Enactus : L’université ESPRIT remporte la compétition, et l’ISI marque les esprits!

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S’il est une réalisation dont l’équipe Enactus, et à leur tête Khaoula Boussemma, peut être fière, c’est bien d’avoir réussi au bout de 8 ans d’existence à imposer la culture entrepreneuriale dans des dizaines d’universités et avoir formé les équipes participantes à s’exprimer dans un anglais presque parfait. Salwa Smaoui, représentante de Microsoft en Afrique et présidente de l’Association Tariki, était époustouflée lors de la soirée consacrée à la compétition internationale. «Quelle maîtrise de la langue anglaise», a-t-elle-déclaré.

Une soirée où l’équipe de l’Université privée ESPRIT, l’une de plus cotées dans notre pays, a été primée pour avoir excellé. Il faut dire que ces jeunes étudiants talentueux ont eu la chance de disposer au sein même de leur institution d’un incubateur-accélérateur d’entreprises technologiques innovantes grâce à Orange Tunisie et Mercy Corps Tunisie.

Le projet, plébiscité par le jury de la compétition nationale organisée cette année sous le thème «l’Entrepreneuriat social, vecteur de création d’emplois», consiste en la création d’une application e-commerce. Cette application baptisée “E-bi3“ facilite aux petits commerçants ne disposant pas de moyens technologiques de valoriser leurs produits ou services en ligne tout en étant hors ligne.

«Il s’agit d’un nouvel outil de communication qui permet aux “petits“ producteurs (artisans, agriculteurs….) n’ayant pas de smartphones, ordinateurs et d’Internet de promouvoir leurs produits à travers le service USSD. E-bi3 (il vend) présente également un avantage pour les acheteurs désirant avoir une vision plus large sur les offres proposées dans toutes les régions du pays et souhaitant acquérir des offres à prix réduit. Avec cette application, une réelle démocratisation du marché de l’offre et de la demande s’opère avec un rapprochement direct entre le producteur et le consommateur final. L’application E-bi3 a connu un tel succès qu’elle est désormais classée numéro 1 des téléchargements d’applications tunisiennes sur Google Play!», selon le communiqué d’Enactus.

Un autre projet intitulé “IRIS“ s’adresse cette fois-ci au secteur médical. «Il s’agit d’un petit dispositif contrôlé par une application mobile capable de détecter le cancer du sein. Grâce à un algorithme bien étudié, l’utilisateur du projet sera notifié en cas de présence du cancer du sein. En effet, IRIS est un outil de diagnostic précoce du cancer du sein basé sur la thermographie, composé d’une caméra thermique contrôlée par un microprocesseur et liée á un module Wifi qui assure la communication entre le dispositif et l’application installée sur le smartphone. IRIS ne remplace pas la mammographie, mais constitue plutôt un complément clinique au test mammaire».

Le trophée Enactus a sacré les efforts de dur labeur déployés tout au long d’une année. Une équipe qui a su forcer l’admiration des jurés grâce à son application smartphone: E-bi3 !

L’entrepreneuriat social vecteur de création d’emplois

«L’entrepreneuriat social est un concept et un mouvement mondial, qui participe au renouvellement des modèles économiques dominants qui ont montré leurs limites. Il consiste aussi à créer une activité économique viable pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux. Et c’est tout le concept d’Enactus avec la spécificité d’impliquer les étudiants parce que comme le dit si bien notre slogan: “We believe investing in students who take entrepreneurial action for others creates a better world for us all“», a tenu à préciser Monia Jeguirim, Chairman, pour qui les projets lancés par les jeunes universitaires, toutes équipes confondues, ont créé une trentaine de postes d’emploi avec un impact indirect sur plus de 750 personnes. Elle va plus loin en annonçant que l’objectif d’Enactus Tunisie d’ici 2020 est de créer plus de «300 projets et start-up durables soit 75 projets par an en axant sur les régions défavorisées, les jeunes et les femmes avec l’intégration de la majorité des écoles supérieures toutes disciplines confondues avec l’implication de quelques centres de formation professionnelle».

 

Monia Jeguirim a profité de l’occasion pour appeler les pouvoirs publics, les organismes nationaux et internationaux et les partenaires institutionnels telles que la Konrad Adenauer et les ambassades de pays amis ainsi que les entreprises du secteur privé et public à fournir plus d’efforts pour encourager le programme Enactus, pépinière des futurs entrepreneurs et sources d’innovation et de créativité pour un nouveau mode d’emploi entrepreneurial -à visage humain et respectant aussi bien l’environnement que les équilibres socioéconomiques du pays.

