Tunisie – Elections 2014 : Vivement une thérapie de groupe!

election_tunisie-2014.gifSoyons
indulgents envers les Tunisiens et la Tunisie! Envers nous-mêmes parce que ce
spectacle inouï est une facette de notre personnalité et du moment historique
que nous vivons. Celui qui a soif, comme nous depuis 60 ans, a tendance, dès
qu’il voit l’eau, à non seulement tout boire mais aussi à sauter dedans!

Alors, plus de 70 candidats à la présidentielle et 1.300 listes pour les 217
sièges de députés de la future Assemblée du peuple, ce sont les expressions de
cette liberté retrouvée et les maladresses du néophyte qui en fait un peu plus
pour démontrer, gauchement, sa bonne volonté.

Cependant, nous en faisons trop quand même! Les avis sont bien sûr partagés sur
ce phénomène, et les intellectuels ne manquent pas de stigmatiser cette
situation. Il y a ceux qui, comme Mohamed Haddad, politologue et professeur des
religions comparées à l’Université de Tunis, qui accuse l’ISIE de cette
situation.

Il a écrit dans un post sur sa page Facebook: «L’ISIE est responsable de cette
mascarade de candidatures fantoches. L’ISIE n’aurait pas dû accepter des
dossiers incomplets. Pour être recruté comme simple agent à l’administration, le
candidat doit impérativement déposer un dossier complet, pour la candidature à
la présidence, on a accepté tous les dossiers. Cela ne manquera pas de
ridiculiser le poste de président et ridiculiser la notion de l’Etat! Je me suis
renseigné pour savoir la raison: l’ISIE pensait ainsi éviter les recours auprès
des tribunaux. J’espère que l’ISIE se rattrapera en expliquant clairement au
peuple qu’il ne s’agissait que de dépôt de candidatures et non de candidatures.
Cependant, le mal est fait, car je vois déjà les plus malins prétendre plus tard
qu’ils ont été éliminés par l’ISIE et pas par le peuple».

D’autres analysent le phénomène à l’aune des stratagèmes politiques de certains
partis, particulièrement Ennahdha, qu’ils soupçonnent de tout faire pour
éloigner les débats des législatives sur son bilan de 2 ans de Troïka au
pouvoir. D’autres encore considèrent qu’une grande «cabbale» a été mise en place
par plusieurs parties pour multiplier les candidatures rien que pour
contrecarrer Béji Caïd Essebsi.

Les réseaux sociaux, particulièrement l’agora des Tunisiens, Facebook, bruissent
d’une multitude de commentaires…

Gardons l’espoir maintenant que l’opération du vote, le 26 octobre, expression
unique et ultime de notre liberté, nous permettra de nous ressaisir.

Des remarques essentielles sont quand même à souligner dans cette course à la
candidature qui n’a épargné que peu de personnes et des partis politiques.

D’abord, le texte de la loi électorale est mal écrit. L’avis des spécialistes en
la matière et un peu de recherches très simples nous auraient évité bien des
désagréments! A moins que certains à l’ANC aient laissé courir ce texte pour
d’autres raisons!

Notre conscience politique «nationale» est en train de se «faire», et ainsi une
pédagogie démocratique nous est absolument nécessaire. Le spectacle de la
présidentielle en est un exemple très frappant de nos divers «maux» -et ils sont
légion! Vivement la thérapie!