Appel à une structuration et une pérennisation des échanges agricoles entre pays africains

“La coopération avec les pays africains dans le domaine agricole existe déjà, mais il faut chercher comment l’améliorer, surtout avec nos voisins du Maghreb. Avec ces derniers, nous avons un déficit de coopération, que nous payons tous économiquement, notamment sur le plan agricole”, a indiqué Leith Ben Becher, agriculteur et fondateur du SYNAGRI.

Participant à la conférence plénière sur la “Transformation de l’agriculture et développement rural : les clés d’une croissance pérenne”, tenue dans le cadre des Rencontres Africa 2017, Ben Becher a rappelé que “la Tunisie entretient avec les pays maghrébins en particulier et africains en général, des échanges ponctuels qu’il faut rendre plus pérennes et plus structurels, vu nos enjeux communs, surtout que les régions rurales et le monde paysan représentent encore une force et un gisement d’emplois et de création de richesses très importants dans nos pays”.

“L’Afrique de façon générale et le Maghreb, en particulier, sont les plus importants importateurs de céréales au monde. Si nous pouvions travailler ensemble sur les aspects recherche, politiques de filières… ce serait déjà un pas très important pour asseoir davantage de coopération dans ce domaine. Nous avons donc beaucoup à faire ensemble, dont des plateformes de recherche sur les changements climatiques, l’érosion, la gestion des ressources naturelles à développer, des partenariats dans certaines des filières à envisager. A ce titre, la Tunisie a un savoir-faire en matière de transformation des produits laitiers, des produits de la pêche ou de l’huile d’olive…à faire valoir”.

S’agissant de la troisième partie dans ce partenariat tripartite au cœur de ces rencontres, Ben Becher a considéré que “la France, est un partenaire historique important et un voisin proche mais elle reste quand même trop petite par rapport à l’Afrique. Il ne faut pas oublier aussi que la France nous a tournés le dos dans la réforme de la politique agricole commune européenne. Si cette coopération tripartite implique la France pour des raisons historiques, politiques, diplomatiques, c’est très bien, mais il faudrait que la France arrive à entraîner avec elle au moins les pays de la rive sud (Espagne, Portugal, Italie…), ce qui pourrait atténuer “le tropisme marqué vers l’Europe centrale”, des pays de l’Europe du Nord qui nous laisse un peu sur notre faim de point de vue de la coopération, de la coproduction… ”

Ben Becher estime par ailleurs que “sur le plan national, nos décideurs politiques n’ont pas suffisamment pris conscience, du double enjeu qui se présente à nous à savoir la nécessité de veiller d’un côté à la durabilité du système agricole, des ressources naturelles et des populations et de repenser d’un autre côté, la gouvernance agricole, pour que les gens soient impliqués dans la gestion de ce bien commun qu’est l’agriculture”.