La peur derrière la hausse des marchés boursiers, selon un Nobel d’économie

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ès de banquiers, à Acapulco, au Mexique, le 4 avril 2014 (Photo : Pedro Pardo)

[22/03/2015 17:40:27] Francfort (AFP) C’est la peur, plutôt que l’euphorie, qui conduit actuellement les marchés boursiers mondiaux à de nouveaux sommets, a affirmé dimanche le prix Nobel d’économie américain Robert Shiller, dans un entretien à un journal allemand.

Robert Shiller, professeur à l’Université de Yale, a également mis en garde sur de possibles bulles boursières et estimé que ce pourrait être le bon moment d’investir dans le pétrole, compte tenu de l’actuelle faiblesse record des prix.

“Le boom des marchés boursiers que nous connaissons actuellement n’est pas entraîné par l’euphorie”, a déclaré l’économiste au Frankfurter Allgemeine Sonntagzeitung.

“Je l’appelle le +nouveau boom normal+. C’est un boom d’investissement (…) Tous les mécanismes sont là, mais il manque la conviction”, a-t-il dit.

“Nous ne voyons pas trace d’optimisme. Ce boom est conduit par la peur”, a-t-il encore assuré.

Comme Wall Street, les Bourses européennes ont terminé la semaine dans le vert, plusieurs places battant des records vendredi, grâce au discours jugé accommodant de la Réserve fédérale américaine deux jours auparavant et à l’apaisement des craintes liées à la Grèce.

“Il n’y a pas beaucoup d’alternatives aux marchés boursiers pour le moment. Nous sommes dans une période de taux d’intérêt extrêmement bas”, a relevé Robert Shiller.

Afin de relancer l’économie moribonde en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux d’intérêt au plus bas et lancé un vaste programme de rachats de dettes publiques et privées.

Face à cet afflux de liquidités, certains critiques ont mis en garde contre le danger de bulles spéculatives, boursières ou immobilières, qui pourraient bientôt éclater.

“Je pense qu’il y a des bulles”, a déclaré l’économiste, mais selon lui les banques centrales ne sont pas à blâmer.

La BCE “n’est pas responsable des faibles taux d’intérêt”, mais plutôt le pessimisme mondial, a-t-il estimé.

A la question de savoir comment lui-même investirait son argent, l’économiste a répondu : “C’est difficile. Mais je pense que ce pourrait être le bon moment pour investir dans le pétrole”.

“Les prix sont très bas et il y a beaucoup de raisons de penser qu’ils ne vont pas le rester. C’est sur quoi j’ai parié”.

Robert Shiller a reçu le prix Nobel d’économie en 2013, avec deux autres économistes américains, pour leurs travaux sur les marchés financiers.