“L’augmentation de 1% du taux de TVA vise essentiellement à limiter le recours à l’endettement et à préserver les équilibres financiers du pays. Elle n’aura pas un grand impact sur le pouvoir d’achat des citoyens”.

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C’est ce qu’a déclaré, vendredi 5 janvier à Tunis, le ministre des Finances, Mohamed Ridha Chalghoum, qui intervenait lors d’une rencontre-débat sur la loi de finances 2018, organisée par l’Ordre des experts-comptables de Tunisie.

Il a indiqué que “tous les produits agricoles ainsi que les produits subventionnés ne seront pas concernés par cette augmentation. Pour ce qui est des produits soumis au régime d’homologation des prix, leur taxation sera discutée”.

1,6 milliard de dinars pour la compensation des produits de base

Chalghoum a par ailleurs évoqué le dossier de la compensation, rappelant que l’enveloppe consacrée à la subvention s’élève à 3,520 milliards de dinars en 2018, dont 1,570 milliard de dinars destinés à la compensation des produits de base.

Cependant, il estime nécessaire d’accélérer la réforme du système de compensation, afin de l’orienter vers ceux qui en ont le plus besoin.

300 MDT d’économies…

Dans ce cadre, Chalghoum a fait savoir que la mise en place d’une base de données, destinée à mieux cibler les bénéficiaires de la subvention, est en cours dans toutes les régions. “Nous espérons pouvoir finaliser cette base de données d’ici la fin du premier semestre 2018, pour entamer la révision du système de compensation vers un meilleur ciblage des bénéficiaires. Cette mesure pourrait générer des économies s’élevant à 330 millions de dinars sur l’enveloppe prévue pour la subvention des produits de base”.

Compensation des hydrocarbures vs salaires…

S’agissant de la subvention des hydrocarbures dont le montant s’élève à 1,5 milliard de dinars pour l’année 2018, Chalghoum a souligné que “si la loi de finances 2018 a été basée sur une hypothèse fixant le prix de baril à 54 dollars, alors que le cours actuel est aux alentours de 66 dollars, c’est parce que lors de la préparation de la LF, les prix sur le marché international était de l’ordre de 54-55 dollars”.

“On ne pouvait pas changer les hypothèses lors de la négociation de la loi de finances. On ne pouvait pas non plus augmenter l’enveloppe de la compensation des hydrocarbures au détriment des salaires, du budget consacré à l’investissement, des transferts sociaux, ou de la compensation des produits de base. Pour nous, le montant fixé pour la compensation des hydrocarbures est un plafond que nous ne pouvons pas dépasser et la seule option possible c’est de procéder à des ajustements en matière des prix, conformément à la décision gouvernementale prise en 2014, concernant le mécanisme d’ajustement des prix des hydrocarbures”.

Pour lui, “même les pays producteurs de pétrole ont procédé à des augmentations, alors que le niveau des prix du pétrole en Tunisie reste inférieur à d’autres pays comme le Maroc…”.

L’augmentation des tarifs douaniers ne concerne que 8% des produits importés

En outre, il affirme que “l’augmentation des tarifs douaniers ne concerne que 8% des produits importés destinés à la consommation sur le marché local”.

Et le ministre des Finances de préciser : “l’augmentation des tarifs douaniers, actuellement au centre d’une grande polémique, ne concerne ni les intrants de la production, ni les équipements, ni les produits essentiels destinés à la consommation… elle s’applique à une partie des produits importés destinés à la consommation qui ont des équivalents tunisiens.

“Cette mesure concerne 8% des produits importés destinés à la consommation sur le marché local”, a-t-il dit, ajoutant qu’elle vise, essentiellement, à “atténuer les pressions sur la balance commerciale et à limiter le déficit courant qui devrait s’établir pour toute l’année 2017 à plus de 9%”.

“Elle a également pour objectif de protéger l’économie tunisienne et le tissu industriel tunisien (électroménager, textile) en renforçant ses capacités de production”, a-t-il ajouté.

Réserves en devises en deçà des 90 jours d’importation ?

Le ministre des Finances a aussi évoqué le niveau des réserves en devises qui risque aujourd’hui de passer en deçà des 90 jours d’importation, estimant impératif de bien agir pour sortir de cette situation. “L’idéal serait de renforcer les exportations. Mais en attendant que l’approche adoptée dans ce sens donne ses résultats, il faut bien agir sur les mécanismes qui peuvent donner un effet immédiat dont les importations”.

Les indicateurs des finances publiques sont inquiétants

Chalghoum a aussi qualifié d’”inquiétant” le niveau atteint par les indicateurs des finances publiques, dont l’endettement. “Poursuivre le même rythme d’endettement pourrait aboutir à une situation où aucun bailleur de fonds n’accepterait d’endetter la Tunisie et où aucun investisseur ne serait disposé à investir dans notre pays”, pense-t-il.

Encouragement des départs à la retraite…

De ce point de vue, il a rappelé la difficulté d’agir sur les dépenses de l’Etat dont une grande partie est réservée aux salaires. “En Tunisie, la masse salariale est élevée mais le niveau de salaire du Tunisien reste faible. Ceci est dû au fait que le nombre de fonctionnaires est très élevé. Et c’est la raison pour laquelle une mesure a été prise en 2017 pour encourager les départs volontaires des fonctionnaires, mais cette mesure n’a pas connu le succès attendu“. Car, seulement 7.000 dossiers ont été déposés.

Il a, également, fait savoir qu’“un projet de loi a été soumis à l’ARP pour encourager davantage les départs volontaires des fonctionnaires en accordant une prime de 36 salaires pour chaque départ“.