Radio France : la direction met sur la table un plan de 200 à 300 départs volontaires

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[24/03/2015 14:29:36] Paris (AFP) Après six jours de grève, la plus longue depuis dix ans, le climat social s’est encore tendu mardi à Radio France, avec l’annonce par la direction d’un possible plan de départs volontaires concernant 200 à 300 salariés seniors, a-t-on appris de sources syndicales.

Le PDG de Radio France Mathieu Gallet a indiqué lors d’une CCE extraordinaire qu’il travaillait sur ces mesures de départs volontaires afin d’économiser 17 à 24 millions d’euros sur la masse salariale d’ici 2019, selon les mêmes sources.

Ces informations sont “confidentielles”, s’est contentée de déclarer la direction, interrogée par l’AFP.

Cette annonce a aussitôt déclenché une vive réaction de la CGT mardi midi, avant même la fin du CCE : “C’est non”, a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.

“Nous n’avons plus confiance en vous. Il va falloir des actes forts, un projet digne des attentes du public et des salariés. Faute de cela le conflit durera”, a averti SUD dans un communiqué.

Depuis plusieurs semaines, le personnel de Radio France craignait un sévère plan d’économies et de réductions d’effectifs. Une inquiétude qui a poussé les syndicats à déclencher depuis jeudi le conflit le plus long dans le groupe public depuis une décennie, entraînant de fortes perturbations des antennes.

Pour la première fois de son histoire, Radio France est en effet lourdement déficitaire, prise en ciseau entre une baisse de la dotation de l?État et des charges -dont 60% de masse salariale- qui continuent à croître. Le budget 2015 prévoit un déficit de 21,3 millions d’euros, du jamais vu.

– ‘Droit d’alerte’ –

Il y a deux mois, Mathieu Gallet, nommé président en mai dernier, avait tiré la sonnette d’alarme en annonçant que le groupe devait trouver 50 millions d’euros d?économies sur 4 ans. Mais il n’avait pas jusqu?ici indiqué comment ces économies seraient réalisées, une incertitude qui a accru l’inquiétude du personnel .

Le PDG expliquait devoir attendre l’issue des négociations en cours avec l?État sur le nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM), qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années. Ce COM est attendu pour la mi-avril.

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ésident de Radio France Mathieu Gallet le 14 novembre 2014 à Paris (Photo : Loic Venance)

Les syndicats ont choisi de monter au créneau sans attendre, avec deux premières grèves de 24 heures les 11 février et 12 mars, puis de passer à la vitesse supérieure avec un préavis de grève illimitée déposé jeudi dernier. Chaque jour, ils décident en AG si le mouvement est ou non reconduit le lendemain.

“Nous nous sommes organisés pour que la grève dure et impacte les antennes. Ça se durcit”, avait déclaré lundi un représentant syndical.

A l’issue du CCE de mardi, les syndicats pourraient décider de déclencher un “droit d’alerte économique”, une procédure qui prévoit notamment un audit des comptes par un expert mandaté par les syndicats, selon des sources syndicales.

Malgré un faible taux de participation mis en avant par la direction – 244 grévistes lundi, selon elle – toutes les antennes sont largement paralysées. De nombreux programmes sont remplacés par des bandes musicales et lundi et mardi, la matinale de France Inter, son émission phare, a été annulée.

La semaine dernière, Mathieu Gallet a par ailleurs été affaibli par une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau -plus de 100.000 euros-, révélés par Le Canard enchaîné. Il a présenté lundi publiquement ses excuses au personnel.

Autre échéance, la publication imminente d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France ces dernières années, qui devrait pointer le dérapage des dépenses pour la rénovation de la Maison de la Radio. Entamée en 2009, celle-ci a déjà coûté plus de 350 millions d’euros.