colonial, les mots comptent, comme cela a été démontré lors du voyage en Algérie», note le diplomate.

Equitabilité…

«Nous avons travaillé à concrétiser cela», indique le diplomate. Notamment en axant la réflexion sur une notion à laquelle le président Macron accorde de l’importance : «équitabilité».

Comment cela va-t-il se concrétiser ? «Il y aura des annonces importantes» lors de la visite, indique l’ambassadeur. «Ne pouvant pas (les) révéler toutes», il lève cependant un coin du voile sur le chantier de la transformation de la coopération tuniso-française qui s’annonce.

Consciente que sa coopération a été jusqu’ici «trop tunisoise», la France compte en particulier «redéployer de manière importante son action dans les régions». En application de cette nouvelle orientation, l’Agence Française de Développement (AFD), bras de l’Etat française en matière de coopération et de développement, va «voir comment elle pourrait accompagner les communes et les gouvernorats» dans la mise en place de la nouvelle gouvernance qu’exige la décentralisation qui va être initiée par les prochaines élections municipales et locales.

Cette action sera complétée et appuyée par une intervention en Tunisie «de six ou sept sur les treize régions de France».

L’année 2018 verra également l’organisation d’une «Saison bleue», en l’occurrence, dévoile l’ambassadeur, «une très grosse coopération que nous sommes en train de monter avec les autorités tunisiennes». Les 200 événements qui se dérouleront dans ce cadre entre le 15 juin et fin septembre 2018 ont pour but de «mettre en valeur le littoral».

Ce forum, M. Olivier Poivre d’Arvor le verrait bien se transformer en une sorte de «Davos de la mer» appelé à se tenir une fois par an.

Tunisie vs Maroc…

A l’annonce de la visite du président Macron, «certains» ont souligné le fait que le chef d’Etat français se soit rendu au Maroc et en Algérie avant la Tunisie, note Olivier Poivre d’Arvor. Qui répond en rappelant que c’est à la Tunisie que le président Macron réserve sa deuxième visite d’Etat –la première il vient de l’effectuer en Chine- et ce quelques semaines après avoir réservé au président Béji Caïd Essebsi l’honneur d’être «le seul chef d’Etat invité au Sommet International sur le Climat».

Auparavant, ajoute l’ambassadeur, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le Premier ministre, Edouard Philippe, ont effectué en Tunisie leurs premières visites à l’étranger.