Cazeneuve réunit les opérateurs d’internet en quête d’un accord contre le cyberterrorisme

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érieur Bernard Cazeneuve à Lempaut le 16 avril 2015 (Photo : Rémy Gabalda)

[20/04/2015 05:36:42] Paris (AFP) Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, réunit lundi après-midi les grands opérateurs d’internet afin de parvenir à un “accord” et “une méthode d’action commune” face aux sites accusés de faire l’apologie du terrorisme.

Cette réunion qui se tient place Beauvau avec la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire, “vise, pour la première fois, à trouver une méthode d’action commune” entre les opérateurs et les services de renseignement ou de police judiciaire français, a-t-on expliqué à l’AFP dans l’entourage du ministre de l’Intérieur.

Elle “s’inscrit dans la continuité” de celle du 21 février dans la Silicon Valley, aux Etats-Unis. M. Cazeneuve avait rencontré les responsables de Google, Facebook, Apple et Twitter qu’il avait appelés à redoubler d’efforts pour bloquer les messages extrémistes.

Le gouvernement français a constaté, depuis les attentats de janvier à Paris, “un effort particulier des grands majors qui retirent plus rapidement et plus efficacement qu’auparavant les contenus” posant problème, s’était réjoui le ministre à San Francisco, à l’issue de conversations “approfondies et riches” avec des “acteurs responsables”.

A Paris, où seront aussi présents des responsables de Microsoft et de l’Association française des fournisseurs d’accès et de services internet (AFA), il s’agit, selon son entourage, “d’aller plus loin” en parvenant à un “accord opérationnel” s’agissant du “contenu des signalements”, par les services spécialisés français, et le “retrait de ceux (…) se livrant à l’apologie du terrorisme” dans un délai de 24 heures selon la réglementation.

– Cinq sites bloqués –

“Il faut être efficace et rapide” et “travailler”, avec l’AFA, “de manière plus soutenue quand une vidéo” extrémiste “se retrouve partout sur le net” en dépit souvent des retraits effectués officiellement, plaide-t-on au ministère.

Une autre partie de cet accord vise une “coopération technique” avec les opérateurs. Comme, par exemple, “revoir les modalités et formulaires des réquisitions judiciaires” qui leur sont adressées “en tenant compte de leurs spécificités”.

Un programme de formation des personnels de l’Intérieur et des opérateurs, “insistant notamment sur la notion de l’apologie du terrorisme”, est également prévu.

Le gouvernement estime que les opérateurs sont “conscients de l’ampleur du problème” et “favorables à la conclusion d’un modus operandi”.

Le débat lancé par les défenseurs de la liberté d’expression à la faveur de loi antiterroriste de novembre 2014, qui a prévu les blocages de sites internet jihadistes, est “pris en compte”, assure-t-on de source gouvernementale.

L’accès à cinq de ces sites avait été bloqué pour la première fois par le ministère de l’Intérieur le 16 mars. D’autres blocages sont intervenus depuis, ajoute-t-on.

C’était la seconde application, sur le terrain, de la loi de 2014 qui a fait l’unanimité politique: un mois auparavant, six Français qui s’apprêtaient à partir en Syrie avaient vu leurs passeports confisqués, autre mesure inscrite dans le texte.

Le gouvernement va donner, par un amendement au projet de loi sur le renseignement, des garanties aux hébergeurs de données qui avaient menacé de délocaliser leurs activités, a assuré M. Cazeneuve durant le débat parlementaire.

Les hébergeurs, réunis en urgence à Beauvau mercredi avec Mme Lemaire et le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, protestaient notamment contre la volonté du gouvernement de leur imposer un dispositif d’analyse automatique des données (un algorithme) destiné à “révéler une menace terroriste”. Une “boîte noire”, selon eux.