Khaoula Boussemma, présidente et CEO du programme, a loué l’engagement des 19 entreprises pour la réussite du programme: «merci à eux pour leur présence ici ce soir, leur soutien et engagement».

Elle a par ailleurs déploré -et à juste raison- les critiques et contestations quant aux résultats du concours. Il y a une autre culture qui devrait être instaurée dans notre pays, celle des «bons perdants». Car ce que les jeunes gagnent en participant au programme Enactus en formation en techniques entrepreneuriales, en découvertes du terrain, de leur propre société, des règlementations et procédures et même en maîtrise de la langue anglaise est de loin plus important que le résultat final!

«Je rappelle à toutes nos équipes et j’insisterai toujours pour le rappeler: la compétition n’est pas la finalité du programme. Et elle ne le sera jamais. En fait, la Compétition pour nous, Enactus, est comme la concurrence pour l’entreprise, elle est là pour nous inciter à nous surpasser, à réaliser de meilleurs résultats et à être performant pour le bien-être de notre communauté. La finalité d’Enactus est de favoriser un développement global, durable et équitable dans le monde entier mais aussi préparer une nouvelle génération de leaders économiques, capables de faire face aux enjeux que vivra le monde dans un futur proche, voire une nouvelle race, encore plus responsable, plus engagée, plus passionnée, plus intègre, plus solidaire et humaine».

Et Khaoula Boussemma de citer l’histoire de l’Equipe d’ISI (Institut Supérieur d’Informatique). «Cette équipe a commencé depuis l’année dernière à travailler sur un projet qu’elle a d’ailleurs présenté lors de la compétition 2015. Elle a continué sur ce même projet afin d’améliorer ses résultats. Et voilà que, à un mois de la compétition, elle découvre un aspect insurmontable touchant au bénéficiaire principal du projet. L’équipe s’est retrouvée devant 2 alternatives: trouver une solution avec celui-ci et faire semblant comme si de rien n’était et continuer à cautionner ses agissements, cautionner l’opacité et la mauvaise foi, oublier les valeurs. Ou, ne pas continuer dans cette direction, ne pas cautionner la turpitude et être convaincu qu’enfin de compte, tout commence ainsi, on ferme les yeux sur de petites choses et on se retrouve à avaliser les médiocres, les escrocs, les pilleurs, les voleurs, les hyènes et les charognards qui détruisent notre économie et notre pays. Les membres de l’équipe ont choisi d’assumer pleinement leur responsabilité et leur erreurs et ont décidé de se retirer du projet et de la compétition de cette année». Sage décision qui prouve que l’éthique et les valeurs ne sont pas de vains mots ne portant pas de sens réel dans la culture aussi bien de nos jeunes que celle inculquée par Enactus et ses acteurs.

«Dans leurs jugements, les premiers rois étaient parfaits, parce qu’ils avaient fait des principes moraux le point de départ de toute leur entreprise et la racine de toute chose bénéfique. Toutefois, ce principe échappe totalement aux personnes d’intelligence médiocre. Ne le saisissant pas, ils n’en prennent pas conscience et n’en étant pas conscients, ils recherchent le profit. Mais dans leur quête du profit, il leur est absolument impossible d’avoir la certitude de l’atteindre un jour», cela date de 246 ans avant JC et avait été décrété par le Premier ministre chinois sous l’empereur Ying Zheng.

Les étudiants de l’ISI ne l’ont pas lu ou étudié, ils l’ont appliqué et c’est à cela que servent entre autres les valeurs inculquées par Enactus. Etre entrepreneur n’est pas être un individu dénué de toute morale et de tous sens de la responsabilité envers la société. Vouloir réussir, être ambitieux ne veut pas dire massacrer tous ceux qui se trouvent sur notre chemin. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons tous besoin de règles éthiques, de lois rigoureuses et d’entrepreneurs responsables!

A «Enactus World Cup», qui regroupera les champions de plus de 36 nations du 28 au 30 septembre 2016 à Toronto au Canada, ESPRIT représentera la Tunisie et les 8 équipes qui ont participé à la finale de la compétition nationale.

A la compétition finale, on a relevé la présence de Zied Laadhari, ministre de la Formation et de l’Emploi, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, Daniel Rubinstein, ambassadeur des USA en Tunisie, et de Hardy Ostry, résident permanent de la Konrad-Adenauer-Stiftung et partenaire d’Enactus Tunisie depuis toujours.