Tunisie – Transport : «Plus de caméras de surveillance et moins de voitures abandonnées dans les ports»


port_rades-tunisie_transport.gifPermettre
de satisfaire aux besoins en transport des personnes et des collectivités en
toute sécurité, avec le moins de frais possible, et assainir un secteur
stratégique qui souffre depuis nombre d’années de défaillances et dont le triste
destin l’a mis aux mains d’Abdelkrim El Harouni, ce n’est pas une tâche facile.
Chiheb Ben Hmed s’y attelle tout de même.

Le secteur du transport revêt un aspect sécuritaire des plus importants car
c’est à travers les ports, aéroports et frontières terrestres que l’on peut
sécuriser un pays ou l’infiltrer par des produits illicites, telles les drogues,
les armes, les marchandises issues de la contrebande et du commerce parallèle ou
encore les valises de devises dont on a beaucoup parlé ces dernières années mais
qui n’ont fait l’objet d’aucun procès!

Après la pluie, le beau temps? Ce n’est pas sûr aujourd’hui dans une Tunisie
minée par trois ans de mauvaise gouvernance, d’infiltrations tous azimuts et de
destruction calculée et étudiée de son économie. Car, qui ne sait pas que le
grand banditisme nourrit les terroristes et les extrémistes et que ces derniers
s’en servent pour financer leurs sombres desseins? Les frontières ouest du pays
sont presque un Etat dans l’Etat avec des activités économiques nourries
uniquement par la contrebande. Les frontières sont mal gardées et tous les
efforts pour désenclaver ces régions et les intégrer dans un circuit économique
formel et officiel ont failli à ce jour.

La logistique coûte à la Tunisie 20% de son PIB. La sécuriser et la gérer
correctement reviendrait à limiter les coûts et profiter des centaines de
millions de dinars de perdus pour améliorer les infrastructures et se munir
d’équipements plus performants. A titre d’exemple, les ports, dont la gestion
revêt une importance accrue.


La logistique coûte à la Tunisie 20% de son PIB

La restructuration de la STAM (Société tunisienne d’acconage et de manutention),
qui a vu ses effectifs s’accroître et sa masse salariale atteindre presque 63%
de ses dépenses, est devenue indispensable. Conséquence, de bénéficiaire, elle
est devenue déficitaire. L’entreprise souffre d’un manque de performances
surprenant au vu de ses effectifs, bien que de 2 containers par heure, nous en
sommes aujourd’hui à l’acconage de plus de 10 containers par heure. «Nous sommes
conscients que cela reste très limité en comparaison avec les réalisations des
autres ports dont celui de Sfax où c’est 18 containers par heure. Les raisons
sont nombreuses. Au-delà de l’importance du trafic dans ce port, il y a aussi
les mauvais choix faits depuis des années, qui cumulent le trafic du roulant et
celui des containers. C’est l’une des raisons qui font que le débardage des
marchandises reste assez lent. Nous avons mis en place un plan de
restructuration pour y remédier», explique le ministre du Transport qui
ambitionne de rétablir les équilibres financiers de la STAM d’ici la fin de
l’année.

Les imprévus, y compris climatiques, peuvent causer un taux très élevé
d’immobilisation du matériel…


Le problème des équipements vétustes se posent avec acuité. Le parc est très
hétérogène et les grues utilisées pour le débarquement des marchandises
s’arrêtent automatiquement au moindre mouvement de vent par mesure de sécurité.
«Les imprévus, y compris climatiques, peuvent causer un taux très élevé
d’immobilisation du matériel. C’est ce qui explique que nous prévoyions de créer
une STAM bis, spécialisée dans l’acconage des containers, laissant à la première
le soin d’assurer le débarquement de tout ce qui est roulant. Ceci nous
permettra de décongestionner le port et d’éviter que les bateaux restent trop en
rade pénalisant les opérateurs privés et coûtant plus cher à l’Etat». Pour cela,
le port sera doté de deux terminaux et de trois quais supplémentaires: le 7/8 et
9.

Nous prévoyons de créer une STAM bis, spécialisée dans l’acconage des
containers…

Désormais, on usera des systèmes robotisés pour de meilleures réalisations.
Mieux encore, le ministère prévoit une zone logistique de 50 hectares qui
pourrait être réalisée grâce au partenariat public/privé et la recapitalisation
des entreprises publiques en difficulté récupérables pour les sauver de
faillites certaines.

Pour faciliter l’identification des containers par les opérateurs privés et
limiter la corruption et l’abus de pouvoir au sein des ports, le ministère a
décidé de mettre en place un plan de circulation à l’intérieur de Radès et de se
doter à partir de 2015 du système TOS pour la localisation des containers. Les
opérateurs pourront ainsi identifier rapidement leurs containers grâce à un code
informatisé.

Pour faciliter l’identification des containers… et limiter la corruption
et l’abus de pouvoir au sein des ports, le ministère a décidé de mettre en place
un plan de circulation à l’intérieur de Radès…

Décision a été également prise de détruire les hangars abandonnés dans tous les
ports qui occupent de la place et peuvent offrir des cachettes aux
contrebandiers.

L’assainissement des ports comprendra l’évacuation ou la destruction de
containers au nombre de 156 abandonnés depuis des mois voire des années et
abritant des produits périssables ou non périssables. Sachant que dans ce port,
il y a 1.200 containers délaissés par leurs propriétaires. Une fois le port
libéré de leur présence, il gagnera en espace et en visibilité.

Toujours en partenariat avec les services de douanes, il a été décidé de
renforcer la surveillance et le contrôle dans tous les ports et de les munir de
caméras de surveillance.

Au port de La Goulette et toujours avec les services de douanes, des mesures ont
été prises pour évacuer 520 voitures sans papiers. Celles qui verront leurs
papiers apparaître miraculeusement pourraient être vendues aux enchères, les
autres iront à la casse.

“520 voitures sans papiers seront évacuées du port de La Goulette…

L’héritage n’est pas facile mais la volonté de mettre fin à des pratiques datant
de décennies et amplifiées ces trois dernières années est encore plus forte.

«Je crois en notre pays, en ce gouvernement et en notre capacité à faire pour le
mieux pendant le temps qui nous reste. Nous ne planifions pas nos actions pour
aujourd’hui mais pour les mois et années à venir. Toutefois, nous assurerons et
nous assumerons toutes les décisions que nous prendrons en faveur de
l’amélioration de la situation non seulement des ports mais du secteur du
transport dans notre pays. La continuité de l’Etat fera le reste. Après tous, si
nos décisions servent les intérêts du pays, pourquoi ne seraient-elles pas
adoptées par ceux qui nous succèderont au gouvernement».