Se loger dans les îles bretonnes, un casse-tête… pour les insulaires

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île de Belle-Ile-en-Mer au large du Morbihan.
(Photo : Marcel Mochet)

[30/01/2015 12:42:28] Le Palais (France) (AFP) Face au port et à l’imposante citadelle laissée par Vauban à Belle-Ile-en-Mer, une grande maison est en cours de rénovation: ses trois appartements accueilleront au printemps des familles en attente de logement social.

“Pour les insulaires, trouver un logement est compliqué. D’autant plus que le parc locatif est vieillissant”, constate Frédéric Le Gars, maire de Palais, principale commune de l’île morbihannaise, à l’origine de cette opération de rénovation. A Belle-Ile, la seule des îles du Ponant (15 îles, de la Manche à la Charente-Maritime) à connaître une démographie positive avec 5.270 habitants, 55% des foyers peuvent prétendre à un logement social.

Entre pression touristique et contraintes écologiques, se loger dans les îles est souvent un casse-tête. Si, à Palais, les résidences principales représentent 48% du parc immobilier, sur les trois autres communes de l’île, le rapport est plutôt de 70 résidences secondaires pour 30 habitations principales, relève le maire. Les logements sociaux comptent pour un peu moins de 10% sur l’île et les élus tablent largement sur la réhabilitation du patrimoine ancien pour répondre aux besoins.

“Avant même un emploi, ce qui conditionne l’installation sur l’île, c’est le logement”, assure M. Le Gars, se réjouissant que le quart de la population ait moins de 25 ans.

L’élu souligne que “la loi littorale est une contrainte majeure”, renforcée par la loi Alur qui “remet en question la possibilité de remplir les +dents creuses+” dans les 120 hameaux de l’île. Avant, “on rajoutait une maison quand les enfants grandissaient” au sein de l’habitat existant. “Désormais, les enfants se retrouvent sur le marché locatif”, dit-il.

Mais la situation est pire dans les petites îles voisines de Houat et Hoedic. “Les prix y sont en moyenne 40% plus chers qu’à Belle-Ile en raison de la vue sur mer dont bénéficient toutes les propriétés et de la rareté des biens”, observe Pierre-Arnaud Vicente, directeur d’une des principales agences immobilières de Belle-Ile.

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Houat, dans le Morbihan, le 2 septembre 2014 (Photo : Jean-Sebastien Evrard)

“La loi de l’offre et de la demande fait que les gens d’ici ne font pas le poids face à ceux de l’extérieur aux moyens nettement supérieurs”, note-t-il. Sans parler de ceux qui sont prêts à concrétiser à n’importe quel prix leur rêve d’insularité.

A Sauzon, deuxième commune de Belle-Ile, “seules une quarantaine de personnes” vivent à l’année le long des quais immortalisés par les peintres et les photographes mais dont les maisons sont désormais pour la plupart des résidences secondaires ou des locations de vacances, indique le maire, Norbert Naudin. Les habitants vivent sur la colline, au-dessus du port, où sont également concentrés les services. “On ne supporterait pas juillet et août sur 12 mois”, plaisante le maire.

– lutte au tribunal administratif –

Car à l’agence de M. Vicente, 80% des clients sont des “acheteurs de résidences secondaires qui vivent sur l’île entre deux et dix semaines par an”, dit-il, estimant à une “centaine le nombre de ventes” à l’année. Des transactions en baisse, comme les prix.

D’autres maires de communes insulaires se débattent pendant des années avec l’administration afin de pouvoir loger leurs administrés. Sur l’île de Batz (Finistère), Guy Cabioch tente depuis 20 ans de résoudre l’insoluble équation afin de loger plusieurs jeunes couples mais doit se battre au tribunal administratif contre de puissants intérêts.

Sur cette île agricole de 540 habitants, “économiquement, on s’en tire. Mais c’est ce problème du logement qui nous tue et ça nous révolte (…) Sans compter qu’en 2014, nous en avons eu pour 20.000 euros de frais d’avocat. Pour une petite commune comme nous, c’est une catastrophe!”