Le Golfe peu enclin à réduire sa production pétrolière

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écembre 2004 (Photo : Bilal Qabalan)

[20/11/2014 12:47:18] Koweït (AFP) Les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, apparaissent peu disposés à accepter, à la réunion de l’Opep du 27 novembre, une réduction de leur production pétrolière sans maintien de leur part dans un marché hautement concurrentiel, estiment des analystes.

La position de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Qatar et du Koweït sera cruciale à Vienne lorsqu’il s’agira de réduire la production pour enrayer la chute des prix (-30% depuis juin).

Les quatre pays produisent 16,2 millions de barils par jour (mbj), soit 52% de la production des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), mais assurent les deux tiers des exportations du cartel.

Les membres de l’Opep se tournent vers ces pays “en espérant les voir prendre à leur charge l’essentiel de toute réduction de la production”, estime l’expert pétrolier koweïtien Kamal al-Harami.

“Mais il est peu probable qu’ils acceptent une telle réduction à moins que d’autres n’en prennent l’initiative. Ils ont besoin de l’assurance que d’autres pays de l’Opep ou des producteurs non membres de l’organisation ne viennent combler le fossé”, dit-il.

Une économie mondiale atone, la surproduction, l’augmentation de la production de pétrole de schiste et un dollar fort, combinés à une faible demande, ont fait baisser les prix à leur plus bas niveau en quatre ans.

La chute des revenus pétroliers commencent à affecter les producteurs Opep et non Opep qui fondent l’essentiel de leurs budgets sur ces rentrées d’argent.

Afin d’enrayer la chute des prix, le Venezuela a appelé à une réunion Opep/non Opep et s’est associé à l’Equateur pour demander une réduction de la production.

Jeudi, les prix étaient encore en baisse en Asie; le baril de “light sweet crude” pour livraison en décembre perdait 12 cents, à 74,46 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier abandonnait quatre cents à 78,06 dollars.

– Le Golfe “résistera” –

“La crainte de voir les non Opep augmenter la production suscite la prudence de la plupart des pays de l’Opep”, note Khaled Bodai de l’Horizon Administrative Consultations, se disant “pas optimiste sur un accord de réduction” de la production.

L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, n’a pas évoqué une telle réduction, mais a fait trembler le marché début novembre en décidant d’une baisse des prix pour préserver ses parts du marché américain.

“L’intérêt se porte actuellement sur l’Arabie saoudite, si ce pays va céder ou non aux pressions à l’Opep pour réduire la production”, indique Michael McCarthy, chef de stratégie de la CMC Markets en Australie.

“Les pays du Golfe vont résister avec force à toute demande” en ce sens, surenchérit l’économiste saoudien Abdulwahab Abu-Dahesh. “La bataille porte sur la préservation des parts de marché et réduire la production signifie la perte de ces parts”.

Les deux tiers des exportations saoudiennes vont en Asie, moins de 20% aux Etats-Unis et 10% en Europe, selon des chiffres américains. Le Koweït dirige 75% de ses exportations vers l’Asie, où les Emirats et le Qatar vendent l’essentiel de leur pétrole.

Sur les 12 derniers mois, les Etats-Unis ont porté leur production à 8,5 mbj, grâce au pétrole de schiste, et réduit de 1,2 mbj leurs importations, à 5,2 mbj.

Les exportations saoudiennes aux Etats-Unis sont passées de 1,5 mbj en juillet à moins de 900.000 bj en août, mais Ryad reste le deuxième fournisseur de ce pays après le Canada, selon l’Agence internationale de l’énergie.

“Les pays du Golfe ont plus d’intérêt à batailler pour les parts de marché et à refuser la réduction de la production. Cela poussera les prix à la baisse, mais éliminera ceux qui produisent à des coûts importants”, souligne M. Abu-Dahesh.

Mohammed Suroor al-Sabban, ex-conseiller du ministre saoudien du Pétrole, a dit s’attendre à une reconduction de la production de l’Opep.

L’Opep produit un peu moins de 31 mbj, soit un mbj de plus que son plafond. Selon des analystes, une réduction de 1 à 1,5 mbj pourrait enrayer la chute des prix sans inverser la tendance.