Mais qu’arrive-t-il à la croissance chinoise ?

croissance-chinoise-afp.jpgLE SCAN ÉCO – Depuis 2010, la croissance de la Chine ne cesse de s’affaisser pour atteindre 7% au deuxième trimestre de cette année. Quelles en sont les raisons ? Quelles solutions pour relancer l’activité du pays ? Élements de réponse.

La planète éco se remet à peine de la crise grecque – qui est loin encore d’être réglée – qu’une autre prend forme en Chine. Les raisons sont bien différentes: la dette du pays n’est pas en cause mais sa croissance. De 12% en 2010, elle a chuté jusqu’à 7% au deuxième trimestre de cette année. Le chiffre le plus faible enregistré par la Chine depuis un quart de siècle. «Je suis étonné qu’on soit étonné», réagit Jean-Joseph Boillot, conseiller du club du CEPII et spécialiste de la Chine. Ce sont des phénomènes normaux de rattrapage technique».

• Pourquoi ce ralentissement économique?

Les autorités chinoises ne veulent pas entendre parler de «ralentissement» mais de «rééquilibrage». Une stratégie qui devait permettre à la Chine d’intégrer un nouveau modèle de croissance moins artificiel et plus durable. De l’avis de tous, c’est, pour l’heure, un échec. «La Banque centrale et le gouvernement chinois ont tardé à intervenir, eux qui d’ordinaire sont proactifs, explique Patrice Gautry, chef économiste d’UBP. La Banque centrale, sur les taux et le gouvernement, sur les dépenses budgétaires». Même sur la question de la dévaluation du yuan, la communication des autorités a été maladroite aux yeux de beaucoup. Cette décision est apparue comme un effort désespéré de soutenir la compétitivité du pays.

Les autorités chinoises ne peuvent plus compter sur leur moteur principal: les exportations. Alors qu’elles affichaient des hausses avoisinant les 20% par an ces dernières années, cet indicateur ne cesse de décliner. Dernier exemple en date: le recul de plus de 8% des exportations en juillet. La baisse la plus marquée depuis quatre mois. «La fin de la période faste du secteur technologique explique aussi ce ralentissement économique, poursuit Jean-Joseph Boillot. Il s’agit désormais pour les usines chinoises d’innover et non plus simplement de copier. Ce ne sont pas les mêmes rythmes de croissance». Autre explication: le retournement démographique. «C’est la fin de ce que j’appelle le «super cycle chinois», ajoute Jean-Joseph Boillot.

Relancer la consommation des ménages et l’investissement des entreprises

• Quelles solutions pour relancer la croissance?

Pour relancer la croissance de la Chine, l’idée est de doper la consommation intérieure, l’investissement des entreprises et la demande extérieure pour prendre le relais de ces exportations déclinantes et d’un secteur industriel en sévères surcapacités. Un programme qui n’est pas sans rappeler celui de la France.

Problème: ces trois moteurs sont en panne. «Les Chinois continuent d’épargner massivement (35% à 40% du PIB) parce que les études, l’immobilier et la santé coûtent cher, poursuit Jean-Joseph Boillot. Les entreprises sont en surcapacité et la contribution de la demande extérieure au PIB est négative». Conséquence: les autorités se sont finalement vues contraintes de multiplier les mesures de relance et les assouplissements monétaires via des baisses de taux d’intérêt pour stimuler l’activité.

En vain: l’activité industrielle chinoise est au plus bas depuis janvier 2009. Pour Andy Xie, économiste indépendant basé à Shanghai, la Chine devrait idéalement adopter des réductions d’impôts équivalant à 2000 milliards de yuans (274 milliards d’euros) sur plusieurs années. «Ce serait un moyen extrêmement puissant de stimuler la consommation», affirme-t-il.

• Jusqu’où peut chuter la croissance chinoise?

Le «rééquilibrage» visé par Pékin est généralement perçu comme bienvenu, mais prendra beaucoup de temps, car le ralentissement des investissements et une demande intérieure terne compliquent la donne. Le gouvernement vise une croissance de 7% cette année, mais peu d’experts y croient. «L’atterrissage de la Chine est incertain, ajoute l’économiste du CEPII. Il se fera sans doute autour de 4% à 5%. Et c’est déjà pas mal. La Chine sort d’un régime de croissance tiré par les exportations pour en intégrer un autre recentré sur la demande domestique. Mais cela ne se fait pas comme cela», poursuit Jean-Joseph Boillot. La semaine dernière, la Chine a injecté presque 100 milliards de dollars dans deux banques d’accorder des prêts et 17 milliards à la disposition de 14 institutions financières pour stimuler l’activité. «Les liquidités se sont accumulées dans l’économie virtuelle. Il faut faire plus pour l’économie réelle», conclut Patrice Gautry.

 

AFP