Tourisme tunisien : Comment booster les marchés européens dès l’été 2016

Par : Autres

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En réaction à des phénomènes structurels et conjoncturels, les gros tour-opérateurs français ont arrêté leurs affrètements charters vers la Tunisie. Ils l’ont fait progressivement depuis 2006 pour cause de détérioration de leur rentabilité suite à l’entrée sur scène de la compagnie aérienne Transavia (une compagnie low cost) avec des fréquences quotidiennes sur Tunis, Monastir et Djerba à des prix proposés directement au public, inférieurs aux prix d’achat des vols charters par les tour-opérateurs. 

Ce positionnement a cannibalisé progressivement les flux touristiques des tour-opérateurs qui avaient de plus en plus de mal à remplir leurs avions vers la Tunisie. Le phénomène s’est aggravé d’année en année suite à l’alignement forcé de Nouvelair puis de Tunisair et Air France sur les tarifs de Transavia compliquant davantage le rôle des tour-opérateurs qui commençaient déjà à fuir la destination et à réduire leurs engagements et leurs risques aériens.

Effets de la Révolution

Avec les problèmes conjoncturels inhérents à la révolution tunisienne, le désengagement des tour-opérateurs français du risque aérien sur la Tunisie s’est accéléré. Dans un premier temps, les affrètements charters ont été re-protégés sur les vols des compagnies régulières par des prises de bloc sièges sur certaines dates pour enfin disparaître définitivement avec l’aggravation du risque sécuritaire.

Situation actuelle 

Avec l’absence de programmations aériennes propres au transport touristique, notamment pendant les périodes de forte demande comme en été, les prix des billets d’avion vers la Tunisie deviennent inadaptés au packaging touristique sous l’effet de la forte demande du trafic ethnique. Ce phénomène a fini par condamner définitivement l’hôtellerie tunisienne, la privant même de la clientèle fidèle ne craignant pas les attentats et souhaitant passer leurs vacances en Tunisie, et ce pour cause d’indisponibilité aérienne ou de prix prohibitifs. 

Suggestion pour relancer les marchés européens  

La solution serait d’encourager les tour-opérateurs français à revenir mettre en place progressivement des affrètements charter vers la Tunisie dans des conditions attractives, même s’il faut commencer dans un premier temps pour 2016 par juillet et août. L’appétit venant en mangeant, comme on dit, le démarrage avec juillet et août pourrait lever l’appréhension, la peur et ferait poursuivre les flux au-delà de l’été.

Pour exemple, avec un baril de pétrole à 60$, le prix moyen par siège en aller-retour pour l’affrètement d’un avion entre Tunis et Paris était de l’ordre de 200 à 220€, hors taxes aéroportuaires. A cela il fallait rajouter environ 52 à 54€ de taxes aéroportuaires françaises (selon les aéroports) et 12€ de taxes aéroportuaires tunisiennes (+9€ de taxes d’entrée depuis le 12 janvier 2016), soit un total de 21€ actuellement du côté tunisien.

Avec la baisse du prix du pétrole et un baril à moins de 30$, le siège hors taxes est passé à un prix entre 160 et 180€ hors taxes pour l’affrètement par exemple d’un avion de 150 sièges type A320, entre Tunis et Paris.

Pour faire revenir les tour-opérateurs du marché français, il faudrait qu’on puisse leur proposer des sièges charters, réservés au marché touristique, à 100€ hors taxes au lieu de 165€. D’autres pays comme l’Egypte le font en subventionnant le siège par une caisse dédiée à la promotion du tourisme. 

L’idée serait qu’on arrive en Tunisie à proposer le tarif de 100€ hors taxes en utilisant davantage la flotte de Tunisair et proposer le tarif de 100€ pour les vols de 3ème et 4ème slots par exemple (vols partant de Tunisie vers 19H00 et revenant vers minuit ou 1 heure du matin).

Au passage, signalons qu’actuellement le temps moyen de vol par machine chez Tunisair avoisinerait sept heures par jour. Chez Air France, qui a des contraintes d’immobilisation des appareils opérant sur les longs courriers pour attendre l’arrivée du plus grand nombre de vols moyen-courriers et ainsi remplir avec les passagers en correspondance, la moyenne d’utilisation des appareils avoisine les 12 heures par jour par appareil.

Chez Raynair, qui a une activité moyen-courrier comparable à celle de Tunisair qui ne fait que du transport de point à point, l’utilisation des appareils avoisine les 23 heures par jour par machine avec un temps de demi-tour record de moins de 40 minutes par escale.

Tunisair se doit, de toutes les manières en préparation de la concurrence qui l’attend avec les low cost, d’améliorer ses performances à commencer par la moyenne horaire d’utilisation de ses machines. Entre 23 heures par jour pour Raynair et 7 heures pour Tunisair, il y a un énorme chemin à parcours. 

L’idée est donc que Tunisair fasse ce chemin en se réconciliant avec l’activité charter et en commençant à faire voler ses machines en début de soirée ou de nuit pour le compte des tour-opérateurs au coût marginal, et ce pendant une année ou deux pour permettre au tourisme tunisien de reconquérir ses marchés européens à commencer par le marché français.

Parallèlement, les autorités tunisiennes pourraient solliciter un petit coup de pouce aux autorités françaises en leur demandant la faveur d’assimiler la Tunisie à une destination européenne en lui facturant pour ses vols charters les mêmes taxes aéroportuaires au départ des aéroports français que pour les vols en partance pour la Grèce ou l’Espagne, c’est-à-dire 30€ au lieu de 52€ à 54€, soit une réduction de 22€.

Du côté tunisien, la taxe de 20 dinars ou 9€, qui vient d’être mise en application dès le 12 janvier 2016, pourrait exonérer les vols charters pour encourager le retour du tourisme. Après avoir chassé par la porte la taxe de sortie du territoire de 30 dinars en septembre 2015, le secteur du tourisme voit cette taxe revenir par la fenêtre sur les billets d’avion dès janvier 2016 pour un montant de 20 dinars. 

Si ces réductions de taxes aussi bien françaises que tunisiennes pouvaient se faire, ceci ramènerait le total des taxes aéroportuaires de 73€ ou 75€ à 42€.

Cette réduction de taxes, conjuguée avec l’effort tunisien traduit par une amélioration de la productivité chez Tunisair, en tant que compagnie nationale, pour la production d’un siège charter vendu au coût marginal de 100€ hors taxes, donnerait un prix du billet d’avion pour les tour-opérateurs aux environs de 145€ TTC.

Avec ces conditions, nous pouvons avoir la certitude que beaucoup de tour-opérateurs reprogrammeront rapidement des vols charter vers la Tunisie sans hésitation dès cet été 2016 et nous aurons ainsi conjuré le mauvais sort qui nous frappe depuis 2011 et inversé la tendance baissière catastrophique des quatre dernières années du tourisme tunisien.

Encore une fois, avons-nous la volonté politique et humaine en Tunisie pour redresser le tourisme tunisien, notre économie et notre pays? Le redressement est l’affaire de tous les Tunisiens et nécessite des mesures exceptionnelles sans lesquelles nous continuerons à perdre du terrain.