3ème anniversaire de la Constitution : Un ratage scandaleux

Signe d’irresponsabilité, d’incompétence et d’inconscience de la classe politique tunisienne, ni le Parlement, ni la présidence du gouvernement, ni la présidence de la République, ni la société civile, ni les partis politiques n’ont pensé aux dividendes qu’aurait pu engranger la Tunisie à travers la célébration en grande pompe du 3ème anniversaire de la Constitution adoptée le 26 janvier 2014.

La Tunisie, qui est présentée dans tous les médias du monde comme un pays exportateur de terroristes -assassins sans foi ni loi- aurait pu mettre à profit la célébration de cet anniversaire pour donner une autre image des Tunisiens. Celle d’un peuple qui a réussi à mettre en place la seule démocratie dans le monde arabe, fût-elle encore imparfaite.

Cette performance aurait pu être promue au moment où d’autres pays plus puissants et mieux nantis ont dû accepter que les grandes puissances élaborent pour eux des Constitutions clef en main: cas de la Constitution irakienne élaborée par les Américains, et cas de la Syrie par les Russes.

Pis, officiellement, la célébration de ce 3ème anniversaire a été annulée par le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Ce qui dit long sur les intentions de l’establishment politique du pays.

S’exprimant sur les ondes des radios Shems fm et Mosaïque FM, le député nahdaoui, Sahbi Atig, a accusé «certaines parties qui ne veulent pas donner son importance à cet évènement d’envergure».

Il semble que la partie visée ne soit autre que la présidence de la République laquelle n’a jamais vu d’un bon œil cette Constitution qui a réduit énormément les prérogatives du chef de l’Etat. Pourtant, c’est en recourant aux articles 25 et 49 de cette même Constitution que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et celui d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, ont justifié la possibilité d’un retour des terroristes tunisiens des zones de guerre (Irak, Syrie, Libye, Yémen, Mali…).

Moralité: cette Constitution ne serait utilisée qu’à la carte et selon les humeurs des gouvernants.

D’ailleurs, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a choisi la célébration du 6ème anniversaire du soulèvement du 14 janvier 2011 pour promouvoir cet argumentaire démocratique qu’est la nouvelle Constitution.

“En cet anniversaire, nous sommes en droit d’être fiers de ce qui a été réalisé par notre pays. La Tunisie est le seul pays à avoir réussi sa transition démocratique (…)», a-t-il-dit avant d’ajouter: “la Tunisie dispose aujourd’hui d’une Constitution qui garantit les droits et les libertés, qui garantit la liberté du culte, qui garantit le pluralisme politique, qui garantit la liberté d’expression et de presse et qui permet au Tunisien de vivre librement, la tête haute et sans peur. Aujourd’hui la Tunisie dispose d’institutions élues, un président élu…».

Sans commentaire!

ABS