Sur le plan politique, l’année 2017 a été notamment marquée les appels au changement du régime politique et à la révision de la Constitution. Une question qui a divisé les partis politiques et suscité de vives réactions d’appréhension pour les acquis démocratiques.

Appréhension autour d’un éventuel changement du régime politique

Le dirigeant du mouvement Ennahdha Lotfi Zitoune compte parmi les premiers à appeler à la révision de la Constitution pour élargir les prérogatives du président de la République.

Selon lui, la nouvelle Constitution est à l’origine de la crise du pouvoir que vit le pays dans la mesure où elle instaure un régime mi parlementaire mi présidentiel.

Cette proposition défendue par les deux partis majoritaires au parlement a été critiquée avec virulence par une large frange de l’opposition à l’instar du Front populaire et du Courant démocrate qui ont exprimé la crainte d’un retour au régime despotique et à la concentration du pouvoir entre les mains du président de la République.

Ces appréhensions autour d’un éventuel changement du régime politique n’ont fait qu’augmenter après la décision de la présidence de la République de créer des commissions spécialisées dans des secteurs comme la santé, le transport et autres, rattachées au conseil national de sécurité.

L’écrivain et journaliste Hedi Yahmed estime que les changements que connait la Tunisie depuis sept ans ont imposé de nouvelles règles du jeu politique qui ont déstabilisé les acteurs politiques. Ce qui explique cette “inadaptation avec le nouveau régime politique”.
Les discours contradictoires entre la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères sur l’interdiction des Tunisiennes d’embarquer sur les vols des compagnies émiraties illustre bien cette instabilité.

Rendement des partis

Le choix des coalitions fait par un grand nombre de partis politiques suscite un certain scepticisme. La coalition entre Nidaa (mouvement destourien, libéral social) et Ennahdha (mouvement islamiste) reste la plus “déstabilisante” pour le paysage politique, de l’avis de dirigeants des deux partis.

Les résultats des élections législatives partielles ont porté un coup dur à cette alliance qui a vu le jour après les élections 2014. Nidaa Tounes a alors affirmé son intention de repenser cette coalition.

Mohamed Amine Ben Messaoud, journaliste chercheur considère que les partis politiques nés durant la période de Bourguiba et Ben Ali n’ont pas pu s’adapter à la nouvelle réalité politique d’où l’apparition d'”anciens nouveaux partis” et de nouveaux partis basés sur des individus plutôt que sur des programmes politiques.

“Ces partis font partie intégrante du monde de la finance, des médias et des relations avec l’extérieur, ce qui illustre “une démocratie sans partis démocratiques” et reflète le caractère hybride du régime politique.

Peur pour la démocratie

Les partis politiques, en particulier ceux de l’opposition ont a maintes reprises mis en garde contre le risque d’une régression démocratique. Parmi eux figurent les partis signataires du Document de Carthage comme Al Massar, Machrou Tounes Al Joumhouri et le mouvement Al Chaab.

Ces partis conviennent que le rapprochement Nidaa Tounes-Ennahdha a favorisé l’adoption des quotas partisans dans l’administration et les instances constitutionnelles indépendantes.

Pour Hedi Yahmed ” les craintes de ces partis sont légitimes” face à l’inertie politique. Le consensus entre Ennahdha et Nidaa a compromis l’émulation politique et risque de compromettre, à l’avenir, tous les outils d’alternance pacifique au pouvoir.