“La Tunisie bénéficie, aujourd’hui, d’une bonne appréciation aussi bien auprès de la Banque mondiale que du FMI. La situation y est encourageante, mais elle est encore fragile et il faut que toutes les parties prenantes dans le pays agissent ensemble pour capitaliser sur cette plateforme encourageante afin d’approfondir les réformes, créer un environnement plus favorable à l’investissement et déclencher un vrai cercle vertueux”. Tel est le message adressé aux Tunisiens par Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la BM pour le Maghreb et Malte, à travers une visioconférence tenue mercredi 14 juin avec les médias tunisiens suite à l’approbation par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale (BM) d’un prêt de 500 millions de dollars (1227,96 millions de dinars) en faveur de la Tunisie.

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L’approbation de ce prêt s’inscrit dans le cadre de la stratégie fixée par la BM pour la Tunisie pour la période 2014-2020, a fait savoir Marie-Nelly. Une stratégie qui table sur quatre priorités: la relance d’une croissance génératrice d’emplois, le traitement des disparités régionales en créant des conditions favorables au développement économique dans les régions défavorisées, l’inclusion sociale à travers la promotion de la bonne gouvernance, de la redevabilité et de la transparence mais également à travers l’amélioration de l’inclusion des jeunes et des femmes.

Selon la responsable de la BM, le prêt à l’appui des politiques de développement (DPL) vise à soutenir les réformes engagées par le gouvernement tunisien pour améliorer le cadre de l’activité économique, soutenir l’entrepreneuriat et accroître l’accès aux financements en vue de promouvoir une croissance plus soutenue ainsi que la création d’emploi dans le secteur privé.

S’agissant de l’amélioration du cadre de l’activité économique, elle a précisé que le DPL soutiendra la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la concurrence, la mise en œuvre de la nouvelle loi de l’investissement à travers la création au sein du ministère du développement, de l’investissement et de la coopération internationale, d’un service chargé de rationaliser les autorisations relatives à l’entrée des investissements et les procédures administratives connexes, la mise en place d’un cadre unifié de gestion des investissements publics à l’appui des projets d’investissement public et des PPP régissant l’évaluation, la sélection la hiérarchisation, les modalités de financements et le suivi de tous les projets, la numérisation des procédures portuaires pour améliorer leur efficience et leur transparence.

Sous le chapitre du soutien à l’entrepreneuriat et à l’accès aux financements, le DPL contribuera, selon Marie-Nelly, à améliorer l’accès des entrepreneurs et des jeunes entreprises aux financements à travers le projet de Code des organismes d’investissement collectif, à améliorer l’information sur le crédit et promouvoir l’accès des entrepreneurs au crédit à travers le projet de loi sur les agences d’évaluation du crédit, à simplifier le régime tunisien des faillites à travers la nouvelle loi sur les procédures collectives, à améliorer l’accès au financement du logement au profit des travailleurs à revenu faible ou moyen à travers la révision des critères d’éligibilité au FOPROLOS.

En réaction aux questions posées par les journalistes sur la relation entre la dernière décision du FMI concernant la Tunisie et celle de la Banque mondiale, elle a affirmé que les deux institutions se complètent et interagissent dans l’objectif commun d’aider la Tunisie à retrouver le chemin de la croissance et à la repositionner sur la carte mondiale, en favorisant le principe de leadership collaboratif consistant à impliquer toutes les parties prenantes dans la quête des solutions aux défis qui s’imposent au pays.

Elle a également estimé que les indicateurs positifs qui caractérisent la situation dans le pays actuellement sont à même de générer un effet d’entrainement important et une dynamique économique, mais qu’ils sont insuffisants à eux seuls pour favoriser le chemin de la croissance, soulignant la nécessité d’aller plus loin en exploitant de nouveaux secteurs et nouvelles niches de croissance.

Elle a par ailleurs soulevé l’importance de développer les chaines de valeur dans tous les domaines (agriculture, domaine forestier, textile, tourisme…) afin de mieux valoriser la production tunisienne, faisant savoir que le développement de ces chaines de valeurs constitue une priorité pour la BM en Tunisie et qu’elle est déjà active sur ce créneau notamment dans le domaine forestier.

“La Tunisie gagnerait à changer d’approche et à regarder les aspects économiques d’une manière intégrée et transversale en y impliquant toutes les parties prenantes”, a conclu la responsable de la BM.