s (Photo : Philippe Desmazes) |
[20/11/2014 20:30:38] Paris (AFP) Le calvaire d’Areva s’est poursuivi jeudi, le groupe, qui avait pourtant tout fait cet automne pour éviter un abaissement de sa note, a vu celle-ci tomber dans la catégorie spéculative dans l’échelle de la plus influente agence de notation, conséquence de la suspension de ses objectifs financiers pour 2015 et 2016.
L’agence américaine Standard and Poor’s a abaissé jeudi d’un cran la note à long terme du géant public du nucléaire, la faisant passer de BBB- à BB+, ce qui a pour effet de reléguer le géant français du nucléaire dans la catégorie des émetteurs spéculatifs.
La note à court terme a également été abaissée d’un cran, passant de “A-3” à “B”. Ces nouvelles notes sont en outre assorties d’une perspective d’évolution négative, ce qui signifie que S&P n’exclut pas de devoir encore les abaisser à moyen terme.
L’agence d’évaluation financière a justifié cette sanction par l’annonce du groupe cette semaine “qu’il suspendait ses objectifs 2015-2016, incapable de les atteindre, sur fond de demande affaiblie (…) y compris en France, de la réalisation moins rapide de contrats, et d’une incertitude accrue sur les paiements liés au réacteur [EPR] d’Olkiluoto en Finlande”, sans oublier “un redémarrage plus tardif qu’anticipé de réacteurs nucléaires au Japon”.
Du coup, S&P anticipe désormais “des flux de trésorerie libre négatifs” en 2015-2016, loin du retour en territoire positif espéré auparavant.
Et ce, alors que le groupe avait pourtant pris des mesures en catastrophe pour éviter une dégradation de sa note, début octobre, avec une réduction des investissements de 200 millions d’euros supplémentaires en 2015-2016 et des cessions d’actifs revues à la hausse.
Cette dégradation est la conséquence logique de l’abandon par Areva, annoncé brusquement mardi, de l’objectif d’un retour cette année à un cash flow opérationnel libre “proche de l’équilibre”, alors qu’il s’agit du principal indicateur de performance du groupe.
– Gouvernance chamboulée –
Il s’est doublé de la mise au placard de l’ensemble des objectifs financiers du groupe pour les deux prochaines années.
En outre, EDF avait confirmé le même jour un nouveau report d’un an, à 2017, du démarrage du réacteur EPR de nouvelle génération en construction à Flamanville (Manche), conçu par Areva.
Au lendemain de ces mauvaises nouvelles, le cours de Bourse d’Areva avait chuté mercredi à la Bourse de Paris, dégringolant de 15,66% à 10,18 euros. Et ce jeudi, il a encore perdu 2,12% à 9,96 euros.
Cette dégradation est donc venue rallonger la liste déjà longue de revers essuyés par le groupe nucléaire qui, outre ses problèmes financiers et opérationnels, voit sa gouvernance chamboulée de fond en comble.
Après le départ pour maladie de son président Luc Oursel, remplacé temporairement par son numéro deux, Philippe Knoche, l’Etat actionnaire à 87% du groupe a décidé de débarquer le président du conseil de surveillance, Pierre Blayau, et d’appeler à la rescousse l’ex-patron du constructeur automobile Philippe Varin pour prendre la tête du groupe avec des instances remaniées.
Selon le magazine Challenges, Areva pourrait en outre annoncer prochainement un important avertissement sur résultats, avec une perte nette de plus de 1 milliard d’euros sur l’année, tandis que l’Etat envisagerait d’injecter 2 milliards d’euros dans le groupe, parallèlement à “la création d’une société de défaisance” pour regrouper les “activités ultra-déficitaires en même temps qu’imprévisibles”.
Cependant, interrogé sur ces spéculations ce jeudi à l’issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait assuré qu’il n’y avait “pour l’instant, pas de décisions” qui aille dans ce sens.
“Areva est une grande entreprise. Il y a aujourd’hui en particulier sur les EPR et sur celui de Flamanville, un retard. Tout cela est bien regardé. Mais cette entreprise aujourd’hui ne nécessite pas une décision”, avait assuré M. Le Foll.