Japon : fin de récession au 4e trimestre, croissance nulle en 2014

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ée sur un tableau le 12 février 2015 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[16/02/2015 07:03:30] Tokyo (AFP) Le produit intérieur brut (PIB) du Japon s’est redressé au quatrième trimestre 2014, mais la croissance a été nulle l’an passé et le gouvernement va devoir agir avec l’aide de la Banque du Japon pour que le rebond ne soit pas un feu de paille, selon les analystes.

La petite embellie trimestrielle (+0,6%) constatée entre octobre et décembre, qui se faisait attendre depuis des mois, est due à une amélioration de la demande privée, mais la progression d’ensemble est inférieure aux attentes.

Le Japon se console en se disant que c’est la troisième année de “non décroissance”, puisque le PIB avait progressé de 1,8% en 2012 et de 1,6% en 2013, après avoir connu une période noire en 2011 (-0,5%) à la suite du séisme, du tsunami et de l’accident nucléaire de mars de la même année.

Reste que les résultats de 2014 et du quatrième trimestre ne sont pas glorieux puisqu’il aura fallu plus de six mois à l’archipel pour se remettre d’une augmentation de la taxe sur la consommation, passée le 1er avril de 5% à 8%. Cette hausse de trois points a démoralisé les consommateurs et plongé le pays dans une récession alors que n’était initialement redouté qu’un trimestre négatif. L’évolution entre juillet et septembre a même été une deuxième fois révisée vers le bas, à -0,6%.

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évrier 2015 à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

La prolongation de cette situation a obligé le Premier ministre Shinzo Abe à reporter de 18 mois à avril 2017 une deuxième augmentation de cet impôt indirect de peur de saboter sa politique de relance “abenomics” en laquelle la confiance a été quelque peu malmenée depuis le printemps dernier, à cause de résultats pour le moins mitigés.

Affirmant qu’elle est “le seul chemin”, M. Abe persiste néanmoins, fort de sa réélection en décembre.

– La question des salaires –

Au quatrième trimestre, les dépenses des ménages se sont élevées de 0,3%, ce qui est moins bien qu’attendu (environ +0,8% selon un panel d’économistes de l’agence Bloomberg).

“Si la consommation demeure atone, c’est que les revenus ne progressent que lentement”, estime Marcel Thieliant de Capital Economics, pointant pour la énième fois du doigt le maillon faible de l’économie nippone: le fait que, même si le taux de chômage est très bas (3,4% en décembre), les salaires dans leur ensemble ont tendance à stagner à cause d’une proportion croissante de personnes travaillant dans des conditions défavorables (temps partiel, contrat à durée déterminée).

“En dehors d’un temporaire coup de pouce de primes d’hiver, les rémunérations montent à peine et même en imaginant que les négociations salariales de printemps aboutissent à une réévaluation, il est possible que les foyers en profitent pour reconstituer leur épargne”, ce qui ne ferait pas progresser la demande intérieure, s’inquiète M. Thieliant.

Les investissements non résidentiels des entreprises sont quant à eux certes redevenus positifs (+0,1%), mais moins qu’espéré, et les dépenses publiques ainsi que les exportations ont contribué positivement, mais peu.

Si les expéditions de marchandises à l’étranger souffrent d’un ralentissement de la demande extérieure tandis que les volumes d’importation, eux, recommencent à s’élever à un rythme soutenu, le résultat est que le commerce extérieur net risque de devenir un frein à la croissance cette année, soulignent les économistes.

– La balle dans le camp Abe/BoJ –

Même si le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, a promis lundi de “s’attaquer ferme cette année aux inégalités et au problème des salaires” tout en jugeant que “l’environnement pour une conjoncture meilleure est en train de se mettre en place sur fond d’amélioration du moral des citoyens”, le gouvernement Abe et la banque centrale nippone sont placés devant le défi de ne pas laisser retomber ce début de reprise qui apparaît encore bien fragile.

Selon M. Thieliant, “la Banque du Japon devrait annoncer des dispositions supplémentaires en avril” pour soutenir la croissance en facilitant encore la circulation de liquidités, un assouplissement qualitatif et quantitatif poursuivi depuis des années déjà et fortement accentué en avril 2013 puis en octobre dernier, mais avec des effets encore jugés insuffisants.

“Ce que disent les statistiques de ce jour, c’est que la prévision de croissance de la Banque du Japon est trop optimiste”, conclut M. Thieliant, même si le pays profite de facteurs positifs comme la baisse du yen et des prix du pétrole.