GRH : Dix techniques pour lutter contre la procrastination au travail

Par : Tallel


procrastination.jpgVous
avez une sérieuse tendance à reporter les tâches qui vous embêtent? Si, comme 20
à 30% de vos contemporains, vous êtes sujet à la procrastination, attention à ne
pas trop en mettre de côté pour votre retour de vacances. Dix techniques à
combiner pour changer de comportement.

Vous n’avez pas envie de contacter tel prospect, et encore moins de remplir ces
satanées notes de frais. Bientôt, vous allez être obligé d’agir, dans le stress,
comme d’habitude… “La procrastination n’est pas une affaire de mauvaise
gestion du temps”, affirme Bruno Koeltz, médecin et thérapeute
comportementaliste, auteur de ʺComment ne pas tout remettre au lendemainʺ (Odile
Jacob, 2006). “L’individu ne reporte pas parce qu’il a dix choses à faire en
même temps, ou parce qu’il ne choisit pas les bonnes priorités. Il procrastine
pour faire autre chose, de plus plaisant, de plus facile, afin d’éviter la tâche
qui lui pèse et qu’il avait pourtant décidé d’accomplir“.

Faut-il dans ce cas essayer de planifier? Pas vraiment. “Donner un agenda à un
procrastinateur, c’est comme demander à un déprimé de sourire”, estime le
chercheur américain Joseph Ferrari. Et lui demander de faire des ‘to do list’ ne
sert à rien. Il trouvera toujours le moyen de s’y dérober. Pour en sortir, mieux
vaut donc agir sur d’autres leviers, simples mais efficaces.

1. Écouter ses petites voix. Vous n’êtes pas dupe. Au moment de reporter une
tâche, un signal se déclenche en vous, vous informant que vous êtes en train de
dériver. Il peut s’agir de petites voix intérieures permissives, qui vous
absolvent de tout retard (“Il faut que ça mûrisse”), ou anxiogènes (“Tu ne vas
pas y arriver”). Parfois, c’est une sensation physique, un sentiment familier,
l’ennui. “Il faut être attentif à ces clignotants, insiste Bruno Koeltz, parce
que c’est à chaque fois l’occasion de récupérer le coup, de se mobiliser enfin
sur ce qui est repoussé indéfiniment.”

2. Évaluer son intérêt à faire maintenant. Il s’agit de passer de l’idée de
“devoir faire” à l’idée de “l’intérêt de faire”. Car procrastiner ne procure pas
que du bien-être à court terme. “Différer a un coût en termes d’énergies
mentale, psychique, financière, relationnelle et matérielle”, résume Xavier
Cornette de Saint-Cyr, coach chez Hexalto. Repoussez sans cesse une corvée
administrative, une décision à prendre, et vous traînerez cela comme un boulet.
Risque supplémentaire, votre entourage vous jugera inopérant. Tardez à rédiger
un rapport pour votre boss, vous risquerez un avertissement. Dressez un bilan
avantages/inconvénients. Ensuite vous déciderez!

3. Oser des plans de cinq minutes. Les mails qui s’accumulent, c’est l’Everest à
gravir. Oubliez la monstruosité de la tâche. Engagez-vous à traiter l’affaire
pour cinq minutes seulement. À vous de voir ensuite si vous avez envie
d’enchaîner sur un autre plan. Et de cinq minutes en cinq minutes, en continu ou
en discontinu, vous avancerez. La technique, préconisée par Bruno Koeltz, est
habile et diablement efficace. Elle permet de contenir la frustration -vous
faites quelque chose de désagréable mais pas longtemps- et rehausse l’estime de
soi, puisque vous parvenez à accomplir une tâche rébarbative ou jugée difficile.
“En outre, on se met dedans, ça marche bien, du coup on y trouve du plaisir”,
ajoute le thérapeute.

4. Fractionner les tâches. C’est la méthode du salami, préconisée par les
coaches. Vous découpez l’activité en tranches, afin de la rendre plus
comestible. Attention à lui donner un début et une fin bien identifiés. Vous
devez faire un rapport? Décomposez le travail à effectuer: créer un fichier,
faire un sommaire, vérifier des points, relire… Vous n’avez qu’une heure
devant vous? Vous pourrez réaliser l’une de ces sous-tâches.

5. Trouver des starters. “Observez un rituel de commencement, conseille
Jean-Bernard Gouteix, coach formateur chez Pilotis. À l’instar du joueur de golf
qui prépare ses gestes avant de taper dans la balle. “Vous trouverez le vôtre.
Ce peut être un automatisme, comme aller chercher un verre d’eau. Ou encore des
préliminaires indispensables, dits aussi “tâches d’amorçage”, plus simples,
comme aller chercher une doc. Vous calez à réaliser le point mensuel? Prenez
celui du mois précédent. Balayez ce qui n’est plus d’actualité, les chiffres,
les dates, puis réactualisez-les. Vous poursuivrez d’autant plus aisément sur le
travail de réflexion, plus ardu et au cœur du sujet.

7. Résister aux distractions. Juste avant de bûcher un dossier, vous démarrez
votre ordinateur. Or vous savez qu’une fois sur Internet, vous surfez avec
frénésie. “Autodisciplinez-vous grâce à des signaux d’alerte que vous aurez
conçus vous-même, qui vous rappelleront à l’ordre”, recommande Bruno Koeltz. Un
gros adhésif rouge sur la souris de votre PC fera l’affaire. “Associez à ces
symboles de procrastination des slogans qui vous aideront à interrompre le
processus”, poursuit le praticien. Dites-vous: “Un petit bout, vaut mieux qu’un
grand rien du tout” ou “Après l’effort, le réconfort!”

8. Se débarrasser des “encombrants”. “La méthode ne marche pas avec tout le
monde, mais ça vaut le coup de la tenter. Attaquez-vous d’abord à ce qui vous
déplaît et vous encombre la tête. Vous prendrez d’autant plus de plaisir à
réaliser ensuite ce que vous aimez”, souligne Jean-Bernard Gouteix, chez
Pilotis. Autrement dit, gardez le meilleur pour la fin.

9. Prendre un tiers à témoin. Le procrastinateur qui travaille en équipe se
corrige souvent tout seul de son travers, observent les coaches. Parce qu’il y a
une émulation. En outre, si vous vous engagez envers un collègue à faire tel
travail sur tel dossier, vous jouez votre crédit. Communiquez vos objectifs à un
tiers et demandez-lui qu’il vous rappelle à l’ordre sur telle démarche rebutante
que vous aurez programmée.

10. Se féliciter. “Le plaisir doit être une conséquence, pas un moteur, alerte
Xavier Cornette de Saint-Cyr, chez Hexalto. Et on peut être content de soi après
avoir accompli une tâche embêtante. “Même s’il s’agit d’un plan de cinq minutes.
C’est déjà une petite victoire. Alors, entre deux corvées, accordez-vous un
café, un papotage ou toute activité agréable, et vous repartirez de plus belle.


Marie-Madeleine Sève

Source : lexpress.fr