Tunisie – UE : ALECA… Retour sur impact!

Pour couper à toutes les spéculations concernant les éventuelles retombées du futur accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), nous proposons une lecture scientifique.

aleca-ue-tn-2016-accord.jpgUn groupe d’experts européens, relevant du cabinet ECORYS, ont réalisé une étude (consultable sur le site www.trade-sia.com/Tunisia/) d’impact relative à l’entrée en application de l’ALECA, sur le long terme, soit une perspective à plus de quatre ans. En exclusivité pour Webmanagercenter, Pr Abdelhaye Chouika, Phd en finance de Columbia University, professeur émérite à la FSEGT, a synthétisé les diverses statistiques présentées dans l’étude. Et les a assorties de ses commentaires.

La structure du tableau des données

L’étude d’ECORYS a divisé l’économie tunisienne en 37 secteurs. Pr Abdelhaye Chouikha les a regroupés en 2 ensembles. Le premier regroupe les 10 secteurs les plus importants qui réalisent 75% du PIB et emploient 89% des diplômés du supérieur.

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Le tableau reproduit bien ce trait distinctif. Les trois premières colonnes nous sont bien connues et Pr Chouikha atteste que les chiffres avancés sont conformes aux statistiques nationales. Les quatre dernières colonnes reproduisent les variations qui seraient induites par l’entrée en application de l’accord…

Les retombées de l’ALECA sur la balance commerciale

Nous observons que le tableau prévisionnel indique un emballement des importations pour l’ensemble des secteurs, à l’exclusion de celui des produits forestiers, résiduels.

Le même tableau fait ressortir, également, que 18 secteurs sur les 37 verront leurs exportations baisser. L’huile d’olive connaîtrait une explosion de ses exportations, n’était-ce que la production actuelle ne permet pas d’honorer cette augmentation.

Par ailleurs 35 secteurs sur les 37 verront la couverture de leurs importations par leurs exportations se détériorer. Le plus inquiétant, précise Pr Chouikha, est qu’en particulier les 10 secteurs les plus importants pèseront sur l’alourdissement des importations globales du pays. Par contre la contribution de 8 des secteurs les plus importants verra leurs exportations diminuer. Le déficit global de la balance commerciale s’en ressentira, immanquablement.

Zoom sur l’emploi des diplômés du supérieur

On relève que la contribution à l’emploi des diplômés du supérieur de 26 secteurs sur les 37 va diminuer. C’est encore plus visible pour 6 des 10 secteurs les plus importants. On est en droit de s’interroger si le chômage des diplômés ne serait pas appelé à augmenter.

Les négociations pour l’ALECA ont repris. A la lumière de ces éléments, on sait que le bilan de l’accord ne nous est pas très favorable, et il appartient donc à nos négociateurs de redoubler de vigilance.

Deux revendications pertinentes nous viennent à l’esprit. La première a été soulevée par Riadh Mouakhar, député Afek, qui dit que la Tunisie devrait demander à bénéficier des facilités de la Politique agricole commune (PAC). Et la seconde vient du Pr Abderrazak Zouari, ancien ministre du premier gouvernement BCE en 2011, qui suggérait, face à la rareté de nos ressources de développement, qu’il serait juste que l’UE nous autorise à piocher sur les fonds structurels destinés au développement des régions.