Grâce à un scientifique italien, le blé se cultive désormais en Afrique de l’Ouest

Une ‘idée folle’ a permis de cultiver du blé dur dans les conditions de chaleur extrême du Sénégal, de la Mauritanie et du Mali, trois pays affectés par la famine (classés respectivement 67e, 83e et 94e dans l’Indice de la faim dans le monde 2017). Elle pourrait ainsi augmenter les revenus de 1 million de familles agricultrices, et a par conséquent remporté le Prix Olam (www.OlamGroup.com) 2017 de l’Innovation pour la sécurité alimentaire.

Le projet de recherche sur l’empreinte génomique (découverte des régions génomiques –un extrait d’ADN contenant la séquence d’un ou plusieurs gènes importants) mené par le Dr Filippo Bassi de l’ICARDA, et le Pr Rodomiro Ortiz (SLU, Alnarp), et financé par le Conseil suédois de la recherche scientifique, a employé des techniques de sélection moléculaire non GM pour développer un ensemble de variétés de blé dur capables de résister à des températures constantes de 35 à 40 degrés le long de la savane du bassin du fleuve Sénégal.

Dans cette région, les agriculteurs cultivent du riz pendant 8 mois de l’année (le riz ne peut pas pousser correctement pendant les mois d’hiver lorsque la température atteint 35 à 40 degrés Celsius pendant la journée, mais seulement 16 degrés Celsius pendant la nuit, mais la terre reste inutilisée pendant les 4 autres mois. Les nouvelles variétés de blé dur ont dès lors été développées pour pousser extrêmement vite.

Ainsi, les agriculteurs seront en mesure de cultiver le blé entre les saisons du riz, ce qui pourrait résulter en 600 000 tonnes de nourriture nouvelle, soit 175 portions de pâtes par personne par an dans la région, et générer 210 millions d’US$ de revenus supplémentaires pour les exploitants. Le blé contenant 5 fois plus de protéines, de vitamines et de minéraux que le riz, il contribuera aussi à améliorer les régimes alimentaires.

Grâce à la politique de partage libre des germoplasmes et de l’IP (préservation de l’identité) pratiquée par l’ICARDA avec les pays en voie de développement, la découverte présente aussi un grand potentiel d’adaptation pour d’autres régions touchées par des températures en hausse. En conséquence, 12 juges experts ont attribué à ces recherches révolutionnaires le Prix Olam pour l’Innovation dans la sécurité alimentaire – un prix international lancé par l’agroentreprise internationale en partenariat avec l’Agropolis Fondation.

Le Dr Bassi a commenté : «Lorsque nous avons eu cette idée il y a 5 ans, les gens ont pensé que nous étions un peu fous. Nous sommes donc ravis de voir notre projet d’introduire du blé dur dans cette région récompensé par le prix Olam. J’aimerais remercier particulièrement nos partenaires pour leur soutien: l’U-Forsk2013, le CNARAD, l’ISRA, l’Université Mohammed V, et la SLU Sweden. En collaborant étroitement avec les agriculteurs, nous avons gagné leur confiance. Ils sont en effet conscients des avantages qu’offre cette variété qui peut être facilement cultivée moyennant un investissement minimum. Maintenant, nous devons agir pour la mettre sur le marché. Nous utiliserons donc le montant du prix pour promouvoir l’établissement d’un partenariat commercial avec l’industrie des pâtes et du couscous nord-africaine».

Sunny Verghese, Cofondateur et CEO du Groupe a déclaré: «L’agriculture mondiale est confrontée à des problèmes graves. Des millions de personnes souffrent de famine et la planète lutte pour répondre à la demande croissante de calories en ne dépassant pas ses limites. Ces recherches menées par le Dr Bassi et son équipe nous montrent comment nous pouvons repenser l’agriculture grâce à une idée originale et à l’engagement d’une équipe de personnes poursuivant un objectif commun. Cette découverte crée non seulement une solution viable et évolutive qui améliorera probablement la vie de nombreuses personnes dans le bassin du Sénégal, mais pourrait aussi se révéler grandement utile dans d’autres régions affectées par l’augmentation des températures liée au changement climatique».

Le Dr Pascal Kosuth, Directeur de la Fondation Agropolis explique : «La région africaine a, en moyenne, la productivité agricole la plus faible du monde et de nombreux pays du continent ont répondu à l’augmentation de la demande alimentaire grâce aux importations d’outre-mer. Le développement d’une production agricole durable dans des conditions climatiques difficiles et des systèmes d’exploitations familiales nécessite un effort commun au niveau de la sélection des plantes, des systèmes semenciers, des systèmes de production, de la chaîne de valeur du produit ainsi que du renforcement et de la formation des agriculteurs. C’est pourquoi le panel d’experts internationaux indépendants convoqués par l’Agropolis Fondation a unanimement élu le projet de l’ICARDA en tant que gagnant du Prix Olam de cette année pour l’Innovation dans la sécurité alimentaire».

À propos d’Olam International Limited:
Olam International compte parmi les principales agro-entreprises, intervenant dans la chaîne de valeur, de 70 pays et fournissant divers produits par le biais de 18 plateformes à 23 000 clients du monde entier.

Grâce à une présence directe en matière d’approvisionnement et de transformation dans la plupart des principaux pays producteurs, Olam s’est construit une position de leader mondial dans un grand nombre de ses activités. Établie à Singapour et cotée au SGX-ST depuis le 11 février 2005, Olam se classe actuellement parmi les 30 plus grandes sociétés cotées à Singapour en termes de capitalisation boursière. En 2016, le magazine Fortune a accordé à Olam la 23e position sur la liste «Change the World».

À propos de l’Agropolis Fondation: 
Agropolis Fondation est une fondation scientifique française créée en 2007 en vue de soutenir et de promouvoir le développement de projets de recherche et de formation de haut niveau et d’étendre les partenariats de recherche internationaux dans le domaine de l’agronomie et du développement durable.

Elle soutient un réseau de recherche composé de scientifiques travaillant sur tous les aspects de la culture de végétaux et répondant aux problèmes relatifs à la culture de demain pour faire face à la demande accrue de végétaux et les produits de la plante, ses usages alimentaires et non alimentaires, la transition agro-écologique par le biais du développement de connaissances, méthodes et outils ; les approches intégrées de la qualité des produits agricoles et alimentaires, la durabilité des systèmes agricoles et alimentaires et les interactions entre les changements climatiques et les cultures.
À propos d’ICARDA:
Établi en 1977, l’ICARDA est l’un des 15 centres soutenus par le CGIAR. La mission de l’ICARDA consiste à améliorer les moyens de subsistance des habitants pauvres en ressources dans les zones arides grâce à la recherche et à des partenariats visant à atteindre des améliorations durables en termes de productivité et de revenus agricoles, tout en favorisant une utilisation et une conservation efficaces et plus équitables des ressources naturelles. www.ICARDA.org.

Notes aux rédacteurs:
Sélection moléculaire conventionnelle vs Sélection GM:
L’objectif des sélections végétales conventionnelle et GM consiste à produire des cultures aux caractéristiques améliorées en changeant leur constitution génétique. La GM y parvient en ajoutant un ou plusieurs nouveaux gènes au génome d’une plante de culture. La sélection conventionnelle y arrive en effectuant une pollinisation croisée de plantes aux caractéristiques pertinentes et en sélectionnant les descendantes présentant la combinaison souhaitée de caractéristiques, qui résulte d’associations spécifiques de gènes hérités des deux parents. (Source : Royal Society